Pourquoi les supporters de l’OL sont interdits de derby

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RIVALITÉ - Les supporters de Lyon ne pourront pas assister au derby face à Saint-Etienne, dimanche.

Si vous êtes au stade Geoffroy-Guichard dimanche soir (21h) pour le derby, ne perdez pas de temps à chercher les supporters lyonnais. Interdits de déplacement, les fans de l’OL regarderont le match à la télé. Un arrêté du ministre de l’Intérieur et un arrêté préfectoral de la Loire limitent l’accès aux abords du stade "à toute personne se prévalant de la qualité de supporteurs de l'OL". Les intrépides qui se risqueront à braver cette interdiction risquent jusqu’à six mois de prison et 30.000 euros d’amende. Mais pourquoi en est-on arrivé là ?

Vrais incidents ou raisons fallacieuses ?

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Le 16 avril 2013, au lendemain du match de Coupe de France entre Saint-Etienne et Lorient,  des membres du virage Sud lyonnais tendent un piège aux leaders des Magics Fans, un groupe de supporters stéphanois, et parviennent à dérober leur bâche (banderole avec l’inscription du nom du groupe). Un butin de guerre et un sacré pied-de-nez qui aurait mis le feu aux poudres entre les deux clubs. "Depuis cet incident, les relations se sont clairement dégradées", affirme Antoine Boutonnet, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, interrogé par Europe1.fr, qui cite "des faits de violence particulièrement graves entre groupes de supporters depuis". Et d’ajouter : "sur les déplacements encadrés à Gerland comme à Geoffroy-Guichard lors des trois dernières saisons, on dénombre également un certain nombre de débordements, comme une rixe de supporters lyonnais aux abords du stade, une tentative de poussée de supporters stéphanois pour rentrer dans la tribune visiteurs,…"

"La rivalité Lyon-Saint-Etienne ne date pas d’hier et il n’y a jamais eu d’incidents majeurs", rétorque Flo, porte-parole de Lyon 1950, un groupe de supporters du virage sud. Et d’en rajouter une couche : "notre seule fait d’arme, c’est de supporter l’OL au quotidien. On nous prive du déplacement le plus important de l’année alors qu’on a rien fait. C’est totalement injuste". Pour lutter contre cette mesure d’interdiction de déplacement, le kop Lyon 1950 organisera une manifestation, dimanche à 14h, au départ de la place Bellecour.

"Des mesures liberticides et disproportionnées"

Même son de cloche dans le virage nord, considéré par tous comme plus "familial". "C‘est une majorité de supporters et de fans de l’OL qui trinque pour des exactions d’une minorité", déplore Yoahn Silvestri, porte-parole du Kop Virage Nord. Exaspérés par cet arrêté préfectoral, les supporters des Bad Gones (virage nord) ont même intenté un recours devant le tribunal administratif. En vain. "Ces mesures sont liberticides puisqu’elles sanctionnent des personnes qui n’ont rien à se reprocher", estime Me Hervé Banbanaste, l’avocat des Bad Gones depuis plusieurs années.

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Non seulement les supporters lyonnais trouvent cette interdiction "disproportionnée" mais ils craignent aussi un effet "boomerang".  "Les autorités prennent le risque qu’il y ait des personnes déterminées qui se retrouvent dans les tribunes stéphanoises", pense Flo, capo de Lyon 1950. "Et là, ça pourrait devenir dangereux et difficilement gérable par les forces de l’ordre".

"On veut aseptiser les stades"

Le président de l’OL, Jean-Michel Aulas en personne, s’est, lui aussi, indigné contre cette décision. "On est en plein délit de sale gueule", s’est insurgé JMA qui s’est même porté garant de l’intégrité de ses supporters. "Je m’engage auprès du ministère à emmener à Geoffroy-Guichard des supporters reconnus par le club, proposant de donner les coordonnées des gens concernés par le déplacement". Une proposition qui n’a rien changé.

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Au-delà de cette mesure d’interdiction, certains supporters craignent que cet arrêté préfectoral fasse "jurisprudence". "On veut clairement aseptiser les stades en France", estime Yoahn Silvestri, porte-parole du Kop Virage Nord. "J’ai très peur qu’on nous sorte un arrêté d’interdiction de déplacements de supporters pour tout et n’importe quoi à l’avenir". A ces craintes et à cette exaspération généralisée, le chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, Antoine Boutonnet, répond par la fermeté. "On continuera à prendre de telles mesures tant qu’il existera un réel risque de violence dans les stades. Les valeurs du sport doivent l’emporter sur celles de la violence".