Violences policières à Drancy : le parquet s'oppose à la requalification en viol

À l'époque, un médecin avait constaté une "plaie" au niveau de l'anus du jeune homme et prescrit dix jours d'interruption totale de travail (ITT).
À l'époque, un médecin avait constaté une "plaie" au niveau de l'anus du jeune homme et prescrit dix jours d'interruption totale de travail (ITT). © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice avait demandé lundi la requalification des faits en viol dans le cadre du procès d'un policier municipal de Drancy, accusé d'une interpellation violente en 2015 sur le jeune Alexandre. 

Le parquet de Bobigny a annoncé avoir fait appel mardi de la décision du tribunal correctionnel de requalifier en viol les poursuites engagées contre un policier municipal de Drancy qui avait blessé avec sa matraque un homme en 2015.

À la cour d'appel de Paris de statuer. Alors que le policier avait été jugé mi-janvier pour des "violences aggravées", le tribunal, au lieu de rendre sa décision lundi, s'était déclaré incompétent et avait "renvoyé le parquet à mieux se pourvoir" : autrement dit à requalifier les faits en viol. Ce revirement inattendu avait été salué par la défense, très critique depuis le début à l'égard de la position dans cette affaire du parquet, qui avait réclamé un an d'interdiction d'exercer et six mois avec sursis contre l'agent de police de 33 ans. Il appartient désormais à la cour d'appel de Paris de statuer sur la nature des poursuites dans ce dossier, qui a pris une autre tournure avec l'"affaire Théo".

L'interpellation brutale de Théo, un jeune homme noir de 22 ans, début février à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, a débouché sur la mise en examen d'un policier, soupçonné de viol au moyen d'une matraque. L'affaire a déclenché des violences urbaines et eu un grand retentissement politique. Si le viol était retenu contre le policier de Drancy, celui-ci serait alors également passible de la cour d'assises.

Blessure au niveau du rectum. Le soir du 29 octobre 2015, Alexandre, âgé aujourd'hui de 28 ans, avait été interpellé, en état d'ébriété, pour outrage et tapage, au pied de son immeuble à Drancy. Un policier municipal l'avait blessé au niveau du rectum en voulant le contraindre avec sa matraque à monter à bord du véhicule de police. Dix jours d'incapacité totale de travail avaient été prescrits au jeune homme, couvreur de profession.

Si trois policiers avaient été placés initialement en garde à vue pour "viol en réunion", le parquet avait décidé de ne renvoyer devant le tribunal correctionnel que celui qui tenait la matraque. L'avocat du policier, Me Florent Hauchecorne, avait fait part dès lundi de son intention de faire appel, fustigeant une décision prise "sous la pression indirecte de 'l'affaire Théo' et des graves troubles à l'ordre public", auxquels elle a donné lieu, "y compris" sous les fenêtres du tribunal de Bobigny le 11 février.