Football : les ultras manifestent leur colère

Les fumigènes son au coeur de la discorde entre les ultras et la Ligue de football professionnel.
Les fumigènes son au coeur de la discorde entre les ultras et la Ligue de football professionnel. © JEFF PACHOUD / AFP
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Julien Froment, édité par R.D.
Trente-trois groupes de supporters ont appelé à mener des actions dans les stades, à l’occasion de la 14e journée de Ligue 1 et 16e journée de Ligue 2 ce week-end.

"Supporters, pas criminels". C’est le slogan affiché en tête du communiqué, paru lundi, sur le compte Twitter de l’Observatoire de la répression des tribunes françaises. Trente-trois associations de supporters, pour la plupart ultras, veulent profiter des journées de Ligue 1 et de Ligue 2, samedi et dimanche, pour mener "des actions revendicatives coordonnées" afin de dénoncer, à leurs yeux, "la répression disproportionnée" dont fait l’objet les supporters. Parmi les signataires, les Green Angels de Saint-Etienne, les Ultras Boys de Strasbourg, les Red Tigers de Lens ou encore le Collectif ultras Paris (CUP).

Ouvrir le débat autour des fumigènes... Dans ledit communiqué, les supporters "souvent méprisés ou caricaturés par les pouvoirs publics" selon eux, affirment que les interdictions ou limitations de déplacement "se multiplient", tout comme les interdictions administratives de stade.  "On avait bien commencé l’année mais là, on voit que les préfectures sont repartis sur un système d’interdiction de déplacement", déplore Romain Mabille, président du CUP, le collectif Ultras Paris, pour Europe 1.

Ce communiqué veut aussi interpeller les pouvoirs publics sur l’usage d’engins pyrotechniques, et notamment l’usage des fumigènes. "On veut engager un vrai débat sur ce sujet", tranche Romain Mabille. "On veut dissocier le pétard du fumigène et essayer d’entamer un vrai dialogue de fond avec les autorités, la Ligue et les instances car cela devient un réel problème." La Commission de discipline de la LFP a ainsi sanctionné jeudi le PSG d’un huis clos partiel, ordonnant la fermeture de sa tribune Auteuil pour la réception de Troyes, mercredi. Précisément parce que les supportes avaient fait usage de fumigènes lors de la victoire contre Nice (3-0) le 27 octobre dernier.

…Mais la séquence est mauvaises pour les supporters. Les revendications des supporters n’interviennent pas forcément au moment opportun. Depuis le début de la saison, de nombreux incidents ont émaillé les journées de Ligue 1 : trois envahissement ou tentatives d’envahissement de terrain (Saint-Etienne, Bordeaux et Monaco), de - très - nombreux fumigènes craqués dans les tribunes (800 contre 350 l’an passé à pareille époque selon la LFP, ndlr).

"C’est vrai qu’il y a eu des incidents mais c’est pour ça qu’il est important de dialoguer, d’expliquer que ce qu’il s’est passé, ce n’est pas forcément représentatif de tout le mouvement ultras", nuance Romain Mabille.

La LFP entre silence et dialogue. De son côté la Ligue de football professionnel (LFP) refuse de s’exprimer publiquement pour éviter de mettre de l’huile sur le feu. Après des années d’incompréhension et de tension, l’instance dirigeante a renoué le dialogue et veut poursuivre cette entreprise avec les différents protagonistes : groupes de supporters, représentés par un référent, la DNLH (direction nationale de lutte contre le hooliganisme) et les différentes préfectures. Toutefois, dans la coulisse, elle ne comprend pas bien cette sortie médiatique, à ce moment-là de la saison. "C’est un faux procès", nous glisse-t-on du côté de  la LFP, qui a fait un gros travail en amont avec les préfectures pour que les interdictions de déplacement soient limitées.

Et les chiffres, donnés par la Ligue, l’attestent : lors de la saison 2015/2016, 146 interdictions de déplacement ont été décrétés. Cette saison, il n’y en a eu que 2, Marseille-PSG en Ligue 1, et Nîmes-Nancy en Ligue 2, à cause des Feria. Quant aux limitations du nombre de supporters lors des déplacements, elle sont passées de 49 l’an passé, à 6 cette saison à pareille époque.

Le délicat sujet des fumigènes. Seul réel point de friction : les fumigènes. Sur ce dossier, la Ligue, intransigeante, se réfugie derrière L'article L.332-8 du code du sport qui prévoit, en cas d’usage d’engin pyrotechnique, jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et  15 000 euros d’amende. "Un fumigène en combustion, c’est entre  700 et 1300 degrés, ça peut faire des dégâts", nous indique la LFP. "La Ligue et une délégation de service public, on ne fait qu’appliquer la loi." Si sur bien des dossiers, la Ligue, les supporters et les pouvoirs publics ont fait des efforts pour nouer un dialogue - une avancée importante par rapport aux années Thiriez (ancien président de la LFP, ndlr) -, il reste encore des points sur lesquels aucun ne parvient à s’accorder.