Allemagne-Turquie, frères ennemis

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Olivier CHAUVET , modifié à
Pour la dix-huitième fois depuis 1951, l'Allemagne et la Turquie s'affrontent vendredi à Berlin dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2012. Une rencontre forcément particulière pour Mesut Özil, qui, malgré des parents d'origine turque, a opté pour les couleurs de la Mannschaft. Un choix qui suscite des critiques parmi ses futurs adversaires, mais le meneur du Real refuse d'entrer dans la polémique.

Pour la dix-huitième fois depuis 1951, l'Allemagne et la Turquie s'affrontent vendredi à Berlin dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2012. Une rencontre forcément particulière pour Mesut Özil, qui, malgré des parents d'origine turque, a opté pour les couleurs de la Mannschaft. Un choix qui suscite des critiques parmi ses futurs adversaires, mais le meneur du Real refuse d'entrer dans la polémique. L'Olympiastadion de Berlin va vibrer. L'enceinte où s'est déroulée la finale de la Coupe du monde 2006 s'apprête en effet à accueillir une autre belle affiche opposant l'Allemagne à la Turquie, les deux favoris du groupe A des éliminatoires de l'Euro 2012. Mais plus que l'enjeu sportif - les deux équipes sont en tête de leur poule après avoir fait le plein lors de leurs deux premiers matches - c'est la dimension culturelle qui primera lors de ce match entre deux pays, deux populations dont le sort est étroitement lié. Car, l'Allemagne détient, et de loin, la plus grande communauté turcophone d'Europe, environ 3 millions de personnes, sur les 81 millions d'habitants que comptent le pays. Vendredi, ils seront près de 30 000 à se masser dans le Stade Olympique pour acclamer leurs héros, mais aussi peut-être pour siffler Mesut Özil. Né à Gelsenkirchen en 1988, de parents d'origine turque, le meneur de jeu du Real Madrid, révélé au grand public cet été lors de la Coupe du monde 2010, a fait le choix de porter le maillot de la Mannschaft. Il en est aujourd'hui le symbole de la nouvelle génération, talentueuse et cosmopolite. L'ancien maître à jouer du Werder fait un peu figure d'exception, car la plupart des joueurs d'origine turcs nés en Allemagne et qui évoluent en Bundesliga ont répondu favorablement aux sollicitations du pays d'origine de leurs parents. C'est notamment le cas du milieu de terrain Hamit Altintop, né lui aussi à Gelsenkirchen, en 1982. Et le milieu du Bayern Munich a du mal à comprendre le choix d'Özil. Özil: "Aucune autre nation n'entrait en ligne de compte pour moi""Le football est parfois une affaire de coeur, mais, beaucoup plus souvent, c'est simplement un business, a confié cette semaine dans une interview accordée au Süddeutsche Zeitung, le frère jumeau d'Halil, lui aussi sélectionné pour cette rencontre et qui évolue à l'Eintracht Francfort. En tant qu'international allemand, Mesut a un lobby derrière lui, une plus grande valeur sur le marché des transferts et gagne plus d'argent. S'il avait choisi la Turquie, il n'aurait pas joué la Coupe du monde et ne serait pas au Real Madrid, c'est aussi simple que cela. Je respecte sa décision, mais si vous me demandez, si je le soutiens, alors je dis: non". Face à ces attaques d'avant-match, sûrement lancés pour faire monter la pression autour de la Mannschaft et de son meneur de jeu, Mesut Özil a refusé de surenchérir. "C'est forcément un match particulier pour moi, mais je me réjouis de jouer contre mes amis, a-t-il expliqué dans une interview publiée sur l'édition en ligne de l'hebdomadaire Die Zeit, dans le but de désamorcer la polémique. Notre objectif est la victoire afin de faire un pas de plus vers la qualification pour le championnat d'Europe. Je suis né ici, de troisième génération, j'ai grandi ici et je m'y sens très bien. J'en suis fier. J'ai joué dans toutes les équipes de jeunes allemandes. Aucune autre nation n'entrait en ligne de compte pour moi". Toujours privé de Michael Ballack, mais aussi de Bastian Schweinsteiger, Joachim Löw comptera sûrement encore un peu plus que d'habitude sur Özil pour faire la différence. Reste à savoir si celui-ci parviendra à éviter le traitement de faveur que pourrait lui infliger les hommes de Guus Hiddink.