Son fils diabétique est mort faute d'avoir pu acheter de l'insuline : "il avait disparu des fichiers"

Mathias est mort faute de carte vitale.
Mathias est mort faute de carte vitale.
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Damien Brunon , modifié à
INTERVIEW E1 - En février, son fils Mathias, âgé de 27 ans, est mort, faute de carte vitale. Il ne pouvait pas acheter son insuline comme il le devait.

L’INFO. Mathias est mort à 27 ans à cause d’une situation administrative ubuesque. Mi-février dernier, son corps inanimé a été retrouvé dans son appartement normand. Le jeune homme, diabétique depuis ses quatre ans, n’avait pas pu se soigner correctement. Et pour cause, il n’avait plus de carte vitale, n’apparaissait dans aucun fichier médical officiel et n’avait ainsi plus d’accès direct à l’insuline et à ses rendez-vous chez le diabétologue. Depuis sa mort, sa mère Véronique se bat pour mettre en lumière les situations ubuesques de la couverture sociale qui amènent des personnes à n’être plus assurées correctement.

Véronique Picard : "Il était diabétique mais on...par Europe1fr

Son histoire. Tout commence début 2013. Mathias avait décidé d’arrêter les études depuis quelques mois et s’aperçoit, lorsqu’il se rend dans une pharmacie pour acheter son insuline, que sa carte vitale ne fonctionne plus. “Comme il avait arrêté ses études, il était radié d’office”, explique sa mère, Véronique, au micro d’Europe 1.

Lorsque l’on quitte la vie d’étudiant, on n’est rapidement plus couvert par le régime social qui lui est rattaché. Il faut alors faire les démarches pour s’inscrire au régime général. Quand Mathias comprend la situation, il se décide à se mettre en règle.

Mais le jeune homme n’est pas au bout de sa peine. Quand il se rend à la Sécu pour ouvrir un dossier, ”il avait disparu des fichiers. Il n'existait plus, alors qu'avant, il figurait dans leurs dossiers en tant qu'insulino-dépendant. Il était sorti du système”, s’étonne Véronique Picard. “Je les ai appelés entre temps, pour qu'on me dise que c'était très grave et qu'il fallait qu'il prenne rendez-vous avec un conseiller. Ce dernier lui a dit : ‘Non, non. Vous n'êtes plus diabétique. Vous n'existez plus chez nous. Remplissez un nouveau dossier.’"

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Pas d’accès aux soins. Conséquence directe de la lenteur dans la gestion du dossier de Mathias, ce dernier n’a plus d’accès facile aux soins que sa santé réclame. “Il est revenu sur Paris voir mon médecin traitant, qui lui a renouvelé son insuline. On a payé ses frais jusqu'à ce moment-là”, explique sa mère.

Mais la situation n’a pas pu durer, et bien qu’il ait pu se fournir en insuline, le jeune homme ne pouvait pas avoir accès à un diabétologue. Les rendez-vous trimestriels chez le spécialiste sont le seul moment qui permet de diagnostiquer la détérioration de certains de ses organes. Il a finalement succombé à cet état de fait.

Et maintenant ? Depuis la mort de son fils mi-février, Véronique Picard se bat pour obtenir réparation, mais aussi pour éviter que cette situation se reproduise. “Quand j’ai rencontré le Défenseur des droits, j’ai eu l’impression que tout le monde était au courant de ces dysfonctionnements complètement ubuesques, mais que personne n’en (avait) pris la mesure”, s’étonne-t-elle.

Depuis, elle a ouvert un blog, “Pour Mathias, une carte était vitale”, sur lequel elle recueille des témoignages afin de montrer aux autorités que le cas de son fils n’est pas du tout isolé. Et elle ne manque pas de grain à moudre. “J’ai reçu hier le message d’une jeune femme dont le frère est mort à l’âge de 22 ans. Faute de carte de sécurité sociale, il est mort d’une embolie. Il avait mal à la jambe, il n’a pas pu se faire soigner. Des cas comme ça, j’en reçois plein”, se désole-t-elle.

Retrouvez l'interview intégrale

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