Lièvremont et le précédent Domenech

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RUGBY - Lièvremont a appris le nom de son successeur avant le Mondial, comme Domenech.

Marc Lièvremont connaît depuis lundi le nom de son successeur à la tête de l'équipe de France de rugby. Il s'agit de Philippe Saint-André, actuel manager du RC Toulon. L'information a été révélée lundi par l'hebdomadaire Midi Olympique et devrait être officialisée mardi ou mercredi, soit à une quinzaine de jours seulement du début de la Coupe du monde. Cela vous rappelle vaguement quelque chose ? C'est normal. Il y a un peu plus d'un an, Raymond Domenech apprenait qu’il serait remplacé par Laurent Blanc à moins d'un mois de l'échéance mondiale. Mais, pour autant, la situation n'est pas tout à fait la même. Explications. 

Un entraîneur moins fragile. Depuis sa prise de fonction fin 2007, Marc Lièvremont n'est pas épargné par les critiques, loin de là. Mais rien de comparable à ce qu'a subi Raymond Domenech sur ses deux dernières années de contrat. L'ancien troisième ligne international, qui a mené les Bleus au Grand Chelem l'an dernier dans le Tournoi des Six Nations, monte au front de la Coupe du monde avec une crédibilité à peine ébranlée par une année 2011 mi-figue mi-raisin. Mais surtout, alors que Domenech, touché par l'usure du pouvoir (trois ans de plus que Lièvremont à la tête de l'équipe de France) avait paru vouloir s'accrocher à son poste, feignant de voir le caractère inexorable de son départ, Lièvremont avait lui-même annoncé, à l'automne dernier, qu'il ne rempilerait pas après la Coupe du monde. De fait, sa mission est claire et le discours auprès de ses joueurs ne peut que gagner en efficacité.

Une gestion en amont. Si la succession de Domenech s'est faite sans lui, ce ne fut pas le cas de celle de Lièvremont. L'entraîneur des Bleus a été tenu au courant par la Fédération française de rugby (FFR). "Je remercie le président de la FFR (Pierre Camou) de m'avoir tenu au courant de l'évolution du dossier depuis le début", précise l'entraîneur des Bleus dans L'Equipe. Et Marc Lièvremont se féliciterait même que cette affaire ait été réglée avant le départ pour la Nouvelle-Zélande. "Je trouve même logique et sain que la Fédération ait travaillé à cette succession en amont. Quand on voit l'incidence qu'a pu avoir cette question sur la gestion humaine du groupe, lors de celle de Raymond Domenech, l'an passé, dans la Coupe du monde de foot en Afrique du Sud, je trouve même ça plutôt sain." Pour autant, à l'instar de Domenech, le sélectionneur du XV de France n'a jamais souhaité s’exprimer sur le nom de son successeur, préférant botter en touche, comme en mai dernier, sur Europe 1. 

"Je m'en contrefous", avait-il lancé au micro d'Europe 1 :

 

Un traitement hors-saison. Les premières rumeurs sur le nom du successeur de Lièvremont ont émergé quelques secondes après la fin de la finale du Top 14 Toulouse-Montpellier (15-10). Elles concernaient l'entraîneur des tout frais champions de France, Guy Novès. La situation fut tout autre l'an dernier. Les échos envoyant Laurent Blanc sur le banc des Bleus ont couru dès le mois de février et n'ont pas manqué de perturber en pleine saison son club d'alors, Bordeaux, passé en quelques semaines de champion en puissance à acteur secondaire. Alors que le Top 14 s'ouvre vendredi, Toulon ne sera pas gêné en cours de saison mais juste avant... Son président, Mourad Boudjellal, a regretté le mauvais timing de ce recrutement. "Il faudrait que la Fédération calque son calendrier sur celui du Top 14 avec des contrats d'entraîneurs qui se finissent au 30 juin", a-t-il souligné. 

Une approche en toute discrétion. Peu de personnes étaient dans la confidence du président de la FFR, Pierre Camou. Selon L’Equipe, ils n’étaient peut-être même que trois à "savoir" : Marc Lièvremont, donc, Serge Blanco, membre du comité directeur de la FFR, et l'ancien sélectionneur Jean-Claude Skrela. Mais, à aucun moment ces derniers mois, un nom n'a été jeté en pâture. Au contraire, l'an dernier, le président de la Fédération française de foot d'alors, Jean-Pierre Escalettes, avait lui-même entretenu la rumeur du recrutement de Laurent Blanc et contribué ainsi au flou artistique autour de la succession de Domenech. Pour autant, le travail de Pierre Camou ne fait pas l'unanimité. Le président du Stade Toulousain, Jean-René Bouscatel, s'est montré très dur au micro d'Europe 1, considérant comme "haïssable" l'approche de la FFR en vue de recruter l'entraîneur des avants des Rouge et Noir, Yannick Bru. Quand on change de sélectionneur, c'est forcément toujours un peu dans la douleur...

C'est "totalement haïssable", considère Jean-René Bouscatel :

Entraîneur tenu au courant, gestion mieux maîtrisée,... Les circonstances de l'annonce de la succession de Lièvremont sont bien différentes de celles qui ont entouré le départ anticipé de Raymond Domenech, l’an dernier. Rien ne laisse donc présager une éventuelle grève des joueurs en Nouvelle-Zélande…