Derrien: "Plus de cohérence"

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Propos recueillis par François QUIVORON , modifié à
Consultant pour notre site, Bruno Derrien évoque avec franchise les faits d'arbitrage de la 8e journée de Ligue 1. L'ancien arbitre international se penche notamment sur les nombreuses mains non sifflées durant le week-end, mais aussi l'altercation entre les deux Lensois Kovacevic et Demont, fait pas très courant dans le football professionnel.

Consultant pour notre site, Bruno Derrien évoque avec franchise les faits d'arbitrage de la 8e journée de Ligue 1. L'ancien arbitre international se penche notamment sur les nombreuses mains non sifflées durant le week-end, mais aussi l'altercation entre les deux Lensois Kovacevic et Demont, fait pas très courant dans le football professionnel. Jeu de main Durant Saint-Etienne-Marseille (1-1), Heinze fait une main dans la surface et M. Bré ne siffle pas penalty. Alors que la saison dernière, il le siffle sur une action similaire lors de OL-OM (5-5). Il était alors sans doute influencé par les nouvelles consignes de la DNA qui ont mis les arbitres dans l'embarras. Cette année, ils se sont démarqués de ces consignes. Cela ne me choque pas que M. Bré n'ait pas sifflé ce week-end. Le problème, c'est qu'il n'y a plus de cohérence, cela change d'une année sur l'autre. Les consignes de la DNA disaient ceci: tout joueur qui joue les bras écartés, c'est considéré comme une position non naturelle et s'il touche le ballon de la main, il y a penalty. On a donc vu des joueurs avec les bras dans le dos pour éviter le penalty. Or, tous les techniciens vous le diront, quand un joueur est en extension ou en déséquilibre, il ne peut pas jouer avec les bras dans le dos. Tout cela a bien compliqué les choses et créé le trouble dans l'esprit des arbitres, dans l'esprit des joueurs, etc. Même si ces consignes semblent abandonnées, certains arbitres continuent de les appliquer. M. Castro siffle un penalty lors de Nice-Bordeaux (2-1, 5e j., ndlr) alors que le joueur a les mains dans le dos, il ne regarde pas le ballon qui touche son coude. Les consignes de la Fifa sont claires et voici ce que disent les lois du jeu 2010-11: "Il y a main lorsqu'il y a contact délibéré entre le ballon et la main ou le bras. L'arbitre doit prendre en considération les critères suivants: le mouvement de la main en direction du ballon et non du ballon en direction de la main ; distance entre l'adversaire et le ballon (ballon inattendu) ; position de la main qui ne vaut pas nécessairement infraction." Récemment, M. Layec a donné une conférence de presse pour dire qu'il n'y avait plus de notion d'intention. Mais c'est faux. Les règles de la Fifa sont universelles. En France, c'est comme en politique, on aime beaucoup les circulaires et les décrets d'application. ASSE-OM (1-1) Sur le but d'André-Pierre Gignac, M. Bré dévie le ballon. Pourtant, il n'est pas dans l'axe, mais l'arbitre fait partie du jeu. Je rappelle une anecdote: lors d'un match à Rennes il y a quelques années, l'arbitre Alain Delmer était quasiment dans l'axe du but et a détourné le ballon dans le but. Et le but a été validé, l'arbitre fait partie du jeu, c'est un corps neutre. Pour ma part, il m'est arrivé de toucher le ballon, mais pas de cette façon. Quand cela se passe sur le côté ou dans le rond central, ce n'est pas gênant. C'est embêtant quand il y a un but derrière. Nancy-Lyon (2-3) Dans ce match également, une situation litigieuse aurait pu déboucher sur un penalty. Si l'arbitre de la rencontre, M. Ennjimi, applique les consignes de l'an passé, il y a penalty. Sur cette action, le joueur se retourne et se protège. L'arbitre a jugé qu'il n'y avait pas penalty. En revanche, une faute de Toulalan, qui bouscule Hadji dans le dos dans la surface, aurait mérité d'être signalée. M. Turpin avait sifflé à juste titre penalty contre Debuchy lors de Lille-Montpellier (3-1). Turpin a pris la bonne décision, Ennjimi n'a pris la bonne. Sochaux-Lens (3-0) Lors de l'altercation entre Kovacevic et Demont, l'arbitre a pris la bonne décision. Le ballon était hors du jeu à ce moment-là. Mais s'il avait été dans le jeu, l'arbitre doit aussi donner un coup franc indirect à l'équipe adverse à l'endroit de l'altercation. L'arbitre s'est contenté d'adresser un carton jaune parce qu'il ne voulait pas mettre Lens encore plus en difficulté et il a eu raison.