Comment l’Italie nous a retourné le cerveau

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© VINCENZO PINTO / AFP
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La Squadra Azzura, si souvent insupportable, est irrésistible cette année. On en deviendrait (presque) fan. 
ON POSE ÇA LA

Au football, l’idée est partagée par de nombreux fans français : on adore détester l’Italie. Mais à l’Euro 2016, quelque chose a changé. La Squadra Azzura, qui affronte l'Allemagne samedi en quarts de finale, semble s’être débarrassée de tout ce qui la rendait parfois si insupportable. "Arrivederci" simulations, "catenaccio", et autres défauts consubstantiels, croyait-on, du football italien. "Benvenuti" beau jeu, beaux gestes, explosivité et humilité. Mais qu’est-il arrivé à cette Italie ?

  • Place au collectif

Hormis Buffon (on y reviendra), difficile de dégager une superstar dans cette équipe d’Italie. Sa force, c’est le collectif. Et en la matière, c’est impressionnant et beau à voir. Cette manière de se projeter vers l’avant dès que le ballon est récupéré, cette défense à trois Chiellini-Bonucci-Barzagli sans paillettes mais d’une solidité unique, bref, cette maîtrise collective, un vrai bonheur. Le tout donc, avec des Parolo, Giaccherini, Pellé et autres Eder, joueurs qui n’ont jamais vraiment marqué la planète football de leurs exploits.

  • Sobriété, humilité

L’Italie du football, c’est d’abord les plongeons, les roulades par terre après le moindre choc, les appels à l’arbitre sur le moindre soupçon de faute adverse, les provocations verbales (Zidane-Materazzi, ça vous dit quelque chose ?)… Avec au final des victoires de raccroc agaçantes, ô combien agaçantes. Il suffit de revisionner le huitième de finale contre l’Espagne pour voir combien les choses ont changé. Pas (ou si peu) de simulations pour des joueurs sûrs de leur force et de leur jeu. Si bien que ce sont les Espagnols, dépassés comme ils ont peu l’habitude de l’être, qui ont tenté d’influencer l’arbitre pour inverser le cours du jeu. L’école barcelonaise, sans doute…

  • Buffon, le roi

 Il nous avait bien énervés, Gianluigi, en finale de la Coupe du monde 2006, en sortant la tête de Zidane (avant qu’elle n’atterrisse, accidentellement bien sûr, sur le torse de Materazzi).  Dix ans plus tard, le grand Buffon, 38 ans désormais, est toujours là, et force est de reconnaître que lui aussi nous a conquis. Capitaine humble et respecté, impérial depuis le début de l’Euro, il a écoeuré les attaquants espagnols en huitièmes de finale sur leurs (rares) tentatives. Il faut un grand gardien pour gagner des titres, dit-on. Pour l’Italie, cette case est cochée. Et le portier italien ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il a annoncé son intention de poursuivre sa carrière jusqu’à la Coupe du monde 2018 et devenir le premier à participer à six phase finales de Mondial.

  •  Au bout, Conte

Comment évoquer la Squadra Azzura sans son sélectionneur depuis 2014 et sa folie. Et pourtant, on ne l’aimait pas, Antonio Conte, quand il était joueur. Insupportable aboyeur et jouant avec un engagement qu’on qualifiera de limite, il ne plaisait alors qu’aux fans de la Juventus de Turin et à l’Italie. Mais pour cet Euro 2016, le spectacle ne serait pas aussi fantastique sans lui sur le banc. Incapable de tenir en place, gesticulant, hurlant sur ses joueurs comme sur ses assistants, évoluant toujours à la limite (et souvent au-delà) des fameux pointillés réservés aux staffs, Conte est partie intégrante du match. Et ses joies, comme ses colères, sont savoureuses à souhait. Et quand il se blesse en célébrant un but, il nous conquiert définitivement. Même toi on t’aime, Antonio. Et ça nous fait mal de le dire.