Football-Mondial 2018 : accusé de sexisme, le rappeur Damso ne chantera pas l'hymne belge

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"Parler de sexe ne signifie pas être sexiste", a tenté de se justifier le rappeur sur les réseaux sociaux. © Capture d'écran 1280
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avec AFP , modifié à
L'Union belge de football a fini par plier face aux protestations exprimées jeudi par certains sponsors des Diables rouges.

Le rappeur belge Damso, qui se défend d'être "sexiste" malgré la polémique sur les textes de ses chansons, n'interprétera finalement pas l'hymne officiel des Diables Rouges lors du Mondial-2018, a annoncé vendredi matin la fédération belge de football qui a cédé à la pression de ses sponsors.

"Accord commun". "La collaboration avec Damso a été arrêtée de commun accord", a indiqué la fédération dans un communiqué diffusé dans la nuit, ajoutant qu'"il n'y aura pas de chanson officielle en vue de la Coupe du Monde 2018". "La controverse sociale autour dudit artiste et l'agitation de ces derniers jours font en sorte de détourner complètement l'attention de tout ce qui prime pour l'Union belge de football", regrette encore l'instance qui rappelle vouloir "représenter toutes les franges de notre société".

Un rap qui dit "les choses de façon crue". Dans un premier temps, à l'initiative de certains joueurs fans du rappeur, l'Union belge de football (URBSFA) avait confié à Damso le soin de composer l'hymne de l'équipe de Belgique. Cet hymne est une tradition en Belgique. En 2014, c'est le très populaire Stromae qui avait créé et interprété Ta fête, un succès commercial. Mais la décision d'opter pour Damso en 2018 a embrasé les réseaux sociaux en raison de paroles sexistes, misogynes voire violentes présentes dans un rap qualifié de "sale, dur, violent, sans filtre, qui dit les choses de façon crue", selon le journal Le Soir. "Souvent les plus moches qui sucent le mieux", "La bitch fait sa Françoise Hollande, j'lui dis de partir mais elle en redemande", "Toutes les chattes que j'aime sont des chiennes"... Certaines paroles ont choqué une partie de l'opinion alors que le rappeur connaît un succès grandissant, y compris en France où il est programmé dans plusieurs grands festivals d'été cette année (Eurockéennes de Belfort, Francofolies de La Rochelle).

Les associations féministes choquées. "Parler de sexe ne signifie pas être sexiste", avait tenté de se justifier le rappeur sur les réseaux sociaux. Mais le Conseil des femmes francophones de Belgique, qui regroupe des associations féministes, a vivement dénoncé cette semaine ce choix de la fédération, dans une lettre ouverte aux sponsors des Diables. "La promotion de Damso comme porte-étendard donne son aval au sexisme dont il est le champion", soulignait ce collectif, évoquant de possibles actions en justice.

Les politiques s'en mêlent. La controverse a gagné aussi la sphère politique, un vice-Premier ministre, le libéral flamand Alexander De Croo, s'insurgeant contre le choix de Damso. Après avoir d'abord défendu son choix pour le rappeur né en RDC et qualifié de "modèle d'intégration pour la jeunesse", l'Union belge de football a fini par plier face aux protestations exprimées jeudi par certains sponsors. D'après plusieurs médias locaux vendredi, Damso n'était à l'évidence pas assez "rassembleur".