La vidéo gagne du terrain...

© REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
FOOT - La Fifa annonce qu'une nouvelle technologie sera utilisée sur la ligne de but en 2014.

La vidéo dans le football, c'est peut-être pour demain... Le président de la Fédération internationale (Fifa), Sepp Blatter, annonce en effet mardi, dans un entretien au quotidien espagnol Mundo Deportivo, qu'une nouvelle technologie sera utilisée pour la première fois dans le football lors de la Coupe du monde 2014, au Brésil. "Le Mondial 2014 sera doté de la technologie pour éviter les buts fantômes", annonce le dirigeant suisse. Sans entrer dans les détails techniques, Blatter indique que la Fifa dispose "de deux bons systèmes", répondant à toutes ses demandes : "fiabilité, immédiateté et simplicité d'utilisation".

Pour comprendre cette décision, il faut remonter au 27 juin 2010. Ce jour-là, l'Allemagne affronte l'Angleterre en huitièmes de finale de la Coupe du monde et mène 2-1 après 37 minutes. Sur un lob, Steven Gerrard trompe le gardien allemand des vingt mètres. Le ballon franchit la ligne d'un bon mètre mais l'arbitre ne valide pas ce but. Le "but fantôme" fait un retour fracassant dans l'actualité. 

Lampard voit son but refusé :

A l'époque, certains supporters allemands avaient pris ce but refusé comme une revanche historique. En effet, lors de la finale de la Coupe du monde 1966 entre l’Angleterre et l’Allemagne (4-2 a.p.), l'arbitre de la rencontre avait validé un but durant la prolongation à l'Anglais Geoff Hurst sur une frappe qui avait heurté la transversale avant de rebondir... près de la ligne de but. Depuis, des études ont montré que le ballon n’était pas entièrement rentré.

Hurst voit son tir validé en but :

Quarante-cinq ans après le vrai faux but de Hurst et un peu plus d'un an après le faux vrai but de Lampard, la donne semble avoir changé et l'instance de régulation du football veut désormais éviter le ridicule, alors que l'IRB, dans le rugby, utilise depuis plusieurs années la vidéo pour juger de la validité des essais.

"Ça va ramener de la sérénité chez les arbitres et surtout du confort", souligne Bruno Derrien, ancien arbitre international, au micro d'Europe 1. "C'était plus possible. Aujourd'hui, il faut aider les arbitres, le jeu va tellement vite. Personne n'est à l'abri d'une telle erreur."

Bruno Derrien le souligne volontairement. Lui-même avait été au cœur d'une grosse polémique en janvier 1999. Lors d'un seizième de finale de Coupe de la Ligue entre Marseille et Lens, l'ancien arbitre avait invalidé un tir au but au Marseillais Eric Roy.

Bruno Derrien invalide injustement un tir au but (à 1'25") :

Avant l’annonce faite par Sepp Blatter ce mardi, la Fifa avait évoqué la possibilité d'une puce disposée à l'intérieur du ballon qui signalerait s'il y a but ou non. L'UEFA, qui gère elle le football au niveau européen, expérimente depuis la saison dernière l'arbitrage à cinq en Ligue des champions, avec deux arbitres dévolus à chacune des surfaces de réparation. "Pour ma part, je suis assez réservé", explique Bruno Derrien. "J'ai le sentiment qu'ils étaient très peu interventionnistes. Seule l'image pourra apporter une aide à l'arbitre. C'est facile, on a un doute, on vérifie à l'image, ça prend quelques secondes."

Les militants pro-vidéos peuvent espérer que cette décision, historique, ouvrira la boîte de Pandore. Car juger de la gravité d'un acte d'antijeu ou juger de la réalité d'une faute dans la surface de réparation pourrait aussi ne prendre que "quelques secondes". Cette (petite) volte-face de la Fifa pourrait être aussi un coup dur pour Michel Platini, président de l’UEFA, militant d'un arbitrage humain et fervent opposant à la vidéo. Mais aussi successeur possible de Sepp Blatter à la présidence de la plus puissante fédération sportive au monde....