Comment lutter contre les violences obstétricales ?

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Clémence Olivier , modifié à
Pour la présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Danielle Bousquet et la présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, Anne-Marie Curat, informer les praticiens est l'une des pistes pour réduire les violences obstétricales.
INTERVIEW

C'est un rapport choc que vient de rendre le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Il dénonce six types d'actes sexistes dont sont victimes les femmes lors du suivi gynécologique et obstétrical, parmi lesquels une non prise en compte de la gêne d'une patiente, des jugements sur la sexualité, des actes exercés sans consentement, voire des violences sexuelles. "Des actes qui ne sont pas isolés", explique Danielle Bousquet, la présidente du HCE, invitée vendredi dans Europe Midi.

"Ce sont des pratiques d'équipe". En France, et même si la situation a évolué ces dernières années, près d'un accouchement sur cinq donne toujours lieu à une épisiotomie, et dans un cas sur deux, la femme déplore l'absence d'information, rappelle le HCE dans son rapport. "On se rend compte que pour des accouchements sans risque, certaines maternités peuvent avoir des taux de 45% d'épisiotomies et à l'inverse, pour des femmes qui ont des grossesses à risque, cet acte est très peu pratiqué. Donc ce n'est pas l'exigence médicale qui conduit à l'épisiotomie, ce sont des pratiques d'équipe", pointe Danielle Bousquet, ajoutant que cela ne veut pas dire que les praticiens sont "volontairement maltraitants. Mais pour les femmes, ce sont des actes extrêmement violents".

Remettre les femmes au cœur du dispositif de naissance. Le rapport du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes propose de rendre publiques les données par maternité et préconise plusieurs pistes pour améliorer les choses, notamment de mieux informer les femmes sur leurs droits. "Il est important de dire aux femmes qu'elles ont le droit de choisir la position qu'elles auront pendant leur accouchement, par exemple. Il faut remettre les femmes au cœur du dispositif de la naissance. C'est leur parole qui doit compter", insiste-t-elle.

La formation nécessaire. Autre piste : former davantage les professionnels de santé sur les violences sexistes, la bientraitance et le consentement. Pour Anne-Marie Curat, qui partage le constat du HCE sur les actes sexistes, c'est d'ailleurs "une nécessité". "Il est important que la formation d'un professionnel de santé traite de postures empathiques, du consentement de la personne", précise-t-elle sur Europe 1. "Dans la formation initiale des sages-femmes, des modules portent sur la prévention et le respect de la pudeur, mais cela peut encore être amélioré".