Une victoire "à l'allemande"

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STRATÉGIE - Les Allemands se sont qualifiés pour leur troisième demi-finale de rang, vendredi.

"Le truc avec les Allemands, c'est qu'ils sont allemands." C'est par ces mots que Gary Lineker a accueilli vendredi la qualification de l'Allemagne pour le dernier carré de la Coupe du monde aux dépens de la France (1-0). Dans le passé, l'ancien attaquant de l'équipe d'Angleterre reconverti en consultant avait déjà eu cette maxime : "le football est un jeu qui se pratique à onze et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent." Mélangeons ces deux aphorismes et vous obtenez son analyse du jour : les Allemands ont gagné à l'allemande, à savoir en étant réalistes. Difficile de le contredire. Mais...

Klose avec Löw (930x620)

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Coup tactique et avant-centre de métier. Mais il est difficile aussi de ne pas lire cette victoire à la lumière du coup tactique réussi par son sélectionneur, Joachim Löw. Ce technicien reconnu, en poste depuis 2006, a rénové l'image de l'équipe d'Allemagne, avec un jeu chatoyant porté sur l'offensive. On en a eu un aperçu lors de ce Mondial contre le Portugal, pulvérisé 4-0, et plus encore contre l'Angleterre ou l'Argentine lors du Mondial précédent, en Afrique du Sud (4-1 et 4-0).Mais le problème de Löw, c'est qu'il ne gagne pas "à la fin" justement : une finale (Euro 2008) deux demi-finales (Mondial 2010 et Euro 2012) mais pas de titre. Et, en Allemagne, dans un pays triple champion du monde et triple champion d'Europe, un dernier carré laisse de marbre.

Pour ce quart de finale face à la France, Löw avait bouleversé son onze de départ. Il avait replacé Philipp Lahm à son vrai poste, latéral droit, réinstallé Sami Khedira au milieu, et créé la surprise en alignant Miroslav Klose, 36 ans, en pointe, lui qui n'avait pas débuté un seul match en titulaire. Un avant-centre de métier, rôdeur, capable d'user une défense. Comme avant lui Karl-Heinz Rumenigge ou Rudi Völler dans le passé...

Benzema entouré d'Allemands (930x620)

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Réalisme offensif et solidité défensive. "On a des conversations avec le staff. On peut jouer de plusieurs manières différentes", a expliqué Löw. "Les jours précédents, on a joué avec un "faux neuf" (Thomas Müller) et, cette fois, nous avons mis Klose. Nous savions que la France était très dense au milieu du terrain et c'est pour ça que nous voulions quelqu'un comme Miroslav qui nous offrait une présence plus haute sur le terrain." Klose n'a guère brillé - il a tenté, en roublard, d'obtenir un penalty - mais il a pesé. Ultime surprise, Löw avait préféré Jerome Boateng et Mats Hummels en défense centrale, laissant Pert Mertesacker sur le banc.

"La France a des joueurs rapides comme Valbuena et Griezmann et j'ai pensé que Boateng et Hummels était la meilleure combinaison. J'ai parlé avec Mertesacker et il l'a parfaitement compris." Hummels a donc été titulaire. Ce fut une réussite. Le défenseur du Borussia Dortmund a ouvert le score de la tête (13e), en gagnant son duel contre Raphaël Varane, avant de se révéler précieux défensivement, avec plusieurs interventions décisives devant Karim Benzema. Car, après avoir ouvert le score, l'Allemagne a "fermé la boutique", comme à la grande époque. Réaliste et solide. "Nous jouons de la manière qui nous donne une chance de gagner", a convenu Hummels, conscient que son équipe n'a pas fait rêver grand-monde. En gagnant.

"Sur les quatre dernières Coupes du monde, nous avons atteint les demi-finales", a rappelé Löw. "Des 31 derniers matches que l'Allemagne a disputés en compétition, elle en a gagné 28. Ce sont de bons chiffres, mais je dois continuer à travailler pour les améliorer encore dans ce Mondial." Car le sélectionneur allemand sait qu'il sera désormais jugé non plus sur le style mais sur les résultats. Il se souvient aussi qu'il y a quatre ans, l'Allemagne flamboyante avait été sortie 1-0 par l'Espagne sur un coup de pied arrêté. Un destin semblable à celui de la Roja lui irait très bien. Et le truc avec les Allemands serait alors qu'ils sont allemands et champions du monde...

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