Le fair-play financier sur les rails

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et Simon Ruben , modifié à
FOOT - La grande mesure de Michel Platini va entrer en action à partir de cette saison.

Alors que le tirage au sort de la phase de poules de la Ligue des champions doit avoir lieu jeudi, à Monaco, cette nouvelle saison européenne est marquée par l'entrée en action du fair-play financier. Adoptée en 2009 par le comité exécutif de l'UEFA, cette mesure entend empêcher la victoire "à crédit" en obligeant les clubs à gagner plus qu'ils ne dépensent sur une période donnée. Pour établir si un club respecte ou non ce principe, l'UEFA va se pencher sur les comptes des clubs portant sur les saisons 2011-12 et 2012-13.

Concrètement : les dépenses des clubs inhérentes à son bon fonctionnement (salaires, communication, etc.) ne devront pas dépasser les recettes de plus de 5 millions d'euros. Pour les clubs qui ne respecteraient pas ce bilan comptable (qui sera ensuite calculé sur trois ans), l'échantillon de sanctions que l'UEFA pourra prononcer à partir de la saison 2014-15 ira de l'amende jusqu'à l'exclusion pure et simple de toute compétition européenne.

Vers des contrats de sponsoring records

Cavani avec Nasser Al-Khelaïfi (930x620)

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Les calculs de la commission indépendante chargée d'éplucher les dossiers des clubs ayant un aspect rétroactif, les clubs ont bien évidemment anticipé l'entrée en action du fair-play financier. "Aujourd'hui, dans un certain nombre de clubs, comme Marseille ou Lyon, la baisse de la masse salariale est tout à fait significative et peut atteindre jusqu'à 20%", précise sur Europe 1 Philippe Diallo, directeur général de l'Union des clubs professionnels de football. Mais il y a une alternative à cette cure financière : la signature de contrats de sponsoring XXL.

"Les mécènes ne vont plus mécener mais vont devenir des sponsors", prédit le responsable sport du "think tank" Terra Nova, Arnaud Franquart. "On va donc avoir des contrats de sponsoring qui vont littéralement exploser. Le PSG a déjà annoncé des choses de ce côté-là." En effet, le club de la capitale a signé un partenariat avec la Qatar Tourism Authority, valorisé à hauteur de 200 millions d'euros par an. De fait, le Qatar est à la fois débiteur et créditeur du PSG. "C'est un contrat nouveau, dans la lignée des innovations que le sponsoring sportif a toujours connues, comme quand le CIO (comité international olympique) a mis en place un système de partenaires mondiaux très fructueux", expliquait le 27 juillet dernier le directeur général du PSG, Jean-Claude Blanc, dans les colonnes du quotidien L'Equipe.

Le risque : figer la hiérarchie

Toujours en lien avec le Qatar, le Barça a annoncé de son côté mardi les détails de son contrat avec Qatar Airways, dont la présence en tant que sponsor principal sur le maillot va rapporter près de 100 millions sur trois ans au club catalan. C'est la première fois qu'une entreprise va prendre place sur le maillot blaugrana. PSG, Barça, les clubs semblent plutôt bien s’accommoder de la nouvelle mesure phare de l'UEFA...

"Les effets pervers du fair-play financier, c'est potentiellement de figer les positions de la hiérarchie sportive", souligne Vincent Chaudel, économiste du sport. "Des clubs comme Liverpool, Lyon ou Marseille sont ainsi amenés à revoir leur politique sportive à la baisse pour ne pas aller au-delà d'un point d'équilibre. La question est donc de savoir si le fair-play financier ne va pas constituer une nouvelle barrière à l'entrée de nouveaux clubs dans la cour des grands." A peine entré en jeu et déjà bousculé, le fair-play financier sait qu'il n'aura pas la partie facile...

>> Michel Platini, président de l'UEFA, évoquera le fair-play financier et bien d'autres thèmes au micro de Nicolas Poincaré sur Europe 1, mercredi, entre 19h et 20h.