La génération 1987 dans le viseur

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
FOOT - Nasri, Ben Arfa et Menez seront jugés par le conseil de discipline de FFF.

Pétris de talent mais ingérables. C'est l'image véhiculée par la fameuse génération 1987, représentée à l'Euro par Karim Benzema, Hatem Ben Arfa, Samir Nasri et Jérémy Menez. Excepté le premier, les trois autres ont fait parler d'eux de manière négative durant le séjour polono-ukrainien. Une compétition où on les attendait décisifs, pour leur première grande compétition internationale ensemble.

Ils devront d'ailleurs s'en expliquer devant le conseil de discipline de la Fédération française de football (FFF), comme l'a annoncé Noël Le Graët lors d'une conférence de presse, mardi. "Le football français se retrouve à nouveau ballotté, en difficulté, parce que deux ou trois joueurs ont failli à leur réputation", a justifié le président de la FFF. "Ce sont des garçons corrects, bien élevés et courtois, quelquefois difficiles", a-t-il nuancé, en estimant que les problèmes rencontrés avec quelques uns relevaient d'"une question d'éducation".

Insultes et manque de respect

Dans les faits, il est reproché principalement deux choses aux joueurs de cette génération dorée, championne d'Europe des - 17 ans en 2004. En premier lieu, les fameuses insultes. Samir Nasri a ouvert le bal dès le premier match. Après son but contre l'Angleterre, le milieu de terrain a mis son doigt sur la bouche et lancé un "ferme ta gueule" à l'intention de la tribune de presse, trop critique à son endroit selon lui. Il a récidivé avant de quitter la compétition, en insultant copieusement un journaliste en conférence de presse.

Jérémy Menez, lui, a fait la même chose sur le terrain avec Hugo Lloris, son capitaine, et surtout l'arbitre du quart de finale contre l'Espagne, récoltant un avertissement.

Le "manque d'éducation" pointé par Noël Le Graët se manifeste aussi par un manque de respect envers "la hiérarchie". Hatem Ben Arfa a invectivé le sélectionneur après la défaite contre la Suède, alors que l'équipe était qualifiée pour les quarts de finale. Yann M'Vila, lui, n'a pas serré la main, comme le veut l'usage, d'Olivier Giroud qui le remplaçait. Et fâchés d'être remplaçants contre l'Espagne, Samir Nasri et Jérémy Menez ont décidé de jouer la provoc' en effectuant un salut militaire, pied joint, à l'intention du staff lors de l'échauffement.

Seul Karim Benzema, titulaire lors des quatre rencontres des Bleus à l'Euro, s'est montré irréprochable. La patte Mourinho, qui le coache depuis deux saisons à Madrid, et qui est habitué à gérer les fortes têtes et les ego ?

"Règles de vie plus strictes"

En conférence de presse, Noël Le Graët l'a dit tout de go : "je suis vexé, j'ai honte, ça me gêne". Le patron de la FFF comptait sur l'Euro pour gommer la mauvaise image des Bleus, nourrie en grande partie de l'épisode du bus en Afrique du Sud. C'est un échec. D'ailleurs, les primes des joueurs "sont gelées", a-t-il annoncé.

Mais Noël Le Graët n'a pas dit son dernier mot. "Le futur sélectionneur devra imposer des règles de vie plus stricte au sein de l'équipe de France. En dehors du foot, le prochain sélectionneur devra s'occuper du comportement des joueurs. On se doit d'être bien élevé et respectueux", a répété le président.

Respect de la Marseillaise

Didier Deschamps ou un autre devra également veiller à ce que tout le monde manifeste bien son respect lors de l'hymne national. "Je n'aime pas l'attitude des joueurs pendant la Marseillaise. Je leur ai dit à plusieurs reprises. Sinon chanté, je veux qu'il soit au moins ressenti. Il faut un respect total de notre hymne".

Celui qui pourrait être nommé d'ici la fin de la semaine aura des devoirs, certes, mais aussi des libertés, notamment sur le choix des joueurs. Poursuivra-t-il le chemin de Laurent Blanc, qui a misé sur le talent pour constituer son groupe ? Ou reviendra-t-il aux critères de Raymond Domenech, qui avait écarté Hatem Ben Arfa, Samir Nasri et Jérémy Menez de la sélection appelée à disputer la Coupe du monde 2010 au motif de la cohésion d'équipe ?