Evra et le "bout de sparadrap"

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Jean-Charles Banoun, à Donetsk , modifié à
A L'EST DES BLEUS - Jean-Charles Banoun vous fait vivre de l'intérieur la vie des Bleus.

La scène se passe dans le vestiaire des Bleus, lundi soir, quelques minutes avant le match amical contre l'Ukraine. A la demande de Laurent Blanc, l'arrière gauche de Manchester, qui n'est pourtant plus capitaine mais titulaire avec les autres réservistes en équipe de France, prend la parole pour motiver et encadrer les joueurs. Après le match, et la victoire éclatante des Bleus, Evra revient sur cet épisode loin d'être anecdoctique : "ce n'est pas parce qu'on m'a retiré ce bout de sparadrap sur le bras que je n'ai plus un rôle à jouer en équipe de France, bien au contraire..."

Evra retrouve sa place

La métaphore du sparadrap est on ne peut plus opportune. Depuis un an, celui qui symbolisait presqu'à lui seul le terrible souvenir de Knysna et de la grève du bus lors de la Coupe du monde 2010, celui qui resta silencieux de longs mois devant la presse, celui qui avait perdu depuis le brassard de capitaine et, surtout, sa place en équipe de France avec une lourde suspension de 5 matchs, vient donc de retrouver son rang. Et, ce qui ne gâte rien, son match plutôt réussi contre l'Ukraine lui redonne également du crédit sportif... Comme le dit le proverbe emprunté à la Rome Antique : "la roche Tarpeïenne est proche du Capitole", allusion à la marge souvent étroite qui sépare les personnalités célèbres du statut de traître à celui de héros, de la lumière à l'obscurité totale... Evra le pénitent a fini par remonter la pente pour retrouver, à la faveur du vestiaire de la Donbass Arena, cette lumière qui le fuyait depuis un sombre jour de juin, en Afrique du Sud.