Non, Federer n'est pas fini

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
TENNIS - Le Suisse a prouvé cette semaine à Bercy qu'il était capable de s'accrocher au sommet.

Le cap des 30 ans dépassé, un passage au quatrième rang mondial, aucun titre du Grand Chelem décroché en 2011 : certains observateurs ont eu tôt fait d'enterrer Roger Federer. En une semaine, le Suisse a remis les pendules à l'heure. Dimanche, il a remporté pour la première fois de sa carrière le Masters 1000 de Paris-Bercy, en dominant en finale le Français Jo-Wilfried Tsonga (6-1, 7-6[3]). Il a ainsi prouvé que, plus que jamais, il faudrait encore compter avec lui pendant quelques mois, voire quelques années...

Un jeu flamboyant. Cinq matches, cinq victoires, aucun set concédé. Roger Federer a survolé la semaine du côté du POPB. Cela se traduit dans les chiffres, bien sûr, mais cela s'est surtout vu dans le jeu. "Honnêtement je suis un peu surpris à quel point je joue bien", a même convenu le Suisse sur le court, lors de la remise des trophées, avec ce mélange de simplicité et de naïveté qui le caractérise. Dimanche, même s'il a été moins aérien que face à Tomas Berdych en demi-finales, Federer, pourtant handicapé par un rhume (!), a débordé un Tsonga émoussé avec une qualité de frappe presque iréelle, notamment dans le premier set. La surface actuelle de Bercy, plus lente que par le passé, semble convenir à merveille à son jeu, qui n'a jamais paru aussi délié. L'ancien n°1 mondial a également su élever son niveau quand il le fallait. Lors de la fin du deuxième set, il a ainsi remporté 16 des 23 derniers points, réalisant notamment deux derniers jeux blancs sur son service.

L'envie toujours là. Il suffisait de voir son émotion à la fin du match pour comprendre que Federer n'est pas rassasié. Frustré de titres majeurs en 2011, il est arrivé à Paris dans de bonnes dispositions d'esprit et avec l'envie de gagner. Cela s'est vu dès son premier match, face à Adrian Mannarino. "C'était juste sympa de jouer un très bon tournoi du début jusqu'à la fin", a souligné "Fed", qui restait sur une victoire chez lui, à Bâle. En l'emportant à Roland-Garros (2009) et à Bercy, il rejoint dans l'histoire du tennis un autre chouchou du public parisien, Andre Agassi. "C'est un rêve qui se réalise, ça faisait longtemps que j'attendais ça. Je suis content d'avoir pu passer ce cap-là dans ce méga stade qui fait un peu peur." Et Federer a fait cette confidence avant de se projeter avec envie sur le Masters à venir...

Des adversaires moins frais. A l'issue de ce succès de Federer à Paris-Bercy, on pourra toujours avancer que le Suisse n'a battu aucun des autres joueurs du "Big Four" : Novak Djokovic, Rafael Nadal et Andy Murray. Le premier a déclaré forfait avant son quart de finale contre Tsonga en raison d'une blessure à une épaule. Le deuxième a préféré se reposer en vue du Masters. Le troisième, qui restait sur trois succès de rang en tournoi, à Bangkok, Tokyo et Shanghai, a été éliminé par Berdych à l'issue d'une âpre bataille en trois sets. Federer, peut-être plus économe de ses efforts et au jeu sans doute moins traumatisant pour les muscles (pas pour les adversaires), semble mieux s'en tirer que ses rivaux en cette fin de saison. L'an dernier, cette fraîcheur automnale lui avait permis de remporter le Masters.

Plus rien à prouver. Si Federer n'est pas fini, c'est sans doute parce qu'il a déjà tout fait. Avec 16 titres du Grand Chelem et une série de records incroyable, il est déjà considéré comme le plus grand joueur de tous les temps. Sa victime en finale l'a d'ailleurs reconnu au micro : "pour moi, Roger est le plus grand joueur du monde et le restera pendant un bon bout de temps", a avoué Tsonga. Moins diplomate, le Suisse a lancé une pique contre ceux qui l'avaient enterré un peu tôt : "je ne joue pas pour les journalistes mais pour moi, mes fans et la Suisse". A l'écoute de son discours d'après-match, on y ajouterait bien "ma famille". Federer a en effet reconnu avoir été réveillé dans la nuit de samedi à dimanche à 4h00 du matin par l'une de ses jumelles, venue prendre place dans le lit conjugal. Voici peut-être ce qui explique pourquoi Federer continue de jouer aussi bien : le tennis n'est pas toute sa vie.