La "guerre des Sébastien" agite Citroën

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RALLYE - Les deux pilotes français, Loeb et Ogier, ne s’entendent plus.

Citroën avait tout pour passer une bonne journée dimanche. Le troisième doublé de la saison (Ogier en tête, Loeb second), la huitième victoire de rang cette saison (un record) et le 78e succès de l’histoire de la marque, une de plus que son grand rival, Ford. Et si tous ces records ne suffisaient pas, l’écurie française pouvait aussi se réjouir d’une avance considérable (91 points à quatre rallyes de la fin) au classement des constructeurs. Oui mais voilà, le rallye d’Allemagne a été ébranlé par des chamailleries internes entre les deux pilotes français, Sébastien Loeb et Sébastien Ogier.

Ogier se rebelle

A l’issue de la première étape vendredi, tout allait bien. Le septuple champion du monde menait les débats et son coéquipier, Sébastien Ogier, comptait sept secondes de retard. Les voitures Ford déjà distancées, le doublé quasiment dans la poche, Olivier Quesnel, patron de Citroën Racing, a alors décidé de sceller définitivement le sort du rallye. La consigne était donnée : Loeb resterait premier et Ogier s’effacerait. Objectif simple et clairement assumé par Citroën : distancer Ford au classement des constructeurs et assurer le doublé.

Très irrité par la décision de ses supérieurs, Sébastien Ogier est sorti de ses gonds samedi, après la deuxième journée de course au micro d'Auto-motos : "Seb va aller pleurer, dire qu'il faut des consignes car il va se faire embêter par son petit équipier. C'est difficile de ne pas être autorisé à se battre pour la victoire. Je trouve qu'il ne devrait pas y avoir de consigne mais ce n'est pas moi qui décide". Le ton est donné. Si la concurrence était connue entre les deux hommes, aucun n’avait jusque là osé faire une sortie publique pour critiquer la gestion de Citroën.

Coup du sort et réponse de Loeb

Le plus jeune des deux a bénéficié d’un coup du sort le samedi. Victime d’une crevaison dans la dernière spéciale, Sébastien Loeb a perdu une minute et laissé échapper la victoire au bénéfice de… Sébastien Ogier. Après sa victoire, Ogier a persisté : "je ne veux évidement pas me réjouir de ce qui arrive à mon coéquipier mais je me dis qu'il y a une justice..." Et de poursuivre : "j'aurais accepté la défaite si j'avais pu me battre contre lui. Ce n'est pas ma vision du sport. Il y a des choses et des gens qui me faisaient rêver et c'est de moins en moins le cas…"

Invaincu depuis 2002 en Allemagne et 2005 sur asphalte, l'Alsacien n’a pas vraiment apprécié que son coéquipier s'épanche dans les médias. "Cacun a sa façon de faire. Moi, je n'étale jamais mes discussions internes en public. Seb a décidé de procéder autrement. C'est son problème. Au passage, il se fait plaisir en me critiquant. Alors, c'est sûr, ça fait beaucoup de bruit" a répliqué Loeb dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Et de conclure sans prendre de pincette : "on a gagné sept championnats avec Citroën. S'il faut privilégier quelqu'un, ce n'est pas lui".

La petite gueguerre d’égos entre les deux pilotes a pris de telles proportions que le Directeur général de Citroën a dû intervenir. "Sébastien Loeb est en tête du championnat du monde, Citroën est en tête pour les constructeurs. C’est quelque chose que j’aimerais voir aussi à la fin de l’année", a estimé Jean-Marc Gales, prenant clairement position pour le champion en titre. Si la marque française est quasiment assurée de remporter le titre mondial des constructeurs, elle devra balayer devant sa porte avant le début de la prochaine saison. Sébastien Loeb a peut-être une idée sur la suite des événements, ou du moins une proposition : "ce n'est pas à moi de décider. Mais j’avais déjà dit à Sébastien Ogier avant qu'il vienne chez Citroën d'aller voir ailleurs. Ce serait plus simple". Le message est passé.