Une salle d'auto-école réservée aux femmes à Villefranche-sur-Saône

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L’ouverture lundi 22 août d’une auto-école réservée aux femmes à Villefranche-sur-Saône fait polémique sur les réseaux sociaux. 

"Nouvelle Auto-école à Villefranche sur Saône". A priori, le dépliant qui circule sur les réseaux sociaux annonçant l’ouverture d’une auto-école à Villefranche-sur-Saône est assez classique. Mais, c’est le message qui accompagne le dépliant qui suscite la polémique sur les réseaux sociaux. Il spécifie qu’une salle de code sera réservée aux femmes. De quoi faire bondir l’édile de la ville.

"Comme promis une salle de code réservé aux femmes ". C’est sur Facebook que le message a été partagé. Dans le groupe des "Musulmans de Villefranche-sur-Saône", il est ainsi écrit au-dessus du dépliant : "Pour les sœurs qui m’avaient demandé de les tenir au courant, l’ouverture de l’auto-école sera le 22 inchallah. Avec bien sûr comme promis une salle de code réservé aux femmes el hamdoulah !"

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Plus loin, la gérante de l’auto-école précise également que "les leçons de conduite seront effectuées par moi pour les femmes et par un moniteur homme pour les hommes inchallah".

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"Il y a une forte émotion à Villefranche". Très rapidement, les réseaux sociaux ainsi que certains élus FN se sont enflammés, dénonçant une auto-école communautariste. Le député-maire LR de Villefranche, Bernard Perrut a lui été assailli de tweets : "Comme l’auto-école s’appelle 'auto-école de la mairie', il y a eu une assimilation et j’ai eu des centaines de tweets qui m’ont attaqué", raconte-t-il à Europe 1.

L’élu s'est vu obligé de réagir dans un communiqué pour condamner l’ouverture prochaine de l’établissement : "J'affirme mon attachement et celui des élus de Villefranche aux valeurs de la République, à l'égalité homme-femme, et notre opposition à toutes les formes de communautarisme". A Europe 1, il explique avoir "sollicité le sous-préfet de Villefranche pour que le principe de laïcité, les principes républicains soient respectés dans un lieu qui est agréé par l’Etat". "Il y a une forte émotion à Villefranche, les habitants ressentent ça comme une provocation", ajoute-t-il.

La défense de la gérante. Pour l’heure, tant que l’auto-école n’est pas ouverte, il ne peut y avoir de vérification par les services de l’Etat. Mais sa gérante, elle, se défend. Au Figaro, elle s’étonne de ce "déchaînement de haine" et rejette les accusations de communautarisme. Selon elle, ce sont les jeunes filles, "de tous horizons et de toutes origines qui ne voulaient pas être mélangées aux garçons, souvent un peu chahuteurs à cet âge". "Je me retrouve au cœur d’un faux procès. Je ne comprends pas", a-t-elle encore déclaré à BFMTV

Est-ce que c'est légal ? Pour Stéphane Papi, juriste et chercheur associé au CNRS, l'arrêté du 8 janvier 2001 qui réglemente les auto-écoles est très clair : "Pour qu’un agrément préfectoral soit délivré, il faut simplement que l’établissement ait deux salles, une salle d’accueil et une salle d’enseignement. Pour que l’agrément soit suspendu, il faut qu’il y ait une condamnation pour non-respect du code de la route ou pour non-respect du programme de formation". En conséquence, le juriste voit mal "comment on pourrait interdire l'exploitation d'une auto-école sur cette base. En droit, le délit de communautarisme n'existe pas". Il rappelle également que le principe de laïcité ne s'applique pas à une entreprise privée.