Incidents à Auxerre : à qui la faute ?

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LIGUE 1 - Le final du championnat a été perturbé par les ultras d'Auxerre, dimanche soir.
Le stade de l'Abbé-Deschamps face à Montpellier (930x620)

Montpellier et le PSG ne méritaient pas ça. Les deux derniers clubs en lice pour le titre de champion de France ont vu leur lutte à distance perturbée par quelques centaines de supporters auxerrois, dimanche, lors de la 38e et dernière journée de championnat. Mécontents de la relégation de leur club, les ultras de l'AJA ont entraîné deux interruptions du match face à Montpellier, d'abord en lançant des balles de tennis, du papier toilettes et des tomates puis en allumant et en lançant des fumigènes.

Alors que tous les matches de la dernière journée sont censés se disputer en même temps pour respecter l'équité sportive, il n'en fut rien. Et comment ! le PSG avait déjà gagné à Lorient (avec, là aussi, quatre minutes d'interruption dues à des jets de fumigènes de supporters parisiens situés hors du parcage visiteurs...) qu'il restait plus d'une vingtaine de minutes à jouer à Auxerre, où Montpellier savait qu'il lui fallait réaliser au minimum un match nul pour être sacré...

Déjà des incidents en janvier et en mars

Auxerre

"C'est pire que de la bêtise, je ne peux pas le cautionner mais je ne peux pas l'expliquer non plus", a déclaré Jean-Guy Wallemme, l'entraîneur icaunais, à propos des incidents. L'expliquer, non, mais ne pouvait-on pas le prévoir ? Comment est-il possible d'entrer dans un stade avec autant de balles de tennis ? Dans son édito du jour, le rédacteur en chef du quotidien L'Equipe, Fabrice Jouhaud, s'irrite : "que l'AJA, la Ligue professionnelle et la préfecture de police de l'Yonne n'aient pas anticipé ces débordements annoncés constitue une faute partagée qu'ils devront assumer." Car les Ultras auxerrois, entrés dans le stade avec force pétards après un quart d'heure de jeu, s'étaient déjà tristement illustrés à deux reprises cette saison. Le 28 janvier, contre Nancy, une cinquantaine d'entre eux avait investi la tribune présidentielle et avait violemment invectivé le banc de touche auxerrois. Le 17 mars, une dizaine d'excités avait tenté d'entrer dans les coursives du stade, poussant les forces de l'ordre à user de gaz lacrymogènes.

Sous les yeux de Manuel Valls

Dimanche soir, ces mêmes forces de l'ordre les ont délogés de la tribune Leclerc, l'une des deux tribunes situées derrière les buts, après une réunion de concertation entre le directeur de cabinet du préfet, les délégués du match, l'arbitre et les représentants des deux clubs, mais après de (trop) longues minutes d'atermoiement, le tout sous les yeux du nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls...

"Nous avions clairement identifié ce match comme étant un match à risque", a précisé la préfecture de l'Yonne, lundi midi. "Les forces mobiles ont été renforcées et, après la demande de l'arbitre, la priorité à été donnée à l'évacuation de la tribune des supporters ultras auxerrois, qui s'est déroulée sans incident." La préfecture n'oublie pas de noter que deux supporters de Montpellier ont été interpellés à l'entrée du stade pour possession de fumigènes et de pétards...

Des banderoles insultantes

Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, a regretté ce rocambolesque scénario. "J'ai vécu tout ça en direct avec mes délégués sur place, je condamne fermement le comportement irresponsable de ces soi-disant supporters d'Auxerre qui ont failli gâcher la soirée. La commission de discipline va se saisir de ces incidents et prononcera les sanctions les plus fermes", a-t-il déclaré sur RTL.

Principal visé par les banderoles brandies dans les tribunes ("Direction, démission !", "La L2 à l'Abbé : Thiriez en rêvait, Bourgoin l'a fait", mais aussi "Tas de cons"), le président de l'AJA Gérard Bourgoin a admis sa "grande tristesse". "Toutes les villes ont leur lot de supporters insupportables", convient-il dans des propos publiés dans L'Equipe. "Aujourd'hui (dimanche), ils ont gâché un spectacle. J'espère que la Ligue va analyser ce qui s'est passé." Sans aucun doute. La préfecture, elle, a annoncé que l'analyse des images était "en cours d'exploitation". L'AJA risque des sanctions allant de l'amende jusqu'au retrait de points. De quoi bien commencer la prochaine saison, en Ligue 2.