Lens-Istres, un vent de polémique

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avec Pascal Normand , modifié à
FOOT - Le montant des paris sur le succès de Lens était près de sept fois supérieur à la moyenne.

Le match Lens-Istres (1-0), comptant pour la 37e journée de Ligue 2, vendredi dernier, n'avait pas vocation à alimenter la chronique footballistique cette semaine. A peine a-t-il entériné le maintien des Sang et Or, qui aurait été assuré même en cas de match nul. Mais voilà, quelques heures avant la rencontre, la Française des Jeux a décidé d'interrompre les paris sur ce match après des mouvements suspects.

Mardi, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris, contacté par l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) pour un montant anormal de paris : "montant global, montant unitaire, répartition quasi exclusive sur Lens, concentration géographique inhabituelle". A la mi-journée, la Française des Jeux avait noté 140.000 euros de paris sur son site, contre 175.000 euros sur l'ensemble des neuf autres rencontres de Ligue 2. A quelques heures du coup d'envoi, les paris avaient été annulés sur ce Lens-Istres.

"Le système des paris enregistrés en France est d'une transparence totale, ce qui permet justement d'émettre ce type d'alerte", explique au micro d'Europe 1 le président de l'Arjel, Jean-François Vilotte. "Une enquête est ouverte, ça ne veut pas dire qu'elle va se conclure sur quelque anomalie que ce soit." L'an dernier, Tours-Grenoble (2-2), toujours en Ligue 2, avait fait l'objet d'une enquête, tout comme le match de Ligue des champions entre le Dinamo Zagreb et Lyon, en décembre (1-7), ou encore le 32e de finale de la Coupe de France entre Bastia et Sochaux (4-1). Aucune irrégularité n'avait été constatée. Et, à la différence de ce Lens-Istres, la justice n'avait pas été saisie.

Martel : "ça m'est passé au-dessus de la tête"

Pour les acteurs de la rencontre, il ne fait aucun doute que le match n'a donné lieu à aucune irrégularité. "Il faut poser la question aux 23.000 personnes qui étaient au stade", s'est irrité Gervais Martel, mercredi, au micro d'Europe 1. "Moi-même, j'ai fini à trois de tension. Il y a eu une dernière action où le ballon a été détourné sur la barre. Sur ce match-là, on a été mauvais. On l'a gagné par miracle. Je peux vous dire que si ce match avait été truqué, ce ne se serait pas passé comme ça."

Le discours est peu ou prou le même du côté istréen, dont le président, Francis Collado, a été le directeur administratif et financier du RC Lens entre 1997 et 2008. "Je suis franchement très étonné de l'ouverture de cette enquête préliminaire", a-t-il déclaré mardi.  "Je ne sais pas s'il y a eu des paris douteux. Franchement, ça ne me touche pas. Je ne me sens pas incriminé du tout, ni le club." Dans les deux camps, on ne se dit donc pas concerné par cette enquête. "Ça m'est passé au-dessus de la tête", souligne Martel. "Ça a fait beaucoup de remue-ménages. (...) Ce match-là, on l'a gagné avec beaucoup de chance. Maintenant, on travaille sur la préparation de la saison prochaine."

Les enquêteurs, qui ont la possibilité d'entendre les deux présidents, vont désormais chercher à savoir s'il existe un lien entre les paris suspects et l'entourage des clubs. Le défenseur istréen Eric Chelle, arrivé l'été dernier de Lens et qui a perdu le ballon sur le seul but de la rencontre, se défend dans les colonnes du quotidien L'Equipe. "Je n'ai rien à me reprocher", déclare-t-il. "S'ils pensent qu'il y a eu de la corruption parce que j'ai des amis à Lens et que je les ai parfois au téléphone, eh bien, qu'ils cherchent bien, ils vont avoir du boulot !".