Violences conjugales : mieux prendre en charge les enfants, victimes collatérales

Un total de 157 personnes sont mortes, victimes de leur conjoint, petit ami, compagne, amant ou ex en 2016, selon le ministère de l'Intérieur.
Un total de 157 personnes sont mortes, victimes de leur conjoint, petit ami, compagne, amant ou ex en 2016, selon le ministère de l'Intérieur. © AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
En 2016, 25 enfants sont morts dans le cadre de violences conjugales, selon le ministère de l'Intérieur.

Accompagnement renforcé des enfants témoins de violences conjugales ou retrait de l'autorité parentale des maris violents: le centre Hubertine Auclert propose de mieux reconnaître et prendre en charge les enfants victimes collatérales de violences conjugales, dans un rapport devant être rendu public jeudi.

En France, 143.000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré des violences physiques ou sexuelles au sein de son couple, rappelle le groupe de travail réuni par l'Observatoire régional des violences faites aux femmes, du centre francilien (chiffres Insee). Si l'on tient compte des violences non déclarées, y compris verbales et psychologiques, 4 millions d'enfants seraient concernés, selon une autre étude.

En 2016, 25 décès d'enfants dans le cadre de violences conjugales ont été recensés par le ministère de l'Intérieur, dont neuf ont été tués par leur père en même temps que leur mère. Si elles ne sont pas toujours fatales, les violences conjugales peuvent avoir d'importantes répercussions sur la santé, le comportement et le développement des enfants, sans compter les risques de reproduction, une fois adultes, des violences dont ils ont été témoins dans leur jeune âge.

422 millions d'euros dépensés pour la prise en charge. Les conséquences des violences conjugales sur les enfants ont un coût pour la société estimé à 422 millions d'euros, notamment en raison des coûts d'accueil et accompagnement par l'aide sociale à l'enfance, rappelle le rapport. Il recommande de reconnaître en droit pénal le statut de victime de l'enfant exposé aux violences conjugales, même s'il n'est pas directement ciblé. Il préconise aussi d'améliorer les dispositifs de mise en sécurité des femmes victimes de violences et de leurs enfants: accès facilité à l'hébergement d'urgence, meilleure application de la législation sur l'éviction du conjoint violent du domicile.

"Entre 40 % et 60 % des conjoints violents seraient aussi des pères violents". Le rapport conseille de développer dans le milieu associatif des dispositifs spécialisés d'accompagnement des enfants pour les aider à se reconstruire, par exemple grâce à des ateliers ou groupes de parole, et d'améliorer leur accès aux soins psycho-traumatiques. Pour les enfants qui ont été témoins du meurtre de l'un de leurs parents par l'autre parent, il propose de généraliser le dispositif "féminicide" expérimenté en Seine-Saint-Denis: la prise en charge socio-médicale commence par une hospitalisation de trois jours de l'enfant, au cours de laquelle ses traumatismes sont évalués.

"D'après plusieurs études, entre 40% et 60% des conjoints violents sont aussi des pères violents", signale le groupe de travail, composé d'experts et élus. Dans les situations où les enfants ne sont pas directement ciblés par l'auteur des violences, "des études montrent que ces pères exerçant des violences sur leur partenaire sont peu impliqués et peu empathiques vis-à-vis de leurs enfants".

157 personnes mortes en 2016, victimes de leur conjoint. Le rapport propose de mieux appliquer la législation permettant de retirer, totalement ou en partie, l'autorité parentale au parent violent condamné pour un crime ou délit sur l'autre parent. Un total de 157 personnes (123 femmes et 34 hommes) sont mortes, victimes de leur conjoint, petit ami, compagne, amant ou ex en 2016, selon le ministère de l'Intérieur.