Auguin: "Le timing est respecté"

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Avec Service Presse Arena , modifié à
A la veille du meeting de reprise d'Alain Bernard et de ses partenaires du CN Antibes à Rouen, ce week-end, Denis Auguin dresse un premier bilan un an après l'abandon des combinaisons. Toujours aussi serein, l'entraîneur du champion olympique du 100 m réagit aussi à la performance du Canadien Brent Hayden, premier nageur à passer sous les 48 secondes depuis que la suppression du polyuréthane.

A la veille du meeting de reprise d'Alain Bernard et de ses partenaires du CN Antibes à Rouen, ce week-end, Denis Auguin dresse un premier bilan un an après l'abandon des combinaisons. Toujours aussi serein, l'entraîneur du champion olympique du 100 m réagit aussi à la performance du Canadien Brent Hayden, premier nageur à passer sous les 48 secondes depuis la suppression du polyuréthane. Denis, il y a un an, vous déclariez que la suppression des combinaisons pouvait avoir des effets pervers et décourager toute une génération de nageurs, qui n'avait connu que ce type de matériels. Un an après, quel bilan tirez-vous ? Je crois qu'aujourd'hui, même s'il ne s'agit pas forcément de nageurs de premier plan, des nageurs de très bon niveau ont éprouvé beaucoup de difficultés à se resituer avec l'arrêt des combinaisons. La bonne nouvelle est que les meilleurs restent les meilleurs, mais même parmi ceux-là, certains ont eu besoin d'un temps d'adaptation à ces nouvelles règles. Le Canadien Brent Hayden a secoué le sprint mondial la semaine dernière aux Jeux du Commonwealth en devenant le premier nageur à passer sous la barre des 48 secondes (47 »98) depuis l'abandon des combinaisons. Finalement à qui a profité cette suppression ? Aux plus expérimentés, aux plus légers... ? Certainement pas aux plus légers parce que Brent Hayden est quand même quelqu'un d'assez costaud (1,93 m, 86 kilos). Le théorème annonçant que les nageurs un peu plus lourds allaient être en difficultés ne se vérifie pas vraiment. Tout simplement, ceux qui nagent le mieux s'en sortent le mieux. N'oublions pas que Brent Hayden est champion du monde 2007 (100 m). L'année des Jeux, il fait le 2e ou 3e temps des séries puis il disparaît ensuite en finale, je n'ai pas d'explications... C'est un très, très bon nageur, qui a eu des problèmes de dos, mais qui revient. Au mois de mars, j'avais annoncé Brent Hayden comme l'un des prétendants les plus sérieux et qu'on nagerait très vite sous les 48 secondes. Le timing est respecté. Et puis Hayden réalise une très belle saison, il a nagé régulièrement un tout petit 49 sur plusieurs meetings ; le mérite lui revient parce que je pense que ça a été le nageur le plus performant cette saison, le plus régulier en tout cas. "L'image de gens qui pratiquaient leur sport sans trop se prendre au sérieux tout en étant rigoureux " Vous aviez annoncé qu'Alain Bernard serait en mesure de nager sous les 48 secondes dès cet été. Etes-vous contraint de revoir vos objectifs à la baisse ? Non, pas du tout. Je pense toujours qu'Alain est largement capable de nager moins de 48 secondes. Brent est le premier, mais ce n'est pas très important. Le plus important, c'est qu'Alain se sente capable de nager ces performances et c'est le cas, donc il n'y a pas d'affolement, comme on ne s'est jamais affolé sur quelques chronos de ses adversaires. L'important, c'est d'être concentré sur soi-même. Même si effectivement, quand on passe une barrière au-delà de la seconde sur 100 m, c'est toujours symbolique. Mais nager 48 »97 ou 48 »01, c'est quasiment la même chose. Avez-vous une idée du niveau de performance que l'on peut atteindre en maillot sur 100 m aujourd'hui ? En mars dernier, j'avais annoncé qu'on nagerait très vite 47 »5, ça va aller assez vite vers ce temps-là. C'est une tendance qui semble se vérifier en tout cas. Est-ce que l'organisme est soumis à plus rude épreuve aujourd'hui ? En compétition, oui. Aussi idiot que cela puisse paraître, ils nagent un peu plus longtemps. Vous faites un effort de 45 ou de 48 secondes, ce n'est pas pareil. Ensuite, physiologiquement, c'est plus dur parce que les effets de portance sont moindres, donc cela réclame des efforts supérieurs. C'était surtout vrai au début, les nageurs étaient surpris devant la difficulté rencontrée à finir la course. Ils se sont ensuite adaptés, mais ils ressentaient vraiment une différence avec les combinaisons de dernière génération, tout polyuréthane. Les Championnats d'Europe de Budapest cet été ont semblé ranimer l'engouement auprès du grand public. Est-ce lié selon vous aux performances ou est-ce que le spectacle est aussi plus beau à regarder en maillot ? La réussite de l'équipe de France de natation a intéressé les gens après l'équipe de France d'athlétisme. On a essayé de dégager l'image de gens qui pratiquaient leur sport sans trop se prendre au sérieux tout en étant rigoureux. Je crois que c'est ce qui a accroché, en plus des 23 médailles bien sûr. Après, pour ce qui est du spectacle, il est plus sympa d'un point de vue esthétique de voir de beaux garçons en maillot de bain plutôt qu'enfermés dans des combinaisons, c'est certain. Quel objectif pour Alain Bernard et les sprinteurs du CN Antibes à l'occasion de ce meeting de reprise ce week-end, à Rouen ? L'objectif sera de reprendre des repères, des habitudes de course, malgré une période travail intensive, en vue des Championnats du monde en petit bassin, fin décembre (15-19 décembre). Progressivement, acquérir des automatismes en compétition et notamment en petit bassin pour pouvoir se régaler à Dubaï.