Attentats de Paris : l'appel du PSG féminin

Laura Georges lors de la saison 2014-15 (1280x640) Jeff PACHOUD/AFP
Laura Georges, ici face à l'OL en novembre 2014, défendra les couleurs du PSG face à Örebro, mardi. © Jeff PACHOUD/AFP
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Julien Froment
"MONTREZ-VOUS, VENEZ, VIVEZ" - L’équipe féminine du PSG disputera mercredi soir contre les Suédoises d’Örebro le premier match dans un stade à Paris depuis les attentats du 13 novembre.

Elles ne s’imaginaient pas un seul instant jouer un match de Ligue des champions dans un contexte si chargé. Il s'agissait à l'origine d'une rencontre comme une autre, un huitième de finale retour de la Ligue des champions, face aux Suédoises d’Örebro (1-1 à l’aller), une rencontre importante sportivement, qui peut déterminer le reste de la saison du PSG. Mais elle sera avant tout la première à avoir lieu à Paris depuis les attentats du 13 novembre.

"On est tous touchés." Le visage grave, quelques trémolos dans la voix, la capitaine du PSG Laura Georges a, comme toutes ses coéquipières, difficilement vécu les attentats. "On est tous touchés. On se met à la place des gens", confie au micro d'Europe 1 la défenseure parisienne. "Cela a été dur pour l’ensemble de l’équipe, pas plus pour les joueuses françaises qu’étrangères (voir encadré)." L’entraîneur Farid Benstiti, qui n’a pas "dormi de la nuit" vendredi, ne s’est pas trop appesanti sur le sujet, et a préféré penser au match qu’il aborde sans appréhension. "J’ai une culture des période difficiles de nos parents et nos arrière-grands-parents. Quand il fallait aller chercher le pain à la boulangerie, il y allait. […] Je serai le premier à aller chercher mon pain à la boulangerie s’il y avait encore des choses difficiles dans les prochains jours", affirme avec force Farid Benstiti au micro d'Europe 1.

Entendu sur europe1 :
"On ne sauve pas des vies, mais on sait que lorsqu’on joue sur le terrain, c’est pour donner du plaisir aux gens"

Jouer le match, une échappatoire. L'UEFA a rapidement confirmé la tenue de la rencontre en début de semaine. Pour les joueuses, il n'a jamais été question de ne pas le jouer. "S’entraîner, jouer, c’est montrer qu’on peut être touché à l’intérieur, mais on ne peut pas rester sans rien faire", estime Laura Georges. "Pour certains, c’est d’aller travailler, pour d’autres de continuer à jouer dans les salles de concert. Nous, c’est le football. On ne sauve pas des vies, mais on sait que lorsqu’on joue sur le terrain, c’est pour donner du plaisir aux gens et si je peux leur donner du plaisir, c’est ce que j’essayerai de faire au mieux."

On retrouve la même tonalité dans les propos de Farid Benstiti, qui exhorte les supporters à venir, "sans appréhension" et nombreux au Stade Charléty. "Il faut qu’ils (les supporters, ndlr) viennent. D’abord, il faut qu’ils viennent peut-être plus nombreux. Si le stade pouvait être plein et qu’on montre que la vie elle continue, je serais le plus heureux du monde. Donc montrez-vous, venez, vivez. N’ayez pas peur." Et de conclure : "En tout cas, moi je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur des gens qui essayent de nous terrifier. J’assume le fait de jouer. Si on ne jouait pas, ce serait dramatique."

 

"L’affaire Cristiane", un "quiproquo" pour Benstiti :

L’entraîneur du PSG Farid Benstiti est également revenu sur les déclarations de son attaquant brésilienne Cristiane, dans laquelle elle regrettait qu’il était "prévu qu’on s’entraîne dans la matinée (de samedi, au lendemain des attentats, ndlr). Certaines joueuses n’étaient pas d’accord, surtout les étrangères." Le club a donné sa version des faits, par la voix de son entraîneur. Pour lui, il s'agit d'un "petit quiproquo", ajoutant : "Samedi à 10h, on a discuté avec les joueuses. J’ai leur ai proposé soit de rester tranquille, de rentrer chez elle ou d’aller sur le terrain, au même titre que les pompiers, les infirmiers, que ma famille, les gens de votre famille, et c’était une façon d’être ensemble. C’était la meilleure façon d’évacuer. Il ne faut pas être nombriliste."

Certains joueuses étrangères, mais aussi les internationales françaises Marie-Laure Delie et Laure Boulleau, présentes au Stade de France, ont préféré ne pas s’entraîner. Farid Benstiti confie également s’être entretenu avec Cristiane quelques minutes devant les vestiaires, juste avant le début de l’entraînement.