La 10e journée au banc d'essai

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Verrouillé et furieux dans le combat le vendredi, à Colombes, le Top 14 s'est révélé ouvert et ambitieux dans le jeu samedi, au Stadium de Toulouse. De quoi peut-être rassurer le sélectionneur national Marc Lièvremont auquel le récital toulousain n'aura pas échappé. Pas plus que le mauvais geste d'un Dimitri Szarzewski, cité et qui pourrait payer cher son désir de vengeance. Enfin, le Briviste Estebanez s'auto-flagelle quand Clermont s'agace.

Verrouillé et furieux dans le combat le vendredi, à Colombes, le Top 14 s'est révélé ouvert et ambitieux dans le jeu samedi, au Stadium de Toulouse. De quoi peut-être rassurer le sélectionneur national Marc Lièvremont auquel le récital toulousain n'aura pas échappé. Pas plus que le mauvais geste d'un Dimitri Szarzewski, cité et qui pourrait payer cher son désir de vengeance. Enfin, le Briviste Estebanez s'auto-flagelle quand Clermont s'agace. LE JOUEUR : Dimitri Szarzewski (Stade Français) Dimitri Szarzewski avait sans doute à coeur ce samedi de se rappeler au bon souvenir du Toulonnais Jean-Philippe Genevois. Le sang du talonneur international n'a fait qu'un tour lorsque l'ex-Berjallien a fait son apparition sur la pelouse du Stade de France à la 48e minute de jeu en remplacement de Sébastien Bruno. Szarzewski a ainsi asséné un coup de tête à son homologue toulonnais suite à une mêlée particulièrement disputée, qui obligera l'arbitre M. Gauzere à le rappeler à l'ordre puis à pousser les deux hommes à une poignée de mains glaciale. Le Parisien n'avait évidemment pas oublié Genevois qui, il y a deux ans, lui avait porté un premier coup de tête lors d'un match de championnat à Jean-Bouin entre le Stade et le CSBJ, fracturant le plancher orbital de Szarzewski. Un geste qui avait alors valu 70 jours de suspension à un Genevois se plaignant d'avoir subi une fourchette préalable. Sans surprise, le talonneur parisien, n'échappera pas à une citation que l'on pressentait dès le coup de sifflet final. Le 10 novembre prochain, soit à 3 jours du premier des trois test-matches du XV de France cet automne face aux Fidji, à Nantes, l'international tricolore comparaîtra donc devant la commission de discipline de la Ligue nationale (LNR) afin d'y répondre de ce geste. Qui pourrait lui valoir, s'il est reconnu coupable, de 30 jours à 2 ans de suspension, et donc de ne pas être en mesure d'honorer sa sélection attendue pour cette tournée de novembre. Reste à savoir si Marc Lièvremont prendra, ou non, le risque de retenir dès mercredi, jour de l'annonce du groupe des 30 pour cette tournée d'automne, un joueur en sursis. DANS LE VESTIAIRE DU... : Stade Toulousain D'un extrême à l'autre. Le Top 14 a offert ce week-end deux visages diamétralement opposés, mais qui finalement offrent sans doute l'illustration parfait de sa richesse. Du premier match sans essai de la saison vendredi, à Colombes, entre le Racing et Bayonne (15-9) à la régalade samedi du Stadium de Toulouse, où les Champions d'Europe de Guy Novès ont remporté un match à sept essais (38-29) aux dépens de l'Usap, il y en a pour tous les goûts dans ce championnat. Une saison qui guettait avec pas mal d'impatience un choc de très haut niveau et qui n'a pas été déçu du voyage. Ne parlez pourtant pas de match référence aux Toulousains, dont les cinq essais, fruits une nouvelle fois de l'extraordinaire travail de leur pack, incarné par un William Servat en forme internationale, étaient nécessaires pour mettre au pas des Catalans à la hauteur, au moins par leurs intentions, de leurs vainqueurs. Le Stade a pourtant livré son meilleur match de la saison, n'en déplaise à Jean-Baptiste Elissalde, plus soulagé qu'il ne veut bien le dire de voir ses lignes arrières enfin concrétiser la domination de leurs "gros". "Je ne me suis jamais inquiété quand on parlait d'inconstance, alors je ne vais pas m'emballer non plus après ce match, tempère dans La Dépêche du Midi l'ancien demi de mêlée, qui aura apprécié le joyau de son ancien rival, Byron Kalleher: L'essai sur bras cassé de Kelleher nous a fait du bien en début de deuxième mi-temps. Ce n'est pas travaillé à l'entraînement et c'est vraiment un exploit personnel." L'un des cinq essais toulousains de l'après-midi, qui portent le total des Champions d'Europe cette saison à 30 essais inscrits en 10 journées, soit la meilleure attaque du Top 14 avec une moyenne parfaite de 3 réalisations (elle est de 3,44 pour l'ensemble du Top 14, en progression par rapport à la saison dernière, ndlr) et 29,6 points par match. "On a fait un très bon match, apprécie David Skrela. Dans l'engagement, dans ce que l'on a créé. (...) On sentait que depuis quelques semaines des choses commençaient à se mettre en place. Il y a beaucoup d'investissement de notre part et c'est bien d'être récompensé. Mais nous ne sommes champions de rien du tout. On ne va pas avoir le temps de se relâcher car Toulon arrive..." LA PHRASE : "Les 20 points, c'est pour ma gueule." (Fabrice ESTEBANEZ, CA Brive Corrèze, dans Jour de Rugby) C'est une analyse sans concession de sa propre performance qu'a livré samedi Fabrice Estebanez à l'issue de la défaite (26-21) du CABC sur la pelouse du promu rochelais. Un revers qui relègue du même coup les Corréziens dans le championnat que se livrait jusqu'à présent à trois, La Rochelle, Agen et Bourgoin, pour le maintien. Un nouveau faux-pas dont Estebanez, pas tendre avec lui, prend l'entière responsabilité, notamment sur une première période au terme de laquelle Brive était déjà mené (20-13): "C'est une grosse désillusion", a avoué dans Jour de Rugby celui que ses entraîneurs ont replacé en n°10 depuis plusieurs matches. "En première mi-temps, Brive a eu un demi d'ouverture catastrophique. Enfin, il est là, mais il n'existe pas et fait n'importe quoi. Les 20 points, c'est pour ma gueule. Dans ces conditions, c'est difficile de cravacher." Une désillusion partagée par l'ailier international, Alexis Palisson: "Aujourd'hui, le sentiment qui prime, c'est la déception parce qu'on va galérer toute la saison, je pense, on va plutôt regarder vers le bas et on va encore passer une saison difficile. Ça fait c.... parce que je le dis et je le répète, on a un super groupe, mais on n'a pas les résultats qui suivent." LA STATISTIQUE : 5 Comme la cinquième défaite de rang concédée en déplacement par l'ASM Clermont-Auvergne, défaite (16-13) samedi, à Biarritz. Rougerie et ses coéquipiers, qui en avril dernier avaient su profiter de leur visite à Aguiléra pour éviter ce cinquième faux-pas lors de la dernière journée de la saison régulière, n'avaient plus connu pareille série loin de Marcel-Michelin depuis la saison 2005-2006 entre la 18e et la 24e journée. Une éternité pour des Champions de France, qui commencent à s'interroger sur cette inefficacité hors de leurs bases. Une perplexité résumée par un deuxième ligne international, Julien Pierre, agacé, sur le site newsauvergne.com: "Ca commence à faire beaucoup d'autant qu'on a l'impression que ça se répète et cela devient carrément lassant".