Vivendi : Messier renvoyé en correctionnelle

  • Copié
, modifié à
L’ancien patron de Vivendi devra notamment répondre de manipulation de cours et d’abus de biens sociaux.

Jean-Marie Messier devra bien faire face à un procès en France. L’ancien patron de Vivendi Universal a été renvoyé la semaine dernière devant le tribunal correctionnel en compagnie notamment d’Edgar Bronfman Jr, ancien vice-président du groupe, dans le dossier des malversations présumées au sein de l’entreprise, a-ton appris jeudi.

En renvoyant celui qui était jadis surnommé J6M (Jean-Marie Messier moi-même maître du monde), le juge d'instruction Jean-Marie d'Huy est allé à l’encontre du réquisitoire de non-lieu général demandé par le parquet fin janvier. Le magistrat considère notamment que l’ancien patron du groupe de communication et de médias a diffusé au public des "informations fausses ou trompeuses" sur le niveau d'endettement du groupe et sur sa situation financière pour l'exercice 2001.

L'homme d'affaires est également visé pour le rachat massif sur le marché financier de 21.753 titres de VU entre le 17 septembre et le 2 octobre 2001, opéré selon l'instruction par le groupe lui-même par l'intermédiaire de Deutsche equities, dans le but de faire monter artificiellement la valeur du titre. Il se voit aussi reprocher reprocher un protocole de départ signé le 1er juillet 2002 qui devait lui garantir un "parachute doré" de 18,6 millions d'euros, une prime de 1,95 million d'euros, ainsi que la mise à disposition de personnel après son départ pour lui et son épouse. Il avait finalement renoncé au bénéfice de ces avantages après plusieurs procédures en France et aux Etats-Unis.

L'avocat de Jean-Marie Messier, Olivier Metzner, a dit jeudi soir à Reuters que son client ne comprenait pas cette décision. "Il s'étonne de cette décision alors que le procureur a conclu il y a neuf mois qu'il n'y avait aucune charge", a-t-il déclaré. "Lui-même considère qu'il n'y a pas de charge contre lui."

Le juge d’Huy estime par ailleurs qu'Edgard Bronfman Jr doit être jugé pour délit d'initié après avoir vendu des stock-options en janvier 2002 alors qu'il avait "connaissance de faits non communiqués au public". Au total, sept personnes, dont l'ancien directeur financier du groupe Guillaume Hannezo et son ancien directeur général Eric Licoys, sont renvoyés devant le tribunal.

Cette décision intervient alors que Jean-Marie Messier comparaît actuellement aux côtés de Vivendi Universal en tant que personne morale, devant un tribunal de New York. Les deux accusés pourraient être condamnés à verser des milliards de dollars d'indemnités à leurs actionnaires pour avoir embelli les comptes du groupe jusqu'en 2002.