Carteron: "Je n'ai pas inventé grand-chose"

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Propos recueillis par Anthony LEFORT , modifié à
Là où Rudi Garcia, en particulier, a échoué, Patrice Carteron a réussi. Pour la première fois de sa toute jeune histoire, le Dijon Football Côte-d'Or évoluera cette saison en Ligue 1. Avec l'un des plus petits budgets du championnat de France, et grâce à l'ancien défenseur de Lyon et de Saint-Étienne. Cet admirateur de José Mourinho, qui ne se fait pas d'illusion, vise "la dix-septième place". "Ce serait un exploit encore plus retentissant que la montée", dit-il.

Là où Rudi Garcia, en particulier, a échoué, Patrice Carteron a réussi. Pour la première fois de sa toute jeune histoire, le Dijon Football Côte-d'Or évoluera cette saison en Ligue 1. Avec l'un des plus petits budgets du championnat de France, et grâce à l'ancien défenseur de Lyon et de Saint-Étienne. Cet admirateur de José Mourinho, qui ne se fait pas d'illusion, vise "la dix-septième place". "Ce serait un exploit encore plus retentissant que la montée", dit-il. Patrice, rappelez-nous quel était l'objectif du Dijon Football Côte-d'Or la saison dernière, à pareille époque, en Ligue 2 ? Avec un petit budget, l'objectif était déjà d'exister sportivement, c'est pour cela qu'on a associé deux choses: premièrement, j'ai le bonheur que le président (Bernard Gnecchi) m'ait fait confiance dans le fait d'aller chercher quatorze joueurs de divisions inférieures ; deuxièmement, je suis arrivé à le convaincre d'intégrer à Dijon une méthode de travail qui, au niveau de la préparation physiologique et physique, est différente de ce qui est fait dans beaucoup de clubs avec la présence de Stéphane Renaud, kiné du sport et fasciathérapeute, avec qui j'avais travaillé pendant une quinzaine d'années et qui travaille aujourd'hui avec Didier Drogba et Florent Malouda. C'était un pari sur le coup, parce que, forcément, il fallait faire ses preuves. Avez-vous été surpris, comme nous, par cette accession ? Non, cependant ce n'est pas un manque d'humilité. J'y croyais dur comme fer. Après, je pensais que cela allait marcher, mais je ne savais pas jusqu'à quelle hauteur on allait pouvoir s'élever, parce que quand on a l'un des plus petits budgets du Championnat, on ne peut pas dire qu'on va jouer la montée, c'est trop présomptueux. En tout cas, j'étais intimement persuadé qu'on allait faire bonne figure. "Il n'y a pas que l'argent qui fait la différence" Comment avez-vous vécu le départ de l'Uruguayen Sebastian Ribas, votre meilleur buteur et meilleur joueur l'an passé ? Cela a été un coup dur. Maintenant, la plus belle réaction que l'on ait eue, cela a été de faire signer Grégory Thil vingt-quatre heures après le départ de Sebastian. Cela fait partie de l'expérience d'un club. Sebastian est quelqu'un que j'apprécie énormément, qui a des qualités humaines vraiment au-dessus de la mêlée. C'est pour cela qu'il a souffert aussi du fait de partir. Contenu des sommes, il y a un moment donné où on ne peut pas dire non. On comprend tout à fait. Grégory Thil sera-t-il votre capitaine ? Grégory vient d'arriver au club, il faut lui laisser le temps de s'épanouir. Il a eu cette charge à Boulogne pendant des années, je préfère qu'il se concentre sur son rôle. Il sera l'un de mes leaders de vestiaire. Le capitaine sera certainement Abdoulaye Meïté, et le vice-capitaine Younousse Sankharé. Grégory Thil, Abdoulaye Meïté, Cédric Varrault, Younousse Sankharé... Vos recrues détonent... Avec le petit budget que l'on a (entre 20 et 22 millions d'euros), beaucoup sont surpris de voir un recrutement relativement cohérent. Cela vient surtout du fait que le projet sportif que l'on présente plaît énormément aux joueurs. Cela fait plaisir de voir qu'il n'y a pas que l'argent qui fait la différence, qu'il y a aussi des joueurs qui se reconnaissent dans un projet. Surtout, cela fait plusieurs mois qu'un certain nombre de joueurs nous intéressent par rapport à notre budget. Du coup, dès qu'on a su qu'on montait, on avait plus qu'à sortir le projet Ligue 1. À l'heure où je vous parle, 100% des joueurs que je souhaitais sont arrivés. C'est une marque de confiance. Et pour le Japonais Daisuke Matsui, dont la signature a été reportée ? On a signé un protocole d'accord. Malheureusement, on ne pourra pas l'avoir avant le 25 juillet. C'est dommageable pour lui, parce qu'on perd bêtement du temps alors qu'on pourrait donner la possibilité à ces joueurs de Grenoble, qui se retrouvent sans rien, d'être déjà à pied d'oeuvre avec leur nouveau club. Ce serait une façon de les protéger, puisque cela fait des mois que ces joueurs-là ne sont pas payés. C'est assez intolérable. Faut-il encore s'attendre à d'autres mouvements ? On aura certainement l'arrivée d'un milieu de terrain défensif. Pour le reste, je suis satisfait d'avoir eu la possibilité de reprendre très rapidement avec une majorité de mon effectif. "Je me suis beaucoup reconnu dans les méthodes de José Mourinho" On connaissait Carteron le joueur. Mais qui se cache derrière l'entraîneur ? Je n'ai pas inventé grand-chose. Ne pas avoir connu de centre de formation a développé en moi le fait d'être obligé de trouver chaque année de nouveaux éléments pour pouvoir m'adapter au niveau. En tant qu'entraîneur, j'ai peut-être cet oeil qui me permet de sentir très vite le potentiel des joueurs. C'est ma qualité principale. Le président (Bernard Gnecchi) dit que je suis surtout quelqu'un d'instinctif, cela fait toujours plaisir. Mais aussi, et surtout, j'ai conscience de l'importance de la gestion humaine de mon effectif. Je me suis beaucoup reconnu, à mon petit niveau, dans la façon de faire et les méthodes de José Mourinho, quand j'ai eu la chance d'aller le voir il y a quelques années à Chelsea. Aujourd'hui, je me reconnais également dans ce que fait Rudi Garcia. Il y a peut-être une nouvelle génération d'entraîneur, qui a une vision des choses un peu différente. Je ne me prends pour un autre, je dis juste que c'est important que l'ensemble de mon groupe se sente concerné. Les joueurs savent que, demain, je peux très bien faire jouer titulaire un jeune de dix-neuf ans. Cela ne me pose aucun problème. Mais Mourinho a une approche plutôt défensive, alors que Garcia prône le jeu offensif... Où vous situez-vous ? Mourinho a surtout l'intelligence de s'adapter à ses effectifs. Après, on a toujours envie d'avoir une équipe qui joue de l'avant. À Dijon, cela fait deux années de suite qu'on pulvérise le record de buts marqués par le club en Ligue 2, donc c'est forcément un style de jeu porté vers l'offensive. Maintenant, j'aime bien avoir une base défensive assez solide, mais, globalement, je suis plutôt quelqu'un qui aime le jeu offensif comme je l'aimais en tant que joueurs. C'est ma vision des choses. "Si Dijon reste en L1, ce sera un exploit" Quel est l'objectif officiel du DFCO cette saison ? La dix-septième place ! Êtes-vous pressé de retrouver Gerland et Geoffroy-Guichard ? Cela me fera plaisir, je mesurerai le chemin parcouru. Aujourd'hui, je suis le premier à avoir fait monter Dijon en Ligue 1, c'est quelque chose de formidable. C'est pour cela que si Dijon reste en L1 à l'issue de la trente-huitième journée, ce sera un exploit encore plus retentissant que la montée elle-même. Craignez-vous de faire une Le Mans, une Istres, une Arles-Avignon, toutes ces équipes qui sont redescendues aussi vite qu'elles sont montées ? Comme l'année dernière c'était impossible qu'on monte, aujourd'hui beaucoup disent que c'est impossible qu'on se maintienne. Le but n'est pas de tenir tête bêtement. Le but est d'accentuer la dynamique que l'on a créée la saison dernière, et d'arriver à faire en sorte qu'on puisse prouver qu'on est capable de se maintenir. On nous a comparés il y a quelques jours à Arles-Avignon, par rapport au nombre d'arrivées. Je ne me sens pas du tout dans un cas de figure où j'ai renouvelé mon effectif à 100%, puisque j'ai gardé le noyau dur, et que je l'ai renforcé afin de créer une saine concurrence. Je sens plutôt qu'on a un groupe relativement équilibré qui monte en puissance. Je ne sais pas si cela sera suffisant, je trouve juste notre façon de faire relativement cohérente. Êtes-vous en contact avec Florent Malouda, qui est récemment entré dans le capital du club ? De temps en temps. Maintenant, Florent a sa carrière à gérer en amont avec Chelsea. Par contre, on s'est vu quelque fois. On échange, on parle sur le club... C'est fait de manière très saine. C'est toujours intéressant de pouvoir échanger avec lui, cela se passe très, très bien.