Annecy, une candidature en pente douce

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avec agences , modifié à
JO 2018 - La désignation de la ville hôte aura lieu mercredi. Annecy devrait perdre.

La France accueillera-t-elle les Jeux olympiques d'hiver en 2018 ? Sans doute pas, non. Annecy, qui concourt avec la ville sud-coréenne de Pyeongchang et Munich, a connu une candidature pour le moins mouvementée. Les quelques points forts du dossier (sites concentrées, tradition montagnarde, environnement…) ont été noyés sous un torrent de faiblesses qui devrait précipiter la chute de la cité savoyarde, mercredi, lors du vote pour la désignation de la ville hôte à Durban, en Afrique du Sud.

Un projet repêché. En juin 2010, Annecy passe de peu le cap de ville requérante à ville candidate. Le CIO demande un réajustement du projet. D'entrée, le dossier est placé sur une pente glissante.

Un directeur général démissionnaire. Le 12 décembre 2010, soit sept mois seulement avant la date de l'annonce de la ville candidate, le directeur général de la candidature, le champion olympique de ski de bosses Edgar Grospiron présente sa démission. Les raisons : un budget supplémentaire trop limité. "Je ne peux pas faire gagner la candidature avec ce budget et le temps qu'il me reste." En janvier, l'homme d'affaires Charles Beigbeder prend en main la candidature.

Des personnalités en retrait. En fin d'année 2010, les deux grandes figures de l'olympisme français, Jean-Claude Killy et Guy Drut, émettent des réserves sur le dossier savoyard. Drut considère qu'Annecy va dans le ".mur". De son côté, Killy déclare : "nous allons à notre perte". Depuis l'arrivée de Beigbeder, l'ancien champion olympique de descente tient un discours plus mesuré et considère même que "la proposition d'Annecy cadre avec la direction que doivent prendre les Jeux d'hiver et avec les valeurs du CIO". Mais chez les responsables de la candidature, on regrette de n'avoir vu Killy qu'une fois en six mois...

Un comité olympique écarté. La reprise en main du dossier par Charles Beigbeder et le ministère des sports en janvier a fait une victime : le comité olympique et sportif français (CNOSF). Et voir le mouvement olympique sur la touche, le CIO apprécie rarement.

Sarkozy ne sera pas à Durban

Un Président absent. Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, et le président allemand, Christian Wulff, seront présents à Durban, mercredi. Mais pas le président français. Les mauvaises langues disent que Nicolas Sarkozy veut s'éviter les conséquences d’un couac. Plutôt que de se déplacer, il a préféré écrire une lettre aux membres du CIO, dans laquelle il vante les mérites du "cadre montagnard authentique" fourni par Annecy. En son absence, ce sont le Premier ministre François Fillon et la ministre des Sports Chantal Jouanno qui défendront le dossier français. "On a une chance de gagner", soutient la ministre. Bon. A écouter : Annecy 2018 : Jouanno ira jusqu'au bout

Une population peu mobilisée. 52%. C'est la proportion d'habitants d'Annecy qui disent soutenir le dossier de candidature de la ville. C'est évidemment extrêmement faible et les cotes d'adhésion en région Rhône-Alpes (63%) et en France (62%) ne sont guère plus élevées...

Une alternance quasi établie. L'alternance des continents régit le plus souvent le choix du CIO en matière d'organisation. Or, les Jeux précédant ceux de 2018 auront lieu à Sotchi, en Russie, en 2014. Pyeongchang, située en Asie et qui, par ailleurs, se présente pour la troisième fois, part donc avec un énorme avantage. A lire : Direction l'Asie pour les JO 2018 ?

Pour toutes ces raisons, le pessimisme prévaut dans les rangs de la candidature française. "On aura entre 10 et 25 voix (sur 100 ndlr). Si on arrive à 25, je signe tout de suite", dit un responsable de la candidature. Bref, du côté savoyard, on n’espère pas forcément une victoire mais plutôt une défaite honorable...