All Blacks-Springboks: Le choc des cultures

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Twickenham sera samedi (17 heures) le théâtre d’un affrontement terrible entre les deux frères ennemis de l’hémisphère sud. Une première demi-finale de Coupe du monde qui promet une opposition de styles entre des All Blacks au rugby débridé et des Springboks au rugby plus destructeur que jamais.

"On va se taper dessus pendant 80 minutes puis on ira bavarder, voire partager une bonne bière après le match." Duane Vermeulen, recrue et futur Golgoth (1,93m, 116kg) de la troisième ligne du Rugby Club Toulonnais, livre une vision plutôt inattendue de la première demi-finale de la Coupe du monde de rugby 2015. Elle traduit pourtant bien à la fois toute l’intensité et à la fois tout le respect qui promettent d’accompagner cet énième choc de la rivalité entre All Blacks et Springboks. L’une des plus grandes du monde du sport, digne du "crunch" dans notre hémisphère nord. A ce stade de la compétition, on imagine dès lors la portée d’une telle affiche pour les deux géants du Sud.

" J’ai grandi pendant la période de l’apartheid, où c’est l’Australie qui était l’ennemi traditionnel, mais depuis, l’Afrique du Sud est revenue, les choses sont de nouveau comme elles étaient et c’est notre plus grande rivale "

Autre futur pensionnaire de notre TOP 14, le trois-quarts centre néo-zélandais Conrad Smith vibre tout autant pour ces confrontations au sommet: "C’est un adversaire spécial et c’est donc une rivalité très spéciale aussi, explique le néo Palois. J’ai grandi pendant la période de l’apartheid, où c’est l’Australie qui était l’ennemi traditionnel, mais depuis, l’Afrique du Sud est revenue, les choses sont de nouveau comme elles étaient et c’est notre plus grande rivale. C’est toujours particulier de jouer contre elle et le contexte d’une demi-finale de Coupe du monde rendra ça encore plus particulier que d’habitude", reconnaît-il. Et d’ajouter: "On a une relation cordiale avec la plupart des équipes contre lesquelles on joue, mais l’Afrique du Sud a un rapport particulier au rugby et c’est pour ça que deux minutes après le coup de sifflet final, on peut se serrer la main et discuter en sortant du terrain."

Trop facile face aux Bleus

Un "rapport particulier au rugby", comme l’opposition de styles qui s’annonce sur la pelouse de Twickenham entre deux équipes doubles championnes du monde que tout oppose. La formation la plus joueuse de la compétition part favorite face à des Sud-Africains, à contre-courant de cette Coupe du monde portée sur le spectacle et revenus à leurs principes de jeu historiques, basés sur la puissance et la destruction, après le couac face au Japon.

"Avec l’Afrique du Sud, il y a toujours un certain degré d’impact physique. Elle ne lève jamais le pied et ces cinq dernières années, les matches contre elle ont toujours été serrés. Je suis sûr que le match de samedi ne fera pas exception à la règle, prédit Smith. Même si on les a battus dans le dernier Rugby Championship (27-20), on n’était pas très fiers de la manière. On sait qu’on va affronter une équipe très forte et très physique." Un test d’une toute autre ampleur que ce quart de finale à sens unique face au XV de France (62-13).

"Leurs performances jusque-là indiquent que leur conquête est meilleure que celle de la France et notre défense devra être au top. Les points forts des Sud-Africains sont différents de ceux des Français et les soucis qu’ils vont nous poser le seront donc aussi", prévient encore l’alter-ego de Ma’a Nonu.

Hansen n’est pas dupe

Si le futur Montpelliérain Jeannie du Plessis est le premier à reconnaître que les All Blacks face aux Bleus de Saint-André "ne se sont pas contentés de planter le couteau, ils l’ont enfoncé jusqu’au manche et ils n’ont jamais arrêté de le remuer dans la plaie. Les Français ont pris cher", le deuxième ligne Eben Etzebeth affirme qu’"on ne saura jamais si c’est la Nouvelle-Zélande qui était bonne ou la France qui était mauvaise. Les All Blacks ont bien joué, mais on sait ce dont on est capable en défense." Comme un avertissement.

" Cette équipe-là est probablement la meilleure de l’histoire du rugby "

Et ce ne sont pas les louanges d’Heyneke Meyer pour la qualité du jeu néo-zélandais, qui vont faire baisser la garde des All Blacks. Même si le sélectionneur sud-africain a mis le paquet: "Cette équipe-là est probablement la meilleure de l’histoire du rugby, et je le pense vraiment, ce ne sont pas des paroles en l’air. (…) De notre côté, on sait qu’on va devoir sortir le très grand jeu si on veut la battre parce qu’encore une fois, c’est la meilleure équipe que j’aie jamais vue." La réponse de Steve Hansen, son homologue, n’a pas tardé: "Il a vanté notre jeu toute la semaine. Mais ça ne les empêchera pas (les Springboks) d’être prêts à nous faire tomber de ce piédestal. C’est très tactique. Je ne pense pas qu’il dise la même chose dans le secret de leurs vestiaires. Si on ne joue pas notre meilleur rugby, on n’a aucune chance. Il ne faut pas se laisser prendre au piège de ces belles paroles." Le ton est donné.

Europe 1 avec Sports.fr