Douillet, un ministre "bien préparé"

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
L’ancien judoka dans le costume de ministre des Sports, qu'en pense le monde sportif ? 

Récemment, le double champion olympique a été élu meilleur judoka de l’histoire. Ça, c'était côté tatamis. Mais c’est bien dans sa nouvelle vie, cette fois politique, qu’il attendait une consécration. Après le basculement du Sénat à gauche et la démission de Chantal Jouanno du ministère des Sports, ce poste ne pouvait plus lui échapper. Si sa carrière sportive met tout le monde d'accord, il doit encore faire ses preuves en politique. Europe1.fr a cherché à savoir ce qu’en pense le monde sportif.

"C’est le moment"

Retraité depuis 2000, David Douillet avait mis un pied en politique depuis longtemps. Dès 1997, il accepte, à la demande de Bernadette Chirac, d’être le parrain de l’opération caritative "Pièces Jaunes". Il construit sa popularité médiatique et se rapproche petit à petit du monde politique. "Comme Jean-François Lamour, il a effectué une vraie préparation politique à la fin de sa carrière", décrit Guy Roux, contacté par Europe1.fr. "Il est tout à fait compétent pour ce poste et prêt pour développer une politique sportive de qualité", estime le consultant Europe 1 et fin observateur du monde sportif depuis plus de 50 ans. 

En 2009, le double champion olympique de judo se lance complètement dans la bataille. Nommé d’abord secrétaire national à la vie sportive de l’UMP, il devient député des Yvelines l’année suivante, puis conseiller régional d’Île-de-France. Après avoir été nommé secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger, Douillet n’attendait plus qu’une chose : le ministère des Sports. "C’était le moment", analyse Guy Roux avant de glisser quelques conseils pour sa feuille de route. "Comme on n’est pas vraiment dans une période de prospérité économique, il n’aura pas des crédits illimités. Mais il devra essayer de moderniser des infrastructures sportives qui sont hors-d'âge dans toutes les petites villes françaises et moderniser les stades".

"Il doit s’occuper des petits clubs"

A Neufchâtel-en-Bray, petite commune près de Rouen, le président du club de judo, Jean Drouet, à qui on apprend la nouvelle, est "très heureux". Lui qui a vu le jeune judoka faire ses premiers ippons est "persuadé qu’il a la carrure pour ça". Pas question pour autant de donner carte blanche au ministre. "J’espère qu’il aidera les petits clubs. C’est le vrai réservoir du sport français, il ne faut pas les oublier".

Si le quadruple champion du monde de judo est respecté du monde sportif, il devra néanmoins faire ses preuves sur le terrain… politique. "Le foot et le rugby sont souvent très médiatisés", regrette Jean Drouet. "Quand je le verrai, je lui dirai de s’occuper des autres sports comme le judo". A bon entendeur...

Le temps joue contre lui ?

Douillet-2

Romain Mesnil, célèbre perchiste français, a côtoyé David Douillet à plusieurs reprises dans sa carrière. "La première fois, c’était en 2000, aux JO de Sydney", raconte-t-il à Europe1.fr. "Il était porte-drapeau de la délégation française et j’ai posé à ses côtés pour une photo souvenir". Après la retraite sportive du judoka, Mesnil et Douillet se sont retrouvés, dans des circonstances beaucoup moins festives…

"Je l’ai revu pour le passage de la flamme olympique à Paris, en 2007". A l’époque, des manifestations étaient prévues pour protester contre l’organisation des JO à Pékin, coupable selon Reporters sans frontières de bafouer les droits de l’homme. "Il était président de la commission des athlètes de haut niveau et il avait pris les choses en main", se souvient Romain Mesnil. "Il avait un discours carré, rassurant mais déjà politique".

A 42 ans, David Douillet a connu une ascension politique très rapide. Désormais à la tête du ministère des Sports, il va devoir s’imposer. Mais en aura-t-il le temps ? "A chaque changement de ministre, on entend souvent des annonces tonitruantes sans voir de réelles évolutions", regrette Romain Mensil. A seulement sept mois de l’élection présidentielle, David Douillet devra agir vite, très vite pour faire taire cette vieille rengaine.