Albums Panini, une madeleine de Proust

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Les célèbres vignettes Panini fêtent leur 35e anniversaire. Paroles de fans.

Michel Platini, Yannick Stopyra, Dominique Rocheteau et bien d’autres sont encore à l’abri dans un vieux tiroir. Depuis 1976, les enfants collectionnent les images Panini de leurs idoles de footballeurs. Rangées soigneusement dans leur album ou collées à la va-vite sur une feuille blanche, ces vignettes se sont échangées sur les bancs d’écoles. Europe1.fr a recueilli le témoignage de ces collectionneurs nostalgiques. Les chanteurs Cali et Disiz, le chroniqueur Guy Carlier, et d’autres fans de ces images ont accepté de partager leurs souvenirs à l’occasion de ce 35e anniversaire.

Les Verts et Platini en stars

A chacun son histoire et son image fétiche ? Guy Carlier, chroniqueur d’Europe 1, a vécu une longue "histoire" avec ses petites vignettes. Lui était plutôt de la génération des chewing-gums Globo, mais il a acheté ses premières vignettes Panini pour son premier fils, aujourd’hui âgé de 40 ans.

Guy Carlier se souvient surtout de "l’album des Verts à l’époque de la finale de la Coupe des champions et des "poteaux carrés"". Son deuxième fils a aujourd’hui 24 ans. Un véritable fan des petites vignettes autocollantes. "Il a faits tous les albums. Je me souviens à l'époque des joueurs, Jean-Guy Wallemme, Eric Carrière. Et maintenant, c'est celui qui a 12 ans et demi qui a repris le relais". Panini, c’est toute une histoire de famille chez les Carlier.

Le chanteur Cali a grandi du côté de Perpignan, dans le village de Vernet-les-Bains. Plus féru de rugby que de foot, il a quand même collectionné pendant longtemps les fameuses images Panini. "Ça me permettait de connaître les équipes presque parfaitement". Pas besoin de creuser très longtemps pour retrouver des noms. "Je me rappelle de Platini bien évidemment, mais aussi Robert Herbin, Jean-François Larios ou Christian Sarramagna". Des noms qui ne parlent pas forcément à tout le monde mais c’est aussi un peu ça, les vignettes. Des noms qu’on avait oubliés qui reviennent comme une bonne vieille madeleine de Proust.

Julien, 27 ans, commercial à Paris, a gardé tous ses albums. De temps en temps, il les ouvre. "Juste pour me rappeler des visages". Son plus beau souvenir, l’album de 1994, celui du mondial où les Français ont brillé par leur absence. "J’ai adoré collectionner les joueurs de la Bulgarie, ils étaient un peu là à notre place", raconte-t-il. "Une équipe en fin de cycle, d’un autre temps. Ça se voyait sur les vignettes". Julien est un vrai fan, il n’a oublié aucun nom. "Kostadinov, le bourreau. Hristo Stoickhov, le Cantona slave. Yordan Letchkov le métronome au crane glabre et puis surtout Trifon Ivanov".

Les doubles et les échanges

Le principal problème des vignettes, c’est bien évidemment les doubles. "Le premier plaisir de l’album, c’est l’échange", selon Guy Carlier. Pour d’autres, les doubles sonnent encore comme leur pire cauchemar. Charles, 25 ans, est aujourd’hui informaticien. Il s’en rappelle encore. "Je pense que j'ai battu un record. J’ai dû avoir au moins huit fois la vignette de Jimmy Adjovi-Bocco lorsqu'il était à Lens. J'ai essayé de l'échanger contre celle de Jean-Luc Sassus. Sans grand succès".

Vignettes Panini, 930

© Arthur Helmbacher

Et comme dans toute collection, il y a les perles rares. Le graal que chaque enfant espérait en ouvrant les petites pochettes de cinq images. Charles se souvient de Dominique Casagrande ou Vincent Guérin. "Je n’ai jamais réussi à mettre la main dessus. Et du coup, je n’ai jamais fini un seul album".

La plus grande vignette

Quant à Disiz, chanteur de rap aujourd’hui reconverti dans le rock, il se souvient des crises de sa mère. "Je n’avais pas d’album, alors je les collais sur le frigo. Ma mère piquait des colères noires pour que les enlève. Mais à chaque fois, la vignette laissait une griffe de papier déchiré…". Disiz nous confie qu’il n’a pas gardé ses vignettes. "Sauf peut-être celle de Stopyra, ma préférée. Je crois qu’elle est encore collée sur le frigo !"

Pour ce qui est de la plus grande vignette, les collectionneurs se livrent encore à une véritable bataille. Les paris sont ouverts et chacun y va de son commentaire. Trifon Ivanov pour Julien, Bernard Casoni pour Charles ou Michel Platini pour Cali. Guy Carlier, lui, vote pour Raymond Domenech, à l’époque où il portait encore la moustache. Mais bien évidemment, chaque fan de Panini a ses propres souvenirs. A chacun sa madeleine de Proust.