Venise pourrait rendre son centre historique payant

Venise
En novembre 2016, les Vénitiens manifestaient contre la hausse des prix des logements due au tourisme. © Marco BERTORELLO / AFP
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E.R , modifié à
Envahie par 30 millions de touristes chaque année, la ville de Venise dévoile un plan pour contrôler le flux des visiteurs. A terme, marcher sur la place St Marc pourrait devenir payant.

La cité des Doges veut protéger son centre-ville historique. Le conseil municipal de Venise a dévoilé jeudi dernier un plan pour contrôler le flux de touristes – pas moins de 30 millions – qui viennent visiter la ville chaque année.

Écarter les touristes des lieux surpeuplés. Selon le journal local Il Gazzettino, le maire de Venise prévoit un dispositif en deux temps. La commune mettra d’abord en place un système pour compter le nombre de personnes présentes sur les sites populaires de la ville, dont fait partie la place St Marc. Les chiffres seront diffusés en direct sur les réseaux sociaux et le site de la ville pour dissuader les touristes de se rendre dans ces endroits bondés.

En parallèle, de nouvelles cartes seront mises à disposition des visiteurs. Le but : faire découvrir les circuits moins connus pour parcourir la ville et désengorger les lieux historiques fragilisés, rapporte Il Gazzettino.

Un système de tickets payants. Va-t-on devoir payer pour marcher sur la place St Marc ? A terme, oui, avec un système de tickets payants pour accéder aux sites à risques. L’adjoint au tourisme du conseil municipal ne précise pas le montant de ce ticket mais tient à rassurer dans les pages du journal local : "Cette éventualité existe, mais pas pour tout de suite", affirme-t-il.

Une ville devenue musée. L’idée pourrait plaire aux Vénitiens, qui manifestent régulièrement leur ras-le-bol des touristes qui transforment leur cité en ville-musée. En novembre 2016, les habitants avaient dénoncé l’explosion des prix liés au tourisme. Car faute de trouver un logement abordable, beaucoup de Vénitiens finissent par quitter la ville qui perd 1.000 habitants chaque année. Résultat : la population locale a diminué de moitié en quarante ans.

Pourtant, le ministre de la Culture italien Dario Franceschini ne soutient pas vraiment le dispositif dévoilé par le conseil municipal de Venise. "Je suis contre l’idée d’un ticket payant. Les villes doivent rester ouvertes et gratuites", a-t-il confié samedi aux journalistes italiens, tout en reconnaissant la nécessité d'une régulation : "Les lieux artistiques qui souffrent déjà de surpeuplement et qui sont fragiles, comme la place St Marc, doivent être protégés".

La ville est sous pression de l'Unesco. Venise n’a pas vraiment le choix. L’année dernière, l’Unesco avait lancé un ultimatum à la cité des Doges. Le comité des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture réclame des mesures concrètes pour protéger la ville du tourisme, et ce dès 2017. Si Venise n’agit pas, la ville pourrait se retrouver sur la liste noire du patrimoine mondial en danger, aux côtés des sites antiques syriens menacés par la guerre.

D’autres villes touristiques s’organisent pour réguler le tourisme. Depuis 2015, deux jours par semaine, Barcelone interdit l’entrée de son fameux marché La Boqueria aux groupes de plus de 15 touristes. En Chine, la ville de Lijiang, au sud-ouest du pays, a franchi le pas du ticket payant : il faut compter un peu plus de huit euros pour visiter le centre historique.