La Diagonale des Fous de course

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Amélie Bertrand , modifié à
L’édition 2010 de ce raid unique a commencé à la Réunion. Le but : courir 163 km en deux jours.

La Diagonale des fous, raid qui traverse toute l’île de la Réunion, ne pourrait pas mieux porter son nom. L’épreuve consiste en une course sur 163 kilomètres, avec plus de 9.000 mètres de dénivelé, à parcourir en moins de trois jours.

Et pourtant, malgré l’incroyable difficulté, ils se pressent chaque année sur la ligne de départ. La session 2010, qui a démarré jeudi à 22 heures, a une fois de plus fait le plein de concurrents. Hommes ou femmes, ils étaient plus de 2.600 au départ, même s’ils savent que, chaque année, plusieurs centaines s’arrêtent en cours de route.

Objectif : voir l’arrivée

Certains en sont à leur sixième participations, d’autres retentent le coup après un abandon l’année passée. Tous sont amateurs. Et leur but n’est certainement pas d’arriver le premier. "J’espère terminer dans les meilleurs conditions", nous raconte Dominique qui en est à sa troisième participation. "Je veux juste voir l’arrivée", explique à Europe1.fr Sophie, qui s'est pour la première fois lancée dans l’aventure après avoir couru plusieurs semi-raid (la moitié de l’épreuve).

Quant à Florence et François, qui tentent en couple pour la première fois cette drôle d’épreuve, leurs objectifs sont simples. "Tracer la route, avancer d'un point à l'autre sans se soucier du chrono, ne pas céder aux sirènes de l'abandon et rester humble et modeste devant la montagne et l'inconnu complet que représente ce défi complètement fou".

Regardez la vidéo d'un participant :

Des paysages grandioses

En 18 ans, ce raid est devenu mythique, non seulement pour l’épreuve physique, mais aussi pour son tracé unique au monde. Le chemin passe par deux volcans et trois cirques naturels, des lieux classés récemment par l’Unesco au patrimoine mondial de l’Humanité.

La première nuit de course se déroule ainsi en partie près du Piton de la Fournaise, qui a décidé d’entrer en éruption quelques jours avant la course. Le parcours est sans danger pour les "Fous", si ce n’est d’assister à un spectacle unique au lever du soleil. "Ce qu’on aime, c’est la difficulté extrême de cette épreuve, mais aussi le caractère unique des paysages traversés", nous raconte Alexandre, un habitué. "On est à mille lieuxdu star-system et c'est rafraîchissant".

Un entraînement draconien

Mais pour espérer arriver au bout de la course, une longue préparation reste absolument nécessaire. "Ça commence bien avant le coup de feu du départ", résume Benjamin, un internaute. Les coureurs s’y prennent un an à l’avance. Ils effectuent plusieurs joggings par semaine, et des grosses randonnées de 5 à 7 heures plusieurs fois par mois. Le but est évidemment d’augmente ses capacités physiques, mais aussi sa résistance à la douleur.

Le Piton des Neige est sur la route des coureurs :

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Tout est oublié passé l’arrivée

Car les organismes souffrent durant cette course hors-norme : l’immense fatigue, les ampoules, les temps de repos très courts, les crampes, les genoux qui s’usent… Le tout sous un climat humide et chaud, et à travers des sentiers sinueux.

Et pourtant, chaque candidat le raconte, tout est oublié une fois franchi la ligne d’arrivée. "On a l’impression d’être un héro qui revient de la guerre, d’être un voyageur de l’au-delà qui a passé de nombreuses heures sur la planète des fous", se souvient Yankell, un internaute. "C’est étonnant comme l’esprit a vite fait d’oublier la douleur", confirme Alexandre.

A tel point que, malgré les difficultés, ils sont nombreux à renouveler l’expérience. "Justement parce que c’est difficile", s’enthousiasme Yankell. "Et parce que, aussi incroyable que ça puisse paraître, j’y trouve du plaisir". "La course porte très bien son nom", continue Martin, autre habitué. "Combien de fois je me suis dit durant l’épreuve : ‘Mais quel truc de fou, c’est pas possible de tracer un parcours pareil !’. Et en même temps, c’est un bonheur immense, indescriptible !", conclut-il.