Gailhaguet: "Nous avons sauvé le soldat Joubert"

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Propos recueillis par GUILLAUME BARDOU , modifié à
A l'aube de la saison 2011 de patinage artistique, Didier Gailhaguet fait le point sur le travail effectué après une olympiade décevante, achevée sur un zéro pointé à Vancouver. Le président de la FFSG revient sur le flop Joubert et sur les raisons d'espérer un prochain rebond du patinage français. Tout en mesurant l'attente suscitée qui demandera des garanties dès le trophée Bompard les 27 et 28 novembre prochains à Paris-Bercy.

A l'aube de la saison 2011 de patinage artistique, Didier Gailhaguet fait le point sur le travail effectué après une olympiade décevante, achevée sur un zéro pointé à Vancouver. Le président de la FFSG revient sur le flop Joubert et sur les raisons d'espérer un prochain rebond du patinage français. Tout en mesurant l'attente suscitée qui demandera des garanties dès le trophée Bompard les 27 et 28 novembre prochains à Paris-Bercy. Président, quelles conséquences a eu l'absence de médailles à Vancouver et quelles perspectives offre aujourd'hui le patinage français dans sa globalité ? Je ne vais pas vous dire que lorsque l'on rate une compétition sportive, la fédération saute de joie. Mais inversement, à quelque chose malheur est bon. Ça a permis à nos sportifs, à leurs encadrements, à la fédération de se remettre en cause. Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est le fait du hasard ou pas, mais à mon avis c'est plutôt celui du travail, nous avons de jeunes sportifs qui gagnent des compétitions internationales chez les juniors en patinage féminin, danse sur glace ou en patinage de vitesse. Tout ceci est de bon augure. Nous avons la chance d'avoir en danse sur glace Nathalie Péchalat et Fabien Bourzat qui, l'année du départ de Delobel-Schoenfelder, prennent le relais et sont candidats à un titre européen. Si ça, ce n'est pas la preuve du renouvellement de notre élite... ! Et puis la valeur sûre, Brian Joubert, un grand champion qui continue dans la perspective des championnats du monde 2012. Les mots très durs que vous aviez eu pour Brian Joubert au lendemain de Vancouver ("un petit con") sonnaient pourtant comme un avertissement et semblent contribuer à une remise en question ? Brian Joubert, pour moi, est plus qu'un simple champion. C'est un garçon que j'adore, pétri de qualités. Il est capable de nous faire côtoyer le pire, mais il a nous a fait aussi souvent côtoyer le meilleur. Ce n'est pas pour rien qu'il a été trois fois champion d'Europe, une fois champion du monde. C'est un type formidable, il a tout, il est beau, intelligent, il patine bien. Et je souhaite que ça dure longtemps pour lui mais aussi pour nous. Quel bilan a donc été tiré après Vancouver et quel travail a été effectué avec lui pour redresser la barre ? Le bilan était de dire pour Brian que, lorsque l'on termine quatorzième aux JO, ce n'était pas un résultat phénoménal. A partir de là, il y a des raisons à l'échec. Est-ce que la préparation avait été faite idéalement ? Non. Est-ce que la fédération avait trop fait confiance à l'entourage et peut-être même à Brian ? Oui. Nous avons travaillé, mais ensemble et sans conflit, parce que finalement on s'aime les uns les autres dans cette fédération, même si de temps en temps, on est capable de se dire des choses. Brian est un type intelligent, il a fait son auto-critique, nous avons fait la nôtre. On contrôle tout en continuant à supporter Brian de manière forte. Je souhaite que, demain, des partenaires comme Eric Bompard continuent à l'aider. Parce qu'il le mérite. Nous avons sauvé, nous l'espérons, le soldat Joubert. Il faut que le soldat Joubert continue à performer pour le sport français et pour lui évidemment. Florent Amodio a également démontré de belles choses le week-end dernier en terminant deuxième du NHK au Japon, quelles ambitions peut-il avoir cette saison ? C'est la valeur montante du patinage français. Ce n'est plus un grand espoir, c'est un espoir qui s'affirme. Il vient d'aller faire quasiment jeu égal avec le champion du monde en titre, Takahashi. Je crois que c'est un garçon promis à un grand avenir, il a le soutien total de sa fédération, un talent fou qu'il faut canaliser. En direction des championnats du monde 2012 qui se dérouleront en France, et des Jeux de Sotchi 2014, je crois que nous avons là une vraie pépite... d'or ! "Alexis Contin? Le futur champion olympique à Sotchi !" Cette saison 2011 peut donc être vue comme une véritable préparation et répétition pour 2012 où les championnats du monde auront lieu à Nice ? Bien sûr ! En fait, c'est le début de la campagne olympique. Elle sera longue jusqu'à Sotchi, mais d'ores et déjà, il y a des places à prendre, des hiérarchies à affirmer, des talents à confirmer. C'est dans ce cadre là que Florent Amodio est d'autres doivent se positionner. Car la mondialisation de notre pratique est un fait et nous devons lutter extrêmement fort. Qui aurait dit il y a 15 ans qu'une Coréenne serait sacrée championne du monde, championne olympique et vainqueur d'ailleurs de l'édition 2009 du trophée Bompard à Paris ? Où en est le projet d'un centre national d'entrainement et le travail sur la détection, notamment chez les femmes, en deçà des hommes ces dernières années ? Aujourd'hui même, la venue du nouveau directeur national, Xavier Sendra, est un signe fort avec la mise en place de ce qu'on appelle l'opéra, ou l'académie de la glace. Cela devrait permettre à des sportifs de conserver leur site d'entrainement. Le patinage est un sport à maturité précoce, ne déracinons pas trop tôt les jeunes de leurs familles ! Gardons les dans leur sites d'entrainement mais contrôlons-les, portons leur la qualité de l'expertise internationale et nationale. Afin de faire en sorte que ces petits champignons deviennent de vrais champions. Cet encadrement ne mérite t-il pas d'être aussi appliqué dans d'autres disciplines de glace comme le short-track qui vient de ramener une victoire en coupe du monde à Montréal ? Le short-track réalise effectivement de bonnes performances. Cinquième en relais aux JO n'a rien de déshonorant et c'était la première fois. Cette jeune équipe de France a commencé à percer à Vancouver. Fauconnet qui gagne le 1000m en coupe du monde ce week-end à Montréal, ça ne nous est jamais arrivé ! Le relais termine 2e derrière les Canadiens, champions olympiques, Chataigner, 3e sur le 1500m, formidable ! Une jeune équipe est née, elle part en direction de Sotchi. Nous avons créé le centre national d'entrainement du short-track à Font-Romeu et nous allons l'accompagner. Et le patinage de vitesse, toujours privé d'un centre d'entrainement malgré la présence d'Alexis Contin, 4e à Vancouver sur 10 000m ? C'est un grand espoir, il est tout jeune à 22 ans. C'est à mon sens le futur champion olympique à Sotchi. Le patinage de vitesse va prendre plus d'importance lorsqu'Annecy sera choisi pour les Jeux 2018. Nous aurons là un anneau olympique après celui disparu de Grenoble et celui envolé d'Albertville. Donc tous les moyens de travailler. Il est facile de dire qu'on n'a pas donné tous les moyens aux athlètes. Nous n'avons pas d'anneau en France ! Pourquoi ne pas jumeler un anneau et les grands stades de football ? Faisons en un projet sportif, qui permette à notre fédération d'avoir un projet international. Il faut nous donner l'équipement. Nous avons des jeunes qui s'entrainent dans le monde entier, déracinés de leurs familles. Ce n'est pas très sérieux.