Vacances d’été en famille : comment faire cohabiter plusieurs générations ?

Le mélange des générations en famille lors des vacances d'été est parfois l'occasion de découvrir d'autres opinions, d'autres façons de vivre.
Le mélange des générations en famille lors des vacances d'été est parfois l'occasion de découvrir d'autres opinions, d'autres façons de vivre. © Couleur / Pixabay / Europe 1
  • Copié
, modifié à
Enfants, ados, parents, grands-parents… L’été, il arrive parfois que trois ou quatre générations se retrouvent dans la même maison de vacances et/ou de famille. Nos conseils pour accorder tous les violons.

Près d’un vacancier français sur trois passe ses congés d’été chez un membre de la famille. Parfois, c’est aussi toute la famille qui loue, ensemble, une maison ou un appartement de vacances. L’été, donc, ce sont parfois trois ou quatre générations qui peuvent vivre sous le même toit. Mais comment s’assurer de vivre une cohabitation apaisée lorsqu’enfants, adolescents, adultes et grands-parents se retrouvent, soudainement, ensemble toute la journée, parfois pendant plusieurs semaines ?

Penser positif, se focaliser sur les bons moments

La première chose à se dire, c’est peut être que vous allez probablement passer des moments inoubliables. Plutôt que de vous arrêter sur le fait que vos parents vous réveillent en faisant la vaisselle à l’aube ou que vos enfants passent au contraire la matinée à dormir, pourquoi ne pas se focaliser sur les bons moments et les raisons qui vous ont poussé à vouloir être tous ensemble ? "Les vacances en famille, cela démarre pas une pulsion d’envie. On a envie de se retrouver, de ce cocon rassurant, qui nous relie à l’histoire familiale ", souligne sur Europe 1 Nicole Prieur, thérapeute familiale, invitée de l'émission La Vie devant soi. Et de poursuivre : "Pendant des années, les enfants vont se rappeler de ces vacances avec les cousins. Vous, vous oublierez vite les chamailleries mais vous vous souviendrez des moments clés, les bons moments où tout le monde a ri, autour d’un bon repas. Cela fait partie de l’histoire familiale".

Ne pas faire de la maison familiale un huis clos

Ce n’est pas parce que vous allez vivre sous le même toit que vous devez être toujours ensemble. Le maître mot lorsque plusieurs générations cohabitent est peut-être "souplesse". Ainsi, s’il est important de se garder des moments de vie ensemble, n’hésitez pas à vous en réserver aussi. "Le lieu familial est le lieu où l’on dort, où l’on prend ses repas, mais il ne faut pas qu’il devienne un huis clos. Il faut aller se faire des copains pour les jeunes, aller diner dehors ou chez des amis, chacun doit pouvoir vivre un petit peu sa vie. La famille entière ne se retrouve donc qu’autour de moments forts comme les repas ou les veillées. Cela permet d’éviter l’enfermement et donc logiquement le fait de ne plus pouvoir supporter les autres", développe Edith Tartar Goddet, psychosociologue et auteure de Comment réussir ses vacances ?,dans Atlantico.

L’essentiel est de respecter les envies et le rythme de chacun. Si vos parents ont l’habitude de se promener à l’aube et veulent déjeuner à midi pile, vous n’arriverez peut-être pas à les faire changer d’avis pendant toutes les vacances. Pourquoi ne pas vous plier à leurs envies un jour ou deux et évoluer à votre rythme les autres jours, quitte à ne pas manger toujours ensemble par exemple ?

Proposer une organisation "à tour de rôle"

Pour les moments passés en commun, il n’est pas non plus toujours facile d'être tous sur la même longueur d’onde. Comment contenter votre cousine vegan, vos grands-parents "viandards" et votre beau-frère au régime ? "Souvent, ce qui créé des conflits, c’est qu’il y a une personne qui pense être la seule à savoir ce qui est bon pour la famille. C’est aussi une cohabitation des egos", prévient la thérapeute Nicole Prieur, auteure de La Famille, l'argent, l'amour : Les enjeux psychologiques des questions matérielles. Selon elle, il peut alors être utile de se répartir le rôle "de maitre(sse) de maison".

Entendu sur europe1 :
Arriver à concilier des projets différents, c’est tout un art

"Chacun organise les repas à tour de rôle, par exemple. On formule des propositions au groupe, on s’occupe des courses, en fonction de l’avis de chacun. On est dans la concession, on est dans la réalisation des différences. Arriver à concilier des projets différents, c’est tout un art", reconnaît-elle.

Changer ses habitudes pour les tâches ménagères

Pas facile, également, de trouver sa place pour les tâches ménagères. Mais les vacances peuvent être l’occasion de faire participer toute la famille, surtout si tout le monde n’est pas habitué à mettre la main à la patte le reste de l’année. Dans ce cadre, "chaque génération essaie de faire ce qui lui plait tout en soulageant une autre génération de ce qui lui pèse dans la vie normale. Les parents font les petites choses dans la maison que les grands-parents ne peuvent plus faire (un peu de bricolage le plus souvent) et ces derniers s'occupent des enfants. Enfants auxquels peuvent être confiées certaines tâches en fonction de leur âge (jardinage, animaux, bricolage, repas)", suggère Edith Tartar Goddet. Et de poursuivre : "Une fois encore, ce système d'entraide et de vie en communauté est extrêmement formateur et enrichissant pour les enfants et les adolescents qui y apprennent les bases de la diversité des modes de vie, des opinions ainsi que la responsabilisation de chacun et son dû envers la communauté".

L’avis des enfants et des adolescents doit compter

L’une des principales sources de conflits en vacances est la non-prise en compte du point de vue des enfants. Le piège est, en effet, de vouloir tout planifier sans leur demander leur avis ou sans leur laisser de liberté. Or, l’enfant ou l’adolescent, qui sort d’une année scolaire bien remplie, a lui aussi besoin de "lâcher prise". S’il doit participer aux tâches ménagères et s’il est important de passer des moments tous ensemble, les "grandes décisions" des vacances se prennent aussi avec lui.

S’ils veulent sortir avec des amis par exemple, "laissez-les argumenter (ça vaut le coup!) et accordez-leur votre confiance. Sachez juste où ils se trouvent et avec qui. Ils y gagneront en autonomie et en responsabilité", propose dans le Huffington Post Natacha Hennon, animatrice et créatrice du blog Toutsurmonado. Qui ajoute aussitôt : "Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les enfants et les ados aiment passer du temps avec leurs parents, même à la plage. Alors on n'hésite pas à partager une activité choisie par ses enfants et ses ados. Vous verrez ! Vous risquerez d'être agréablement surpris ! En faisant preuve de confiance en leur choix, vous les valorisez et les encouragez à plus d'initiatives". "Dès l'âge de cinq ans, un enfant exprime des désirs précis qui, si bien sûr ne correspondent pas au choix d'une destination ou autre, doivent être pris en compte afin que tout le monde passe de bonnes vacances", renchérit Edith Tartar Goddet.

L’hypnose pour se préparer aux conflits

Malgré tous ces conseils, il n’y a pas de recettes miracles pour éviter les conflits. Pour savoir contenir son agressivité dans ce genre de moment, la thérapeute Nicole Prieur conseille de se trouver, chaque jour, un moment pour s’essayer à de petits exercices inspirés de l’hypno-thérapie. "Cela permet de se situer ailleurs, autrement que dans nos perspectives habituelles. Cela nous aide à renouer un lien avec notre imagination la plus profonde, à inventer une nouvelle façon d’être", assure-t-elle. Avant de donner deux exemples :

L’exercice de l’arbre : "On se met dans un fauteuil, on le laisse nous soutenir, on se relâche, on ferme la porte au monde extérieur. On s’imagine la force de l’arbre, les racines, le tronc. Puis la sève qui monte des racines et vient renforcer le tronc, les branches, les feuilles, et on finit par se sentir être un arbre.  Au moment d’un conflit, cela nous aider à nous dire : ‘je suis un arbre, je n’aime pas ce plat mais je prendrai une bouchée pour te faire plaisir’!"

L’exercice de la bulle : "Là encore, on se met sur un fauteuil et on le laisse nous soutenir, on essaie de percevoir cette sensation de soutien. Puis on imagine que l’on se laisse porter par des ballons multicolores, qui nous aident à prendre de l’altitude, plus haut que les arbres, puis près des nuages, et là on imagine être dans une très jolie bulle dans laquelle rien ne peut nous atteindre, on est en grande sécurité. On flotte, on se sent bien, et l’on peut rire plus facilement de ce qui vient de nous arriver".