Udinese color of Barcelone

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Invaincu depuis douze rencontres avec trente-trois réalisations à la clé, Udinese, quatrième du classement, est bien la révélation d'un championnat italien dit moribond et expirant. Dans le sillage de son tandem offensif Antonio Di Natale-Alexis Sanchez, la formation du Frioul propose un football total, qui n'est pas sans rappeler celui d'une certaine équipe catalane. Un nouveau statut à confirmer, dimanche, face à Catane lors de la 30e journée de Serie A.

Invaincu depuis douze rencontres avec trente-trois réalisations à la clé, Udinese, quatrième du classement, est bien la révélation d'un championnat italien dit moribond et expirant. Dans le sillage de son tandem offensif Antonio Di Natale-Alexis Sanchez, la formation du Frioul propose un football total, qui n'est pas sans rappeler celui d'une certaine équipe catalane. Un nouveau statut à confirmer, dimanche, face à Catane lors de la 30e journée de Serie A. La Série A virerait-elle à la mauvaise commedia dell'arte ? Certes, en retournant une situation très mal engagée face au Bayern Munich (3-2), l'Inter Milan a sauvé la face du football transalpin, désengorgée de tout autre représentant en quart de finale des Coupes européennes. Mais le constat est là, implacable : lors de la saison 2012-2013, le championnat italien perdra une place en Ligue des champions (trois au lieu de quatre) au profit de la Bundesliga. Pourtant, dans ce marasme ambiant, où résultats désastreux se marient à merveille avec stades vétustes, audiences télévisées en baisse et conservatisme aberrant, un modeste et obscur village peuplé d'irréductibles Udinois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Au point aujourd'hui de susciter les louanges de Gianni Mura, monument du journalisme en Italie, qui n'hésite pas à comparer le club frioulan au "petit Barça" pour sa façon de jouer. Un délit de chauvinisme que certains pourraient ne pas réprimer. Un "jouet" familial mais ultra-professionnel Quel autre club italien que l'Udinese, baigné dans la culture du travail et dans le culte de la vie saine, pourrait se targuer d'avoir conservé son néo-entraîneur, Francesco Guidolin, avec zéro point au compteur et neuf buts encaissés lors des quatre premières journées ? L'instabilité chronique qui touche les entraîneurs en Serie A n'est pas vraiment le genre de la maison bianconera et de ses propriétaires, les frères Pozzo, qui oeuvrent pour le bienfait de leur paroisse en donnant le temps à leurs bâtisseurs d'y imprégner leur patte. Une dévotion qui a notamment permis à Alberto Zaccheroni, à la tête des Zebrette de 1995 à 1998, d'être le précurseur du 3-5-2, un système atypique à trois défenseurs centraux qui perdure encore aujourd'hui dans toute l'Europe. Aujourd'hui, Guidolin, pourtant maître de la bougeotte aiguë, a prolongé son bail jusqu'en 2015 et donne le tempo à "la plus belle Udinese" en vingt-cinq ans de mandat du président Giampaolo Pozzo. Une fierté pour cet entrepreneur qui s'accompagne de celle d'avoir entre ses mains "un jouet" économiquement sain et bénéficiant d'une cote de sympathie intacte. Une machine à fabriquer des vedettes "A la fin de la saison, il y aura au moins un transfert important. C'est notre politique", annonce clairement le président Franco Soldati, qui devrait être bien occupé l'été prochain à jongler entre les fax des uns et des autres. Car, Udine, spécialisé depuis des années dans le rôle d'ascenseur promotionnel, compte au sein de son effectif plusieurs pépites en apesanteur qui ne demandent qu'à voir leur carrière décoller. Une force que les Bianconeri cultivent en dispatchant leurs recruteurs aux quatre coins du globe pour dénicher des futurs talents sans trop toucher à leur porte-feuille. C'est comme ça que les Alexis Sanchez, phénomène du moment courtisé par les ténors européens, Kwadwo Asamoah, Mauricio Isla et Gokhan Inler reprennent le flambeau laissé jadis par les Nestor Sensini, David Pizarro, Vincenzo Iaquinta et Antonio Di Natale, ce dernier fidèle parmi les fidèles et bien parti pour conserver son titre de capocannioniere de Serie A. Une politique multi-ethnique à nuancer car laissant sur le carreau des dizaines de jeunes joueurs trop tendres pour percer au plus haut niveau. Grenade, qui a signé un partenariat d'échange avec Udinese, n'a alors jamais si bien porté son nom tant beaucoup d'éléments prêtés en Andalousie ont perdu tout avenir footballistique. Une ligne directrice portée sur le football total Avec douze points en plus, Udinese serait aujourd'hui leader du championnat. Douze points évaporés lors des quatre premières journées où Guidolin, tout juste arrivé dans le Frioul, a eu bien du mal à tirer la quintessence d'un groupe talentueux mais encore trop naïf et déséquilibré. Pourtant, malgré sa tête des mauvais jours, l'ancien technicien monégasque refuse à l'époque de céder aux sirènes du découragement. "Au-delà des défaites, au-delà de la malchance, je peux assurer que je suis tranquille et serein. Pourquoi ? Parce que si l'on continue à jouer comme ça, il n'y aura aucun problème. Mon équipe travaille bien, les garçons donnent tout et vous verrez que bientôt, ils récolteront ce qu'ils méritent," assure t-il dans les colonnes du Corriere Dello Sport. Prémonition accordée avec, depuis ce faux départ, une litanie de succès à buts variables (33 lors des douze dernières journées), dont sept inscrit face au seul Palerme, un soir où le jeu des coéquipiers du Franco-Marocain Mehdi Benatia, aux antipodes de ce football fermé et défensif représenté dans les stéréotypes italiens, avait trouvé une forme de perfection. "L'important, c'est de toujours marquer un but de plus que l'adversaire," assène Guidolin. Pas de doute, Udine est bien le vent de fraîcheur que nous avait décrit notre confrère Mura.