Débat: XV de France, priorité nationale?

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A une semaine de l'annonce de la liste des trente pour les test-matches de novembre, Marc Lièvremont, le sélectionneur du XV de France, affiche sa perplexité sur le sens des priorités du rugby français. Des Bleus qui subiraient, plus qu'ils n'en profiteraient, la puissance d'un Top 14 toujours plus riche, mais aussi de plus en plus vampirisant. A un an de la Coupe du monde, l'équipe de France n'est pas certaine d'avoir la main... La rédaction ouvre le débat.

A une semaine de l'annonce de la liste des trente pour les test-matches de novembre, Marc Lièvremont, le sélectionneur du XV de France, affiche sa perplexité sur le sens des priorités du rugby français. Des Bleus qui subiraient, plus qu'ils n'en profiteraient, la puissance d'un Top 14 toujours plus riche, mais aussi de plus en plus vampirisant. A un an de la Coupe du monde, l'équipe de France n'est pas certaine d'avoir la main... La rédaction ouvre le débat. OUI Fabrice VOISIN, Journaliste Sports.fr "Ne nous y trompons pas. Marc Lièvremont est parfaitement dans son rôle de sélectionneur lorsqu'il tire le signal d'alarme et cherche à mobiliser ses troupes à l'heure où les Bleus s'apprêtent à s'engager dans la dernière ligne droite avant la Coupe du monde. Une piqure de rappel plutôt qu'un satisfecit malvenu quatre mois après une dernière tournée d'été calamiteuse, qui a sérieusement écorné la réputation naissante des Champions d'Europe. Ses prédécesseurs ont usé avant lui des mêmes recettes pour défendre les intérêts du XV de France." "Des intérêts qui, s'ils sont loin de bénéficier des traitements de faveur de ses concurrents, ont indéniablement progressé sous l'effet des accords passés entre la Ligue et la Fédération. La condition d'international tricolore en 2010, sans en être la panacée, offre des plages de récupération obligatoires à Dusautoir et les siens, préservés notamment en début de championnat. Des pansements sur une jambe de bois, diront certains, mais aucune équipe de France n'aura bénéficié de telles conditions avant l'échéance suprême d'une Coupe du monde en plus de l'habituel stage terminal de préparation." "Des Bleus qui ont le privilège d'évoluer dans les meilleurs clubs du monde, aux côtés des plus grands joueurs, de s'enrichir à leur contact ou de s'étalonner face à la crème du rugby mondial. Tout bénéficie à ce XV de France et à ses joueurs ainsi entretenus quotidiennement dans la culture de la gagne..." NON Sylvain LABBE, Responsable rubrique Rugby - Sports.fr "Marc Lièvremont est inquiet. Comme si la dernière tournée des Bleus n'avait pas suffi, le sélectionneur tricolore a assisté cet été à l'émergence d'un nouveau rugby au Sud dans les Tri Nations. Une révolution du jeu que ses Bleus, il l'avoue avec franchise, ne sont pas en mesure d'assumer... Parce qu'ils sont les produits d'un Top 14, dont l'ambition dévorante et à court terme façonne des joueurs à brève échéance sur la base d'un jeu le plus souvent restrictif. Une conquête et une défense fortes, érigées en vertus cardinales, mais quasi uniques, qui a permis le Grand Chelem, mais ne suffisent déjà plus face aux séquences de jeu à rallonge du Sud, qui font si peur à Lièvremont." "Parce que le jeu offensif est devenu dans le même temps le parent pauvre de ce Top 14. Une déficience alarmante qu'aura illustrée la lourde défaite de Toulon au Munster. Un RCT, qui incarne ce déficit par sa dépendance à Jonny Wilkinson, quand la province irlandaise s'ouvre à un jeu plus complet. Celui que le rugby français ne sait aujourd'hui pas mettre en scène." "Et Lièvremont de se lamenter aujourd'hui de pouvoir trouver les alter-egos de ses lignes d'avant, trois-quarts capables d'endosser ce jeu à l'exigence nouvelle. Comment ne pas interpréter dès lors, dans ce contexte, comme une forme de capitulation l'arrivée au Stade Toulousain, pourtant marque déposée en la matière, d'un Rupeni Caucaunibuca... L'image d'un Top 14 clinquant et alléchant. Le rugby français attend toujours de connaître le successeur de Yannick Jauzion. Le jeune Rémi Lamerat, lui, attendra..."