Vosges : l'ex- propriétaire d'une usine fermée endommage ses machines avant de les vendre

usine de Docelles crédit : capture d'écran Google Street View - 1280
Les machines de l'usine de Docelles vont être vendues aux enchères lundi, surtout pour leur poids de métal © Capture d'écran Google Street View
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avec AFP , modifié à
L'ancien propriétaire de l'ancienne papeterie de Docelles a percé les rouleaux à papier des machines pour qu'elles ne soient pas utilisées par la concurrence alors qu'elles doivent être vendues aux enchères lundi après la fermeture du site.

Les machines d'une ancienne papeterie vosgienne, fermée en 2014 après cinq siècles d'activité, doivent être vendues aux enchères mardi. Mais leur ancien propriétaire les a endommagées pour éviter qu'elles ne puissent être rachetées par des concurrents.

Des machines aux "cylindres percés". Dans le catalogue de la vente, prévue mardi à Epinal, certains équipements de l'ancienne usine UPM de Docelles - qui fut longtemps la plus vieille usine en activité en France - portent la mention "cylindres percés" : les acheteurs éventuels sont ainsi dûment avertis que les appareils concernés vaudront surtout pour leur poids en métal.

Endommager ainsi les machines, "c'est un manque de respect pour tous ceux qui ont travaillé là", se désole Gildas Bannerot, ancien délégué CFDT, qui a travaillé 37 ans à Docelles. Les anciens propriétaires "auraient mieux fait de tout vendre directement à des ferrailleurs, plutôt que de les casser comme ça", ajoute l'ancien ouvrier de maintenance, qui reconnaît toutefois que "sur le fond, ça n'aurait pas changé grand chose".

Refus de céder l'entreprise aux salariés. Après la fermeture de l'usine, qui avait laissé 162 personnes sur le carreau en janvier 2014, certains anciens salariés s'étaient battus en justice, mais en vain, pour reprendre l'usine : le propriétaire du site, le groupe finlandais UPM, avait refusé de le leur céder à un prix raisonnable. 

Une "émotion compréhensible". Pour l'actuel représentant en France du groupe UPM, Jean Kubiak - qui fut l'avant-dernier directeur du site vosgien, de 2008 à 2012 -, cette mise hors d'usage des anciennes machines "crée une émotion compréhensible", mais doit être considérée "en fonction du contexte économique". "Effectivement, les rouleaux de la machine à papier ont été percés, afin d'éviter qu'un concurrent puisse les utiliser", a expliqué Jean Kubiak.

"Je ressens cette charge émotionnelle. J'étais dans cette usine. Je sais ce que ça signifie, cet attachement à un outil industriel. En même temps, je sais ce que c'est de devoir vendre une tonne de papier et d'être en concurrence avec le marché mondial", a ajouté l'ancien directeur du site vosgien.

Le repreneur était au courant. La société qui a acheté en juin le site de Docelles - et qui souhaite se débarrasser des machines cette semaine aux enchères - était parfaitement au courant que les appareils étaient hors d'usage, assure-t-il. Ce dossier n'est donc pas celui d'un "patron voyou qui viendrait détruire en cachette l'outil de travail", selon Jean Kubiak.