Bleus : autopsie d'un échec

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Nicolas Rouyer, à Kiev , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Les Bleus, battus par l’Ukraine (2-0), ont montré de grosses lacunes.

La "chance" au tirage n’est plus. Le poil à gratter ukrainien est passé par là. Portée par un stade olympique en transe, la sélection ukrainienne s’est imposée 2-0, vendredi soir, en match aller des barrages du Mondial, sans qu’il n’y ait vraiment matière à discussion. En revanche, les choix de Didier Deschamps et la performance de l’équipe de France, elle, vont faire débat. Notamment sur les différents points suivants.

L’équipe de France n’a non seulement pas inscrit de but, vendredi soir, mais elle a également souffert pour se créer la moindre petite occasion. C’est bien simple, il n’y en a qu’une vraiment franche. Et il a fallu attendre la 65e minute (quand même) pour la voir. Elle fut l’œuvre de Samir Nasri. Mais sa frappe dans la surface, trop propre, a facilement été captée par le gardien ukrainien. Positionné en meneur de jeu dans un système en 4-2-3-1 (c’est-à-dire avec un seul attaquant de pointe, deux milieux excentrés et un meneur de jeu), le joueur de Manchester City, préféré à Mathieu Valbuena, n’a jamais fait la différence, quand il n’a pas purement et simplement balancé en touche (involontairement, s’entend).

Le même constat vaut pour Loïc Rémy, transparent en début de match avant d’être remplacé après l’ouverture du score par l'ancien Toulousain Moussa Sissoko, moins ailier de débordement que milieu de devoir. Un choix pour le moins étonnant. En conférence de presse, Didier Deschamps n’a pas renié ses options. "Les intentions, c’était de venir marquer un but ici", a-t-il susurré, visiblement touché par la défaite. "La preuve, j’avais aligné une équipe offensive." Sur le papier, peut-être. Mais sur le terrain, ça ne s’est pas vraiment vu.

Mis à part Benzema, qui a eu droit à une belle bordée de sifflets lors de son entrée en jeu (anecdotique) en deuxième mi-temps, il était celui que le peuple ukrainien attendait de pied ferme, lui qui évolue dans l'Allemagne pas si lointaine. Mais les 67.732 spectateurs du stade olympique n’étaient pas les seuls. Et Franck Ribéry a dû faire face à une opposition musclée, sublimée par un public à l’anglaise, qui saluait avec autant de vigueur les frappes au but que les petits coups portés.

Le problème reste que le candidat au Ballon d’Or a eu une nouvelle fois tendance à surjouer, multipliant les déboulés voués à l’échec. Il a certes été à l’origine de quelques situations chaudes, notamment en fin de match, mais son incapacité à faire la différence avec le maillot bleu lors des grands rendez-vous commence à devenir chronique. Le tout alors que Ronaldo, lui, a offert la victoire au Portugal face à la Suède...

Le duo Yarmolenko-Konoplianka n’a pas tardé à tester la solidité de l’arrière-garde française. D'entrée, Eric Abidal a montré quelques signes de fébrilité. Souvent bien placé en première mi-temps, Laurent Koscielny a attendu un peu plus longtemps. Mais ce fut beaucoup plus spectaculaire. Alors qu’il avait tenu son rôle avec solidité jusque-là, il a perdu pied en deuxième période sur deux actions. Il a d’abord accroché l’intenable Zozulya dans la surface de réparation, provoquant le penalty du 2-0.

Puis, quand les pétards de joie embrasaient déjà le stade olympique, Koscielny, lui, a pété un plomb en frappant au visage Kucher, auteur d’un tacle appuyé sur Mathieu Debuchy. "Ca fait partie du haut niveau, c’est important de pouvoir garder son calme, parfois face aux provocations", a tempéré Deschamps, pour qui se pose déjà la question du remplaçant de Koscielny pour le match retour...

Le sélectionneur va devoir également relancer ses deux latéraux, totalement absents offensivement et parfois en souffrance défensivement : Patrice Evra a été plus en difficulté encore que Mathieu Debuchy, qui a sauvé deux fois la mise aux Bleus en début de match sur des frappes déviées. Le duo de milieux défensifs, Paul Pogba et Blaise Matuidi, pourtant formidables dans leurs clubs respectifs, la Juve et le PSG, n’ont jamais fait la différence, se portant vers l’avant que très rarement et semblant subir constamment la pression ukrainienne.

Devant, justement, Olivier Giroud a lutté pour toucher le ballon. Mis à part deux têtes, à chaque fois en début de période, l’attaquant des Gunners, pris dans la tenaille, n’a jamais été dangereux. Une erreur de l’avoir préféré à Karim Benzema ? "J’ai fait ce choix-là par rapport à ce qu’il (Giroud) est capable de faire et ce qu’il avait fait lors des derniers matches", a insisté Deschamps. A l’autre bout du terrain, Hugo Lloris a été malheureux : il freine le tir gagnant de Zozulya et il touche le penalty de Yarmolenko, mais pas suffisamment pour le dévier au-dessus de sa barre. La poisse aura-t-elle changé de camp mardi prochain ? Ce serait bien, mais peut-être pas suffisant...