Affaire Tony Chapron : les arbitres doivent-ils être irréprochables ?

Tony Chapron, à gauche, a été écarté jusqu'à nouvel ordre.
Tony Chapron, à gauche, a été écarté jusqu'à nouvel ordre. © PATRICK HERTZOG / AFP
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et Julien Froment , modifié à
Le tacle de Tony Chapron sur un joueur de Nantes a ravivé les tensions autour de l’arbitrage, dont l’image est écornée par cette affaire. 

Dur, dur, d’être un arbitre. Tony Chapron en a fait l’expérience en provoquant une tempête médiatique pour son "tacle" sur le défenseur de Nantes Diego Carlos, lors de la rencontre de Ligue 1 contre le PSG, dimanche soir. L’arbitre, réputé pour son intransigeance et son fort caractère, a été écarté jusqu’à nouvel ordre par la direction technique de l’arbitrage (DTA) et a été contraint de présenter ses excuses, lundi. Les hommes en noir, confrontés à une énorme pression de la part des joueurs, des dirigeants et des supporters, doivent-ils pour autant être irréprochables ? Europe 1 a posé la question à d’anciens arbitres.

  • Pascal Garibian, directeur technique de l’arbitrage (patron des arbitres français) : "Ce geste est inacceptable"

"Les arbitres doivent être irréprochables et exemplaires en toute situation", a estimé fermement Pascal Garibian, directeur technique de l’arbitrage interrogé par Europe 1. "Même s’il s’agit d’un mauvais réflexe après une chute, ce geste est inacceptable. Tony Chapron s’expliquera devant la commission de la discipline. Il s’est excusé, et je n’irai donc pas au-delà", a poursuivi le patron des arbitres français.

Pascal Garibian tient cependant à préciser que le geste de Tony Chapron est "exceptionnel", et qu’il ne "faut surtout pas faire d’amalgame". "Cet événement est rarissime et exceptionnel. Nos arbitres, sur et en dehors des terrains, sont exemplaires. Les relations avec le monde du foot sont essentielles pour nous : nous allons dans les clubs rencontrer les acteurs, nous réunissons joueurs et entraîneurs pour expliquer nos décisions. Il ne faut surtout pas faire d’amalgame."

  • Eric Castellani, ancien arbitre international : "L’arbitre peut avoir des faiblesses"

" L’arbitre est un être humain, il peut avoir des faiblesses, mais il doit être exemplaire. Le mauvais réflexe de mettre le pied n’est pas excusable, mais je peux le comprendre", a nuancé Eric Castellani, ancien arbitre international interrogé par Europe 1. "En revanche le carton rouge est inexplicable. Tel que je vois les images, ce n’est pas volontaire de la part du joueur. C’est du jusqu’au-boutisme de l’expulser", a ajouté celui qui a côtoyé Tony Chapron durant sa carrière.

Eric Castellani va cependant plus loin que ce geste et pointe du doigt la formation des arbitres. "Aujourd’hui, on peut reprocher aux instances de l’arbitrage de ne pas balayer devant leur porte. Rien n’a été fait sur le comportement des arbitres. Les arbitres auraient tout à gagner, notamment au niveau de leur image, en se montrant plus affable, plus souriant. J’ai le sentiment que les joueurs ont fait plus d’efforts que les arbitres. Les arbitres sont depuis quelques années dans leur tour d’ivoire. La psychologie est très importante, or ils en sont encore loin. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire", juge l’ancien arbitre.

Eric Castellani déplore cependant "l’acharnement" contre l’arbitre de Nantes-PSG et s’inquiète pour l’image de la profession auprès des jeunes. "L’acharnement contre Tony Chapron est intolérable. Mais au-delà de son cas personnel, toute la profession d’arbitre est décriée. Aujourd’hui, la fonction n’attire pas les jeunes. L’image de dimanche soir nuit aux arbitres amateurs, qui n’ont pas les moyens de se défendre comme les professionnels, et ça c’est déplorable."