Juventus et astuces

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Septième des deux derniers exercices, la Juventus Turin a souhaité repartir de zéro pour redevenir la machine à gagner d'antan. Nouveau stade, nouveau coach et nouveaux joueurs, le club cher à la famille Agnelli n'a pas lésiné sur les moyens pour tenter de retrouver les sommets. Une rédemption qui passe par un test important face à l'AC Milan, dimanche soir, en clôture de la 6e journée de Serie A.

Septième des deux derniers exercices, la Juventus Turin a souhaité repartir de zéro pour redevenir la machine à gagner d'antan. Nouveau stade, nouveau coach et nouveaux joueurs, le club cher à la famille Agnelli n'a pas lésiné sur les moyens pour tenter de retrouver les sommets. Une rédemption qui passe par un test important face à l'AC Milan, dimanche soir, en clôture de la 6e journée de Serie A. Tout fout le camp, ma Vieille Dame ! Même les pires ennemis de la Juventus ressentent de la compassion pour cette Vecchia Signora, passée sous les coups de bistouri de plusieurs chirurgiens (six en cinq ans), sans que ses cicatrices béantes et douloureuses ne soient recouvertes par autre chose que du fond de teint. Incapables de gagner le moindre trophée depuis août 2003 et une pauvre Supercoupe d'Italie, les Bianconeri ont bafoué depuis trop longtemps le leitmotiv cher à Giampiero Boniperti, président d'une longue période dorée (18 trophées entre 1971 et 1990), : "A la Juve, gagner n'est pas important. C'est juste l'unique chose qui compte." Autant dire que la piqûre de rappel, administrée sur écran géant lors de l'inauguration du nouveau stade, n'a pas été des plus inutiles pour exhumer l'esprit d'un club retombé dans l'anonymat des palmarès de fins de saison. Mais comment cette quête perpétuelle de la victoire s'est elle retranscrite dans les faits cet été ? Voici trois premiers éléments de réponse. Modern Family ? Décriée pour son manque d'attractivité et son marasme sportif depuis plusieurs années, la Serie A plaide pour sa défense l'échec de la candidature italienne à l'Euro 2016, qui lui aurait permis de moderniser nombre d'écrins vétustes et obsolètes. Alors, lorsque le club piémontais a inauguré cet été son Juventus Stadium, qui attend un sponsor pour être rebaptisé à travers un contrat de naming, tous les aficionados du championnat transalpin y ont vu un signe précurseur. "Si nos clubs veulent concurrencer les grands d'Europe, ils doivent absolument construire des enceintes qui leur appartiennent, avait annoncé Fabio Capello, sélectionneur de l'Angleterre, avant de se réjouir du projet bianconero, envisagé depuis une quinzaine d'années. C'est le chemin qu'a pris la Juve et c'est un tournant pour le Calcio." Reste désormais à mesurer l'impact psychologique de ce nouveau stade à la configuration anglaise (41 000 places, un terrain proche des tribunes et une aire commerciale démentielle autour). Andrea Agnelli mise sur un bonus de dix points par saison. Un minimum pour un dessein de 122 millions d'euros. Un Conte de fées ? Chat échaudé craint normalement l'eau froide. Pourtant, quand il a appris qu'il deviendrait le septième technicien turinois en cinq ans, et le troisième dans le lot à avoir défendu les couleurs bianconeri par le passé, Antonio Conte s'est jeté à corps perdu dans la bataille. Histoire de lever les doutes sur son inexpérience à la tête d'une grosse écurie. "Conte est la force de la Juve, il est en train de transmettre toute sa motivation et sa rage de vaincre", souligne Ciro Ferrara pour décrire le tempérament de son ex-coéquipier. Alessandro Del Piero, qui en a vu d'autres, emploie plutôt le terme de "marteau" pour décrire ce stakhanoviste du football. Déjà, sur les pelouses, Conte ne faisait pas partie de la famille des joueurs doués. C'est son extrême rigueur, son dévouement et son sens du collectif qui lui ont permis de devenir un incontournable du temps de la Juve irrésistible des Baggio, Vialli, Zidane. Des qualités que l'ancien entraîneur de Sienne compte bien transposer dans ses discours et son tableau noir. Une Pirlo-dépendance ? "Ils sont Pirlo-dépendants. C'est lui qui les fait jouer. Si vous le sortez, les autres deviennent des fourmis et perdent leur jeu". La critique est signée Pietro Lo Monaco, directeur sportif de Catane, dernière formation à avoir affronté et accroché les coéquipiers de Del Piero (1-1). La Juventus a eu beau dépenser 87 millions d'euros pour renforcer son effectif, le maillon fort de son recrutement XXL ne lui a pas coûté un seul kopeck. Libéré par l'AC Milan qui voyait en lui un meneur de jeu vieillissant (seulement 17 matches de Serie A la saison dernière), le champion du monde 2006, déjà auteur de trois passes décisives, a quitté son cocon lombard pour détenir les clés du jeu bianconero. Sa vision de jeu et ses ouvertures lumineuses font déjà le bonheur des quatre éléments offensifs alignés par Conte. "Quand j'ai vu Adriano Galliani (ndlr : vice-président rossonero), je l'ai remercié d'avoir rendu le championnat plus équilibré", explique Gianluigi Buffon, dans La Gazzetta Dello Sport. Prendre gratuitement un joueur de son niveau et de sa valeur, c'est l'affaire du siècle !" Dimanche, Milan pourrait le payer au prix fort...