Vers un numéro unique pour l’ensemble des urgences en France ?

© PASCAL PAVANI / AFP
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Après le drame de Naomi, morte après avoir appelé le Samu à Strasbourg, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a plaidé pour un numéro unique d’appels d’urgence en France.

Il y a le 15, le 18, le 115, le 112, le 119, dans certains départements même le 116.117, sans oublier le 36 24… Si la France est souvent louée pour son système de santé, le nombre de numéros d’urgence demeure pour certains un vrai problème. Après le décès à Strasbourg de Naomi Musenga, dont le cas avait été pris trop à la légère par une opératrice du Samu, la question d’un numéro unique est relancée. "Il est important que nous puissions accélérer sur ce sujet", a ainsi assuré Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, dimanche matin sur RTL.

 

Mise à jour le 15.05 : La question de regrouper les numéros d'urgence sur une plateforme unique se pose mais n'est pas tranchée, et "des décisions" seront prises cet été, a indiqué mardi Agnès Buzyn.  "C'est une question que j'avais posée en janvier", en commandant, conjointement avec le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, un rapport sur le sujet, qui doit être rendu "avant l'été", a déclaré la ministre de la Santé sur RMC. 

Ce rapport dressera un "état des lieux de ce qui se passe dans les autres pays", notamment européens, qui l'ont mis en place, pour "voir les inconvénients et les bénéfices", a-t-elle dit.

Le fait que Naomi, 22 ans, qui se plaignait de très fortes douleurs au ventre, ait eu au téléphone un grand nombre d’interlocuteurs interpelle. La jeune femme a d’abord appelé la police, qui l’a réorienté vers les pompiers, qui lui ont passé le Samu, où l’opératrice lui a conseillé d’appeler SOS Médecins. La jeune femme s’est exécutée, mais c’est finalement bel et bien le Samu qui l’a transportée quelques heures plus tard à l’hôpital, où son cœur s’est arrêté. Il est pour l’heure impossible de conclure que Naomi aurait été sauvée si elle avait appelé un numéro unique d’urgence. Mais l’idée est relancée.

L’emblématique "nine one one" américain. D’autres pays, d’ailleurs, ont déjà adopté le numéro unique d’urgence. Le plus célèbre est sans conteste le 911 ("nine one one") américain, institué en 1968. Plus près de nous, d’autres pays ont simplifié les démarches. C’est le cas de l’Allemagne, qui a adopté le 112, le numéro d’urgence européen. Idem pour l’Espagne ou la Grèce, toujours avec le 112. En France, si vous composez ce numéro, vous tomberez sur… les pompiers ou le Samu, en fonction du découpage géographique.

Une plateforme unique pour les "3S". En France, pompiers et Samu travaillent déjà en étroite collaboration. Mais l’idée serait d’aller plus loin en dédiant une plateforme unique aux "3S" : secours, santé et social. Ce qui exclut un quatrième S, celui de la sécurité, qui incombe aux forces de police ou de gendarmerie. Une expérimentation  a déjà été lancée dans ce sens au plan local, dans le Tarn-et-Garonne, à l’initiative de Pierre Mardegan, directeur du Samu 82. "Aujourd'hui, le 15 reçoit des appels relevant du social, les pompiers des appels relevant de la santé… Il s'agirait d'aiguiller les appels vers les bons services avec comme objectif de répondre à 100 % des appels dans les 60 secondes, 120 secondes maximum pour être en ligne avec un médecin", expliquait ce médecin urgentiste fin janvier dans La Dépêche.

De nombreuses questions. L’objectif du Dr Mardegan était de mettre en place cette plateforme avant l’été. Car bien évidemment, un tel projet ne se fait pas en un claquement de doigts. Il demande une logistique lourde et soulève de nombreuses questions : quel numéro unique choisir ? Où les appels seront-ils réceptionnés ? Faut-il réunir physiquement les différents représentants des différents services sur le même plateau ? Sans oublier le coût d’une telle mesure et l’indispensable formation à dispenser aux personnels réceptionnant les appels.

Autant d’écueils qui seront amplifiés au niveau national, si le gouvernement décide de la mise en place d’un numéro d’urgence unique. Mais en février déjà, lors du lancement officiel du projet à la préfecture du Tarn-et-Garonne, Edouard Philippe avait prêté un œil intéressant à l’affaire. "Le Premier ministre s'est montré très intéressé par cette expérimentation que nous allons mener et qui est unique en France", avait assuré Pierre Mardegan. Aujourd’hui, l’actualité pousse l’exécutif à "accélérer" sa réflexion.

La jungle française des numéros d’urgence

15 : Service d’aide médicale d’urgence (Samu)
17 : Police ou gendarmerie
18 : pompiers
112 : numéro d’appel d’urgence européen, qui en France redirige vers les pompiers ou le Samu
114 : Centre national relais pour les personnes sourdes ou malentendantes
115 : Samu social
116 117 : médecins de garde, mis en place uniquement dans certains départements
119 : enfance maltraitée
36 24 : SOS médecins