Belgique : le tifo polémique des ultras du Standard

© Capture Twitter @Standard_RSCL
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avec AFP , modifié à
RIVALITÉ - Les ultras de la tribune T3 ont réalisé un tifo très violent, dimanche, lors du match face à Anderlecht.

Qui a vu le documentaire Standard sait que les supporters du club liégeois sont des passionnés et notamment les ultras de la tribune T3, sans doute les plus chauds du pays. Mais, dimanche, pour la réception d'Anderlecht, ces derniers sont allés loin, très loin, et même trop loin pour beaucoup d'observateurs de la Jupiler League.

Ils avaient réalisé un gigantesque tifo couvrant les deux tiers de la tribune située derrière l'un des deux buts : celle-ci montrait un dessin du tueur masqué de la série cinématographique des "Vendredi 13", Jason Voorhees, affublé de sa célèbre machette, tenant dans sa main gauche la tête décapitée de Steven Defour, ancien joueur du Standard de retour à Liège sous le maillot du grand rival Anderlecht. A gauche de ce dessin, reprise d'un visuel de Jason déjà existant, trois mots : "red or dead" (rouge - comme la couleur du Standard - ou mort).

Jason Voorhees (465x640)

© DR

Defour considéré comme un traître. Defour était arrivé au Standard en 2006 en provenance du Racing Genk à l'âge de 18 ans. L'année suivante, il en était devenu le plus jeune capitaine des "Rouches", à l'âge de 19 ans. Il fut l'un des hommes de base des deux titres de champion remportés par le club liégeois, en 2008 et 2009.

En 2011, après cinq saisons, il quitta le club pour le Portugal et le FC Porto. Cette année-là, il déclara : "(Aller à) Anderlecht, c'est impossible. Je ne faisais qu'un avec les supporters du Standard." Les supporters ont pris ce transfert comme une trahison et ont décidé le lui rappeler avec ce tifo d'une rare violence, dont le club a twitté une image sur son compte officiel en y ajoutant des points de suspension.

Dans le contexte des décapitations d'otages par le groupe terroriste Etat islamique, cette banderole est évidemment bien mal passée. La Fédération belge a réagi via Bob Madou, son directeur de la communication, qui a twitté : "Bannière de bien mauvais goût et inacceptable à Standard-Anderlecht. Il n'existe rien dans le règlement contre cela mais on va voir ce que nous pouvons faire". Thibault De Gendt, directeur de la compétition, a lui écrit : "Tifo dégoûtant avant Standard - Anderlecht, devant les yeux de milliers d'enfants. Espérons que ça ne se reproduira plus jamais !".

Pas une première. Ce n'est pourtant pas la première fois que les supporters du Standard se "distinguent" avec des tifos empreints de violence et de pop culture. En décembre 2013, déjà lors du "classique" belge, une gigantesque banderole représentant Tony Montana, le héros du film Scarface de Brian de Palma (1983), mitraillette au poing, avait été déployée dans la tribune T4 (lors de cette rencontre, la tribune T3 était fermée...) avec ces mots "dites bonjour à votre pire ennemi" et une flaque de sang mauve de la couleur d'Anderlecht.

Selon le quotidien belge La Dernière Heure, la direction du club liégeois n'aurait pas vu le fameux tifo de ce dimanche avant que celui-ci ne soit déployé. Les supporters auraient présenté une autre banderole, moins violente, aux dirigeants afin que ceux-ci acceptent de les laisser rentrer avec leur matériel.

Cette banderole a en tout cas eu le don d'échauffer les esprits, et notamment celui de Defour. En début de deuxième période, le joueur d'Anderlecht a été exclu pour avoir envoyé le ballon dans les tribunes avec une certaine vigueur. Son exclusion a entraîné la colère des supporters du RSC, qui ont arraché des sièges...

Defour est exclu pour avoir envoyé le ballon dans les tribunes :

Ah oui, et sinon, le score final a été de 2-0 pour le Standard, qui revient à six longueurs de son adversaire du jour, deuxième d'un championnat mené par le FC Bruges.