Bouhail, deux sauts dans l'histoire

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GUILLAUME BARDOU , modifié à
Thomas Bouhail est devenu ce dimanche champion du monde du saut de cheval à Rotterdam. Le Français, vice-champion olympique à Pékin, entre dans l'histoire en devenant le premier tricolore sacré champion du monde de gymnastique artistique de l'ère moderne. Une performance qu'il a construite lors d'un second saut exceptionnel, qui lui permet de devancer le Russe Golotsutskov de huit centièmes et le Biélorusse Kaspiarovitch de plus d'un dixième!

Thomas Bouhail est devenu ce dimanche champion du monde du saut de cheval à Rotterdam. Le Français, vice-champion olympique à Pékin, entre dans l'histoire en devenant le premier tricolore sacré champion du monde de gymnastique artistique de l'ère moderne. Une performance qu'il a construite lors d'un second saut exceptionnel, qui lui permet de devancer le Russe Golotsutskov de huit centièmes et le Biélorusse Kaspiarovitch de plus d'un dixième! 97 ans ! Voilà ce qui sépare Marco Torres, seul Français champion du monde de gymnastique artistique (en 1913 à Paris sur le concours général) de Thomas Bouhail, sacré ce dimanche à Rotterdam sur le concours du saut de cheval. Une première donc dans l'ère moderne de la gymnastique. Ce simple constat du maigre palmarès mondial de la gym tricolore en dit long sur l'immense performance qu'a réalisée à l'Ahoy Arena de Rotterdam le vice champion olympique du saut de cheval. Sa médaille à Pékin avait d'ailleurs nourri une légère frustration en raison du faible écart avec Leszek Blanik (ex aequo, les deux hommes avaient été départagés sur la note du premier saut, favorable au Polonais). Cette fois, sur son agrès de prédilection, le Francilien n'a laissé aucun espoir à ses adversaires, ne tremblant pas malgré un statut de favori que son titre de champion d'Europe glané l'an passé lui promettait. Bouhail avait d'ailleurs choisi de répéter l'enchaînement qui lui avait souri à Pékin, un tsukara double arrière carpé sur le premier passage, puis un "Dragulescu", une lune double avant avec demi-tour groupé. Ce fameux saut inventé par l'un des maîtres de la discipline, le Roumain Marian Dragulescu, quadruple champion du monde, le dernier sacre datant de l'an dernier où Bouhail n'avait pu que l'observer sur la plus haute marche d'une cinquième place jugée décevante. Après un premier saut bien réalisé malgré un petit sursaut sur la réception, Bouhail a assommé la concurrence et notamment le Russe Golotsutskov qu'il côtoyait après le premier passage. Après l'avoir devancé d'une place sur le podium de Pékin, Bouhail réenclenchait donc la bagarre, celle séparant pour quelques infimes centièmes, titres et accessits, podiums et places d'honneur. Le deuxième saut devait donc une nouvelle fois creuser l'écart, créer une vraie différence dans l'esprit des juges. La deuxième médaille mondiale sur le saut après Barbieri en 1985 Le Français, cinquième au sol samedi, engrangeait 16.533 sur ce Dragulescu exécuté quasi parfaitement, le portant à une moyenne de 16.449 sur les deux passages. Restait l'attente du passage des quatre derniers finalistes, notamment le Sud-Coréen Hak Seon Yang, auteur de 16.666 lors de la compétition par équipe. Le Sud-Coréen réalisait d'ailleurs un premier saut des plus inquiétants, se plaçant dans le sillage de Bouhail. Mais le huitième du concours par équipe craquait totalement lors du deuxième passage pour finalement ne prendre que la quatrième place avec 16.266 points. L'écart sur ses rivaux est à la hauteur de l'exploit. Huit centièmes sur le Russe Golotsutskov (16.366), près d'un dixième et demi sur le Biélorusse Kaspiarovitch (16.316). Suffisant pour offrir une première médaille aux Bleus dans ces championnats. Réalisant ce qu'Eric Poujade et Yann Cucherat notamment n'avaient su réussir, Thomas Bouhail entre dans l'histoire. 25 ans pile après Laurent Barbieri, médaillé d'argent à Montréal sur le même agrès, celui qui est désormais médaillé dans toutes les grandes compétitions (titre européen et mondial, médaille d'argent aux Jeux Olympiques) donne au saut de cheval une place particulière au sein de la gymnastique française. Celle d'un premier agrès doré.