Real-Atlético : l'entêté contre l'endetté

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avec Reuters , modifié à
LIGUE DES CHAMPIONS - Les deux clubs de Madrid, bien différents, s'affrontent en finale, samedi.

Avant le feu d'artifice de la Coupe du monde au Brésil, du 12 juin au 13 juillet prochain, la saison européenne de football se clôt samedi soir avec la finale de la Ligue des champions, à Lisbonne. Ou plutôt devrions-nous dire la saison espagnole, et même madrilène, puisque le dernier match de la plus prestigieuse compétition européenne oppose les deux grands clubs de la capitale ibérique. Mais le Real Madrid, élu meilleur club du XXe siècle, et l'Atlético Madrid, sacré champion d'Espagne le week-end dernier, n'aborde pas la finale de la même façon.

Ronaldo face au Bayern (930x620)

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La quête obsessionnelle de la "décima". L'histoire est taquine. Une semaine avant de défier le Real Madrid en finale de la Ligue des champions, l'Atlético Madrid a décroché face au FC Barcelone son dixième titre de champion d'Espagne, une fameuse "décima" (qui signifie dixième en espagnol, ndlr). La "décima", le Real en rêve, non pas sur le plan national (les "Merengue" en sont à 32 titres de champion, ndlr), mais sur le plan européen. Son neuvième et dernier titre, le club madrilène l'a décroché en 2002, face au Bayer Leverkusen, avec notamment un but en reprise de volée de Zinédine Zidane resté dans la légende.

Cette fois, l'ancien meneur de jeu des Bleus sera sur le banc de touche, aux côtés de Carlo Ancelotti, pour son dernier match en tant qu'entraîneur d'adjoint. Les supporters du Real espèrent que le Français va une fois de plus endosser le rôle du talisman.

Une de As du 23.05 (930x1240)

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Après plusieurs échecs aux portes de la finale, le Real a réussi cette saison à forcer le verrou en venant à bout facilement du champion d'Europe sortant, le Bayern Munich (1-0, 4-0). Pour sa première année sur le banc des "Merengue", Ancelotti rêve d'apporter au club le plus titré de l'histoire européen un dixième trophée, quête dans laquelle tous ses prédécesseurs, dont Fabio Capello ou José Mourinho, ont échoué. "Nous avons l'immense opportunité d'entrer dans l'histoire du club. Nous allons employer toute notre énergie pour y parvenir. La première chose à faire, c'est être serein", a considéré l'ancien entraîneur du PSG, vainqueur de l'épreuve à deux reprises en tant que joueur (1989 et 90) puis en tant qu'entraîneur (2003 et 2007) avec l'AC Milan.

Depuis leur brillante qualification pour la finale, les joueurs du Real semblent obsédés par ce titre européen. La presse pro-Real, elle, l'est assurément. Vendredi, à 48 heures de la finale, ce n'est ni Cristiano Ronaldo ni Karim Benzema qui s'invitent à la Une du quotidien sportif AS, mais Gento, six fois vainqueur de l'épreuve avec les "Merengue" entre 1956 et 1966. Et l'ancien coéquipier d'Alfredo di Stefano de révéler : "j'en rêve comme à l'époque où je jouais".

Mairie de Madrid (930x465)

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Bus de l'Atlético Madrid (930x620)

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Saison miracle, saison mirage ? Personne n'attendait l'Atlético aussi haut cette saison. Les "Colchoneros" de Diego Simeone ont en effet résisté au Real et au Barça pour remporter la Liga mais ont aussi brillé en Ligue des champions en sortant notamment le Barça et Chelsea. Mais derrière la performance sportive, exceptionnelle, la réalité financière est moins reluisante. L'Atlético est l'un des clubs les plus en difficulté d'Europe sur le plan financier, avec 543 millions d'euros de dettes à l'issue de la saison 2012-13. Certes, le bilan du Real n'est guère plus reluisant (541 millions de dettes), mais la "Maison blanche", club le plus riche au monde, peut s'appuyer sur un potentiel de recettes bien supérieur, notamment en termes de merchandising et de droits télévisés.

"Ce qui n'est pas viable sur le long terme (pour l'Atlético), c'est de rester en course pour des sacres en Liga et en Europe, aux côtés de clubs qui gagnent deux fois plus d'argent qu'eux", estime Angele Bajaras, professeur d'économie et de comptabilité à l'université de Vigo. En réalité, selon l'étude du cabinet Deloitte, l'Atlético bénéficie de revenus annuels quatre à cinq fois inférieurs à ceux du Real Madrid...

Diego Simeone, 930

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La décision du gouvernement espagnol d'accorder à l'Atlético un délai pour régler 100 millions d'arriérés d'impôts lui a facilité la tâche. Mais les dirigeants ont également pris le taureau par les cornes en vendant ces dernières années plusieurs de ses joueurs majeurs, notamment en Angleterre : Fernando Torres (Liverpool puis Chelsea), David de Gea (Manchester United) ou "Kun" Agüero (Manchester City). L'an dernier, l'Atlético s'était également séparé de Radamel Falcao (Monaco), acteur majeur de sa victoire en Ligue Europa. En plus de ces transferts très rémunérateurs, "l'Atléti", en quête de son premier titre en C1, a également signé un contrat de partenariat avec l'Azerbaïdjan (comme Lens), qui fait sa publicité d'Etat sur le maillot. Le club prévoit également de construire un nouveau stade, générateur de revenus. Mais, en cas d'offres spectaculaires, l'Atlético devrait vendre son attaquant vedette Diego Costa, lors du prochain mercato estival. Cela pourrait lui permettre de revenir un peu plus dans les clous au niveau financier, mais aussi sans doute de rentrer dans le rang au niveau sportif. A moins que le miracle rouge et blanc ne se prolonge encore d'un an...

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