Montpellier croit en mieux

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Auteur d'une saison 2009-10 inespérée au regard de ses prétentions de promu, Montpellier a longtemps assumé son nouveau statut de poil à gratter du championnat avant de lâcher prise en fin d'exercice. Finalement quatorzièmes, les protégés de René Girard ont appris de leurs erreurs et s'appuieront encore sur la cohésion de leur groupe pour viser une belle place d'honneur.

Auteur d'une saison 2009-10 inespérée au regard de ses prétentions de promu, Montpellier a longtemps assumé son nouveau statut de poil à gratter du championnat avant de lâcher prise en fin d'exercice. Finalement quatorzièmes, les protégés de René Girard ont appris de leurs erreurs et s'appuieront encore sur la cohésion de leur groupe pour viser une belle place d'honneur. LA SAISON DERNIÈRE De la première communion à la confirmation, il n'y a qu'un pas que Montpellier a suivi religieusement. Ou presque. Après avoir parfaitement joué les enfants de coeur lors de l'exercice 2009-10, sous l'euphorie d'une montée précédée de cinq années au purgatoire, les petits scouts de Louis Nicollin ont alterné le bon comme le mauvais, symbole d'un long chemin de croix achevé à une anecdotique quatorzième place. Le bon, c'est cette première partie de saison où la fraîcheur de ses jeunes pousses, la solidité de son épine dorsale et l'efficacité de son buteur Olivier Giroud (12 réalisations) ont longtemps permis au MHSC de viser un deuxième visa successif pour l'Europe. Et surtout de disputer une finale de Coupe de la Ligue, attendue depuis 1994 par toute une région, et finalement perdue contre Marseille (1-0). Le tournant de sa saison. Car ce revers a coupé les ailes d'Héraultais démobilisés, incapables de glaner plus de quatre points sur les vingt-quatre mis en jeu après ce fameux 23 avril. C'est avec ce goût d'inachevé, notamment dénaturé par son jeu rugueux (neuf cartons rouges et quatre-vingt-trois jaunes !) et les saillies verbales de ses communicants que les Montpelliérains repartent en août au combat. LE RECRUTEMENT On prend (quasiment) les mêmes et on recommence. Pas forcément retenu par ses dirigeants, Emir Spahic, le Docteur Jekyll et Mister Hyde local, quitte les bords de l'Hérault sur un bilan mitigé. Sa prestance et son aisance technique ne feront pas oublier ses dix-sept matches de suspension glanés la saison dernière par la violence de sa défense. Deux millions d'euros, alors que "Loulou" en exigeait 23 de plus l'été dernier, auront suffi à convaincre le président montpelliérain de lâcher le capitaine de la sélection bosnienne au FC Séville. Un gâchis. Pour le remplacer, le staff du MHSC explore plusieurs pistes dont celle menant au Parisien Zoumana Camara. En attendant l'arrivée d'un défenseur central d'expérience, Henri Bedimo, latéral gauche pioché chez le relégué lensois, est le seul petit nouveau à découvrir le complexe d'entraînement de Grammont et les stages de préparation à Mende. Et sauf surprise de dernière minute, ce "privilège" devrait durer jusqu'au prochain mercato. LE JOUEUR A SUIVRE Rémy a retrouvé sa famille. Après un prêt constructif la saison dernière à Arles-Avignon, Rémy Cabella regoûte au plaisir de côtoyer ses potes de la génération 90, lauréate de la Coupe Gambardella en 2009. Le milieu offensif corse, qui a mis du temps à se remettre d'une rupture des ligaments croisés, a été l'une des rares satisfactions de l'exercice provençal, avec trois réalisations en cinq petites titularisations. Une fin de saison canon qui lui a permis d'intégrer, avec mention, l'équipe de France Espoirs (5 sélections, 1 but et des prestations remarquées). Ce petit gabarit, très habile balle au pied, se sent désormais "prêt à donner le maximum pour Montpellier" alors que plusieurs clubs, intéressés par son profil atypique, avaient pris des renseignements sur son futur proche. Mais René Girard et son staff comptent beaucoup sur ce joueur formé au club, qui devrait découvrir l'ambiance de la Mosson dès le 6 août et la réception d'Auxerre. Et si Cabella était finalement la meilleure recrue du MHSC ? L'ENTRAINEUR Un personnage qui ne laisse personne indifférent. René Girard, le passionné, séduit autant de partisans, qui louent son professionnalisme et ses compétences de formateur, qu'il n'a de détracteurs, lassés des états d'âme de ce Gardois pur jus. Un caractère entier et bien trempé que cet ancien milieu défensif accrocheur parvient à insuffler à ses protégés dans ses discours. Au point aujourd'hui de trouver une connivence entre cette équipe de Montpellier et son entraîneur. Cette relation branchée sur le mode "je t'aime, moi non plus", Girard l'entretient également avec son président Louis Nicollin. Ce dernier, conscient de l'influence du successeur de Rolland Courbis dans les résultats de son équipe depuis deux ans, ne cesse de tresser des louanges à celui "qu'il est allé chercher". Mais les deux hommes ne sont pas à l'abri de couacs, comme celui de l'an passé, où "Loulou", levé du mauvais pied, avait déclaré "être capable de ne pas le garder". A l'aube de ce nouvel exercice, Girard a remis son bleu de travail et ne compte pas changer de ligne de conduite. "Ma réputation est faite comme dirait l'autre". L'OBJECTIF La fin de saison en eau de boudin du MHSC n'a pas déteint sur le moral des troupes qui, à l'image de son patron Louis Nicollon, vise "la septième place et une bonne carrière en Coupe de France. Ou de la Ligue..." Mais "Loulou", en observateur averti du championnat, n'en oubliait pas à la reprise son petit côté Guy Roux: "Lorsque je commence une saison, je n'oublie jamais que l'on peut aussi descendre en Ligue 2. Je ne suis pas comme certains grands clubs qui se croient plus forts qu'ils ne sont. Et qui aujourd'hui se retrouvent en bas." Une analyse partagée par René Girard qui, malgré la "grande confiance accordée en son groupe", se refuse à faire des plans sur la comète. De l'ambition oui, de l'engagement aussi, mais surtout le devoir de faire le maximum pour ne rien regretter. "Si l'on reste dans cet état d'esprit-là, on en "emmerdera" encore quelques uns", assène le roi des trouble-fête. LE PRONOSTIC DE LA REDAC A priori, sauf mauvaise surprise, Montpellier a toutes les armes pour se maintenir. En misant sur la continuité d'un groupe qui apprend à grandir ensemble, les dirigeants héraultais espèrent installer le club dans les dix meilleures formations de Ligue 1 à plus ou moins long terme. Les résultats de ces deux dernières années confirment en tout cas le fort potentiel d'un groupe, parfait alliage entre talents en devenir (Giroud, Belhanda, Yangambiwa...) et joueurs de devoir (Pitau, Jeunechamp, Marveaux...). Reste à savoir comment le MHSC va digérer le départ d'Emir Spahic et si les arbitres vont tenir compte, dans leurs discussions de début de saison, de la "mauvaise" réputation naissante de la Paillade.