Guazzini: "Un nouveau départ"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Cinq ans que Max Guazzini a su imposer l'idée incongrue de prime abord de délocaliser les matches de son Stade Français au Stade de France. Un anniversaire que ses joueurs, tombeurs de l'armada toulonnaise (22-15), ont eu le bon goût de ne pas gâcher samedi. Un coup d'éclat que le président parisien savoure, sans pour autant oser encore exposer de trop hautes ambitions pour un groupe en reconstruction.

Cinq ans que Max Guazzini a su imposer l'idée incongrue de prime abord de délocaliser les matches de son Stade Français au Stade de France. Un anniversaire que ses joueurs, tombeurs de l'armada toulonnaise (22-15), ont eu le bon goût de ne pas gâcher samedi. Un coup d'éclat que le président parisien savoure, sans pour autant oser encore exposer de trop hautes ambitions pour un groupe en reconstruction. Max, cinq ans de délocalisation au Stade de France, l'anniversaire n'est pas gâché. Comment expliquer que l'engouement demeure intact ? Effectivement, ça fait cinq ans, la première fois, c'était le 15 octobre 2005 contre nos amis de Toulouse et c'était aujourd'hui le dix-huitième match. Malgré les grèves et malgré la pluie, les gens continuent de se déplacer. C'est difficile à expliquer, je crois qu'il y a un peu plus qu'un match, d'abord parce qu'il y a une belle équipe en face, c'est une belle affiche sportive. Et puis les gens aiment qu'il y ait un spectacle, une fête autour... Les gens viennent parce qu'ils nous aiment et parce qu'on est un club grand public, populaire. Par-delà le match, ce que je retiens, c'est ce défilé des écoles de rugby, elles étaient plus de 40 encore aujourd'hui, ça fait plaisir de partager notre joie, notre bonheur avec tous ces jeunes qui seront peut-être demain de grands joueurs de rugby. Il y a cinq ans, peu de monde y croyait à cette idée de délocalisation... Ah, c'est certain, ça a fait rigoler tout le monde et je me revois à l'époque dans la voiture, venant signer le contrat au Stade de France, me dire: « On est complètement malades. » Oui, c'était complètement fou, mais dans la vie, si on n'ose rien, on ne fait rien. On s'est dit à l'époque, on le fait, si on se plante, qu'est-ce qu'on risque ? On se sera planté... "On sait très bien qu'on ne possède pas à une armada" Est-ce qu'un jour on pourra assister à un grand derby francilien au Stade de France ? On verra, à chaque jour suffit sa peine. Chacun fait ce qu'il veut, mais ce n'est pas à moi de l'organiser. Je ne comprends pas votre obsession à ce sujet... Et puis il faut bien dire que c'est un risque de jouer au Stade de France. On va accueillir Toulouse, qui est un classique pour nous, Clermont, qu'on joue chaque année au Stade de France. Et je remarque qu'ils sont devenus Champions à force d'y jouer tant en finale que contre nous. Toulon, c'était une première et peut-être que ça leur permet de prendre des marques (sourire). Le nouveau défi n'est-il pas désormais de réussir à remplir Charléty ? Ce n'est pas pareil. A Charléty, on a plus de monde paradoxalement qu'à Jean-Bouin, où il y avait moins de 8 000 places assises. A Charléty, on est à plus 20 %, il faut laisser le temps au temps ; on a des affiches comme Biarritz, Bayonne, et puis, on a un nouveau public à Charléty. Vos joueurs vous ont fait un beau cadeau avec cette victoire contre Toulon... Moi, ce n'est pas très grave, je ne compte pas, l'important, c'est le public et le club, d'ailleurs je remarque que beaucoup d'anciens joueurs étaient présents, même Hernandez était là (mais aussi Nick Mallett, Juillet, Dominici...). On est contents, on a battu Toulon, c'est une grande équipe, avec de grands joueurs, et quatre anciens du Stade Français (Emmanuelli, Messina, Brana et Missoup), même s'ils ont eu le mauvais goût de critiquer notre affiche, qui pourtant est très belle (*), elle fait l'unanimité en région parisienne ; on a eu l'idée avant eux, c'est tout ! Je précise d'ailleurs que les auteurs ont été primés au festival de BD d'Angoulême. L'équipe vous rassure-t-elle après une dernière saison noire ? Il y a un bon vestiaire, un entraîneur exigeant, avec une discipline. On a cette saison une équipe avec un bon état d'esprit, c'est clair. C'est un nouveau départ. Ça fait quand même une cinquième victoire consécutive. Après, on a des manques, deux suspendus importants (David Attoub et Juan Manuel Leguizamon, ndlr), mais pour le reste, on fait comme on peut avec ce qu'on a... On sait très bien qu'on ne possède pas à une armada. On sent que vous ne voulez pas évoquer de nouvelles ambitions. Il est trop tôt ? On verra, "step by step", comme on dit... Des ambitions, oui, forcément, on est là pour gagner. On a aussi des jeunes qui montent. Mais d'ici deux ans, pour être prudent, on devrait être en mesure de faire quelque chose de bien. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'on a des joueurs heureux d'être là. (*) Dans L'Equipe, Mourad Boudjellal, interrogé sur la nouvelle campagne d'affichage du Stade Français cette saison, inspirée par la bande dessinée, avait déclaré: "Cela ressemble trop à un dessin d'enfant. Pour tout dire, ça fait, amateur. D'ailleurs, à la place de Guazzini, je ne sais pas si je paierais la facture..."