Coupe de la Ligue : l'amertume des Bastiais

© Loïc VENANCE/AFP
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CARTONS - Le Sporting club de Bastia a été battu par le PSG, samedi soir, en finale de la Coupe de la Ligue (4-0).

Ils étaient plus de 25.000 Corses à avoir quitté l'île de Beauté pour supporter le Sporting club de Bastia en finale de la Coupe de la Ligue face au PSG, samedi soir, au Stade de France (0-4). Leur enthousiasme a été douché après à peine vingt minutes de jeu. Et le suspense de la finale, envolé. Sur une remise dans la course de Zlatan Ibrahimovic, Ezequiel Lavezzi et Sébastien Squillaci sont entrés en contact dans la surface de réparation. L'arbitre de la rencontre, Benoît Bastien, n'a pas hésité : penalty et carton rouge.

1-0 pour le PSG. Un but de retard. Un joueur en moins. Le défi demandé aux Corses, déjà difficile au départ, soyons honnêtes, devient alors impossible. "Je crois que c'est le tournant du match", a reconnu le Bastiais Guillaume Gillet à chaud, au micro de France Télévisions. "Après 20 minutes, on était pas si mal. Cette double sanction nous a fait mal. En championnat, on avait été menés 2-0, on avait réussi à revenir (et même à gagner 4-2, le 10 janvier dernier, ndlr), mais cette fois, on n'a pas eu les ressources pour revenir."

Squillaci est exclu pour une faute sur Lavezzi :

La fameuse double sanction (ou double peine) consiste à siffler un penalty et à exclure un joueur qui s'est rendu coupable d'une faute annihilant une action de but. A partir du moment où l'arbitre considère que Squillaci fait faute sur Lavezzi, monsieur Bastien applique purement et simplement la règle. Doit-on faire preuve de psychologie dans la lecture de la règle ? C'est toujours le même débat. Mais dans le cas qui nous intéresse ici, il s'agit d'abord de savoir s'il y a faute ou non. Le Bastiais tend maladroitement le pied gauche, le Parisien laisse traîner le sien, avec roublardise. Pour Eric Carrière, ancien joueur et consultant pour Canal+, il n'y a pas penalty. Daniel Bravo, lui aussi ancien joueur et consultant pour la chaîne cryptée, n'est pas loin d'être du même avis.

Benoît Bastien, qui portait un micro pour le diffuseur de la finale, France 2, s'en est expliqué plus tard dans la rencontre avec Ryad Boudebouz. Il a exclu Squillaci car il considère qu'il a fait faute et que dans ce cas-là, la règle veut que le joueur soit exclu. "C'est la règle", insiste-t-il, sûr de lui. Pour dédouaner l'arbitre, on pourrait dire qu'il a été victime d'un règlement jusqu'au-boutiste qu'il n'a fait qu'appliquer et de l'absence de recours à la vidéo, qui aurait permis au corps arbitral de se rendre compte qu'il n'y avait sans doute pas faute de Squillaci.

Modesto ne digère pas le penalty accordé au PSG :

"Félicitations à Paris, c'est une grande équipe", a reconnu à l'issue de la rencontre François Modesto au micro de France Télévisions. "Ce qui me déplaît, c'est que l'arbitre prend une grave décision. Dix contre onze, c'est compliqué, il nous enlève cette chance-là, on le savait d'avance mais bon." Le discours désabusé des Bastiais ne doit pas faire oublier que, quelques minutes plus tôt dans la rencontre, le PSG aurait sans doute dû bénéficier d'un penalty pour une faute de main de Gaël Danic dans le coin gauche de la surface de réparation.

Frédéric Thiriez critiqué. Mais, à l'issue de la rencontre, le déroulement de la finale était presque secondaire aux yeux du président du club corse, Pierre-Marie Géronimi, qui regrettait d'abord le comportement du président de la Ligue, Frédéric Thiriez, qui n'est pas descendu sur la pelouse saluer les joueurs lors de l'avant-match, de crainte d'attitudes inappropriées à son égard. Les relations entre la Ligue et le club corse sont tendues depuis plusieurs saisons.

A l'issue de la finale, pas vraiment calmé, l'entraîneur du SCB, Ghislain Printant, a d'ailleurs refusé de serrer la main du boss du foot pro français. Joueurs et staff corses portaient un tee-shirt appelant les instances du football à ne plus faire disputer de match le 5 mai, jour anniversaire de la catastrophe de Furiani (le 5 mai 1992).

"Je ne lui ai pas parlé (à Thiriez), je lui ai juste montré le tee-shirt ('Pas de match le 5 mai')", a pesté le technicien corse. "Je ne vais pas lui serrer la main alors qu'il n'a pas daigné descendre quelques marches. Il y a quelques années, il n'a pas daigné se déplacer pour un titre de champion (de L2, ndlr), qu'il arrête !" Lors de la remontée de Bastia parmi l'élite en 2012, Frédéric Thiriez n'était pas venu à Bastia pour y remettre le trophée. Les événements de samedi soir - et l'arbitrage de Benoît Bastien lors de cette finale - ne risquent pas d'apaiser les tensions LFP-SCB...

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