Vivre et surmonter une interruption médicale de grossesse : "ça laisse forcément des traces indélébiles"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Christophe Hondelatte, Julie de Troy Lecante évoque l'interruption médicale de grossesse à laquelle elle a dû avoir recours, après sept mois de grossesse.

Un mois après son mariage en août 2005, Julie de Troy Lecante tombe enceinte. Un immense bonheur pour elle et son mari. Mais après sept mois de grossesse, des médecins lui annoncent que son bébé est gravement malade. Chez Christophe Hondelatte mardi, elle revient sur cette épreuve.

"J'avais vraiment des craintes". Julie et son compagnon, Jean-Marie, se marient en août 2005. Ils se connaissent bien tous les deux, depuis leur 12 ans et la classe de cinquième. Un mois après cette célébration, Julie ressent des douleurs au ventre. Après des prises de sang, on lui annonce qu'elle est enceinte. Joie et bonheur pour tout le couple, la famille et les amis. Lors de la première échographie officielle, Julie et Jean-Marie souhaitent connaître le sexe du fœtus. C'est un garçon. Ils décident qu'il s’appellera Théo. Pendant ces premiers mois de grossesse, Julie est inquiète. "Dès le début, j'ai tout de suite eu peur de le perdre", confie-t-elle au micro d'Europe 1, "j'avais vraiment des craintes, je voyais le bébé comme quelque chose de fragile."

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"C'est grave". Cinq mois après le début de la grossesse, Julie passe une nouvelle échographie, très importante, car à ce stade, tous les organes sont formés. Tout va bien. Les semaines passent, les cadeaux pour le bébé commencent à s'accumuler. Puis vient la consultation du septième mois de grossesse. Le début du cauchemar. À l'issue de l'échographie, le gynécologue n'a plus le même visage que d'habitude. Il annonce à Julie et Jean-Marie que leur bébé est très malade. "Il a de l'ascite foetale, du liquide dans l'abdomen. C'est grave", leur explique-t-il.

Une autre échographie est prescrite en urgence, qui sera suivi d'examens complémentaires, puis de prélèvements. Après plusieurs jours d'angoisse, le terrible diagnostic tombe. Outre le liquide au niveau de l'abdomen, le cerveau du bébé est noyé de sang. La conséquence, c'est qu'il sera handicapé très lourdement. Au minimum aveugle, sourd, muet et peut-être même tout cela en même temps. Les médecins annoncent au couple et à la famille qu'il n'est pas certain que le bébé survive à l'accouchement.

"Médecins, sages-femmes, ils ont tous eu les bons mots". À ce stade, deux solutions sont possibles pour Julie et Jean-Marie. Soit poursuivre la grossesse : l'enfant sera lourdement handicapé s'il survit à l'accouchement, mais l'équipe médicale fera tout ce qu'il faut pour sauver l'enfant. Soit ils ont recours à l'interruption médicale de grossesse. Après plusieurs heures de réflexion, Julie et Jean-Marie prennent leur décision. Ils ne veulent pas que la vie de leur enfant soit faite de souffrance et de tristesse. "Médecins, sages-femmes, ils ont tous eu les bons mots", se souvient Julie, "on a eu cette chance d'avoir des médecins humains, qui nous ont très bien accompagnés et qui nous ont laissé prendre notre décision en la respectant."

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Julie de Troy Lecante et Christophe Hondelatte ©Europe 1

Le jour de l'IMG, le personnel médical fait une première injection pour endormir le bébé, puis une seconde, pour interrompre sa vie et enfin, l'accouchement est déclenché. Aujourd'hui, le corps de Théo repose dans le caveau familial, aux côtés de ses grands-parents. "On a un lieu où l'on peut se recueillir, ce qui est important", indique Julie de Troy Lecante.

"Des traces indélébiles". Trois mois après cette épreuve, Julie est tombée enceinte. Elle a donné naissance à un petit Antoine. Puis il y a eu Camille, Margaux, Louise et enfin un petit nouveau qui devrait arriver bientôt. "Ça n'effacera jamais ce que l'on a subi. Ça laisse forcément des traces indélébiles en moi, des peurs. J'appréhende toujours chaque échographie, des craintes qu'un nouveau malheur arrive", confie Julie de Troy Lecante.