Euro 2016 : non, les Irlandais n'ont pas digéré la main de Thierry Henry en 2009

"Cette fois, on la fait sans les mains ?"
"Cette fois, on la fait sans les mains ?" © AFP
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Margaux Lannuzel , modifié à
PAYBACKTIME - Sept ans après la fameuse "handball" de Thierry Henry, le 19 novembre 2009 les Verts ont officiellement tourné la page. Mais on n'y croit pas trop…

"Ça ne sert à rien de regarder en arrière", jure l'Irlandais Shay Given.  En 2009, le gardien était sur la pelouse pour la fameuse "handball" de Thierry Henry, qui a qualifié les Bleus pour le mondial que l'on sait. "Ce qui s'est passé face à la France est derrière nous", martèle le portier alors que son équipe retrouve les hommes de Didier Deschamps en huitièmes de finale, dimanche. Il en ferait presque un peu trop pour être vraiment convainquant, Given. Et au lendemain de la qualification miraculeuse de l'Eire, le souvenir de ce contrôle de la main est bien dans tous les esprits irlandais.

Un geste qui fâche (encore). Résumé de l'épisode, même si on doute que vous ayez pu l'oublier. Nous sommes le 18 novembre 2009, en match de barrage retour, qualificatif pour la Coupe du monde sud-africaine. La France est menée 1 à 0 par l'Irlande, score sur lequel elle s'est imposée au match aller. Prolongation, donc. C'est là qu'intervient le geste qui fâche : Thierry Henry offre un but à William Gallas sur une passe… de la main. L'égalisation envoie la France au Mondial et les Irlandais crient au scandale.

Remettez vous dans l'ambiance :


Thierry Henry, sa main contre l'Irlandepar football-fr

Polémiques en série. A l'époque, le geste avait suscité une énorme polémique, jusqu'à devenir une affaire d'Etat en Irlande. La classe politique, y compris le Premier ministre Brian Cowen, s'était mobilisée pour réclamer que le match soit rejoué, déposant une demande auprès de la Fifa. "Oui, il y a main", avait de son côté reconnu Thierry Henry, jugeant dans un communiqué que "rejouer le match serait la solution la plus équitable". La requête de la Fédération irlandaise était pourtant restée sans succès, laissant un goût amer au peuple vert. Un souvenir déjà ravivé en 2015, lorsque l'on apprenait que la Fifa avait acheté le silence de l'Irlande après cette affaire.

" Même sans ça, nous avons toute la motivation du monde "

Près de sept ans après, le visage des deux sélections a bien changé. Exit Thierry Henry et William Gallas côté Bleus. Chez les Irlandais, cinq des joueurs présents sur la pelouse ce fameux 18 novembre font toujours partie de la sélection de l'Euro. Parmi eux, l'attaquant vedette Robbie Keane. Cité par 20Minutes, le joueur balaye aujourd'hui le sujet : "Ça fait combien de temps maintenant ? Sept ans, c'est ça ? On a avancé depuis, bordel !". Au Stade de France, il y avait aussi Glenn Whelan, Aiden McGeady et John O'Shea. Ceux-là (au moins) auront certainement à cœur d'effacer le souvenir de la "handball". Mais le traumatisme sera-t-il un facteur de motivation pour toute l'équipe ? "Oui, absolument", pour Marc O'Neill, le sélectionneur de l'Eire. "Mais même sans ça, nous avons toute la motivation du monde", tempère le coach.

Retour de Karma ? Dans les médias irlandais, le nom de Thierry Henry n'a en tout cas pas mis longtemps à ressurgir après l'exploit des Verts. "C'est le minimum que méritait l'Irlande et ses fans, et ils se réjouissent à présent de rencontrer le pays hôte. La France nous en doit une, bien sûr, et qui sait ce qui se passera à Lyon, dimanche ?", commentait le site Irish News, mercredi soir. Invité d'un plateau de télévision irlandais après le match, l'ancien joueur et entraîneur Eamon Dunphy a carrément mis les pieds dans le plat, évoquant le Karma : "what comes around goes around, baby !" (que l'on pourrait traduire par "un prêté pour un rendu !").

L'ambiance est encore plus chaude sur Twitter, où les hashtags #handball, #revenge et #paybacktime fleurissent depuis l'annonce de la qualification de l'Eire. "La vengance est un plat qui se mange froid", assène un fan irlandais. "Hé la France, on vous rappelle que les mains ne sont pas autorisées sur le terrain", renchérit un autre. Nul doute que si certains joueurs sont passés à autre chose, les supporters seront là pour rappeler l'équipe de France à son histoire, dimanche. On laisse le dernier mot à Guy Roux :