Une femme cadre travaille pendant son congé maternité, l'entreprise condamnée

Une porte-parole de Bureau Veritas a indiqué que le groupe n'avait pas l'intention de se pourvoir en cassation.
Une porte-parole de Bureau Veritas a indiqué que le groupe n'avait pas l'intention de se pourvoir en cassation. © ERIC PIERMONT / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le groupe Bureau Veritas a été condamné à verser 148.000 euros à une femme cadre pour l'avoir, entre autre, fait travailler pendant son congé maternité. 

Une grande entreprise a été condamnée pour avoir fait travailler une cadre dirigeante pendant son congé maternité, tout en la privant d'augmentation salariale et en préparant dans le même temps son licenciement. Le groupe d'inspection et de certification Bureau Veritas doit verser près de 148.000 euros à cette femme ancien chef de cabinet du directeur général, dont 100.000 en dédommagement de son licenciement, selon un arrêt récent de la cour d'appel de Versailles.

"L'obligation de sécurité" pas respectée. Pour les juges, "il importe peu que la salariée, animée par son sens des responsabilités (...), mue peut-être par sa propre ambition (...), a volontairement" travaillé pendant ses deux congés maternité, car "il appartient à l'employeur de protéger la salariée contre elle-même". L'entreprise, qui a été jusqu'à "proposer de prendre en charge les frais de l'assistante maternelle de nuit pour permettre à la salariée d'être plus disponible", comme le rappelle la cour, n'a pas respecté "l'obligation de sécurité" qui lui incombe.

Victime de discrimination salariale. Me Emmanuelle Boussard-Verrecchia, l'avocate de la requérante, s'est félicitée que "la protection du Code du travail s'applique quel que soit le niveau de responsabilité". La condamnation de Bureau Veritas est d'autant plus "grave" que la société "honore des commandes publiques", ce qui lui impose d'être exemplaire, selon elle. La cour a également conclu que l'ancienne salariée, soutenue par le défenseur des droits, avait été victime de discrimination salariale "en raison de sa maternité et de sa situation familiale".

Le licenciement considéré "comme nul". En avril 2012, lors de son second congé maternité, elle "aurait dû être augmentée (...) dans les mêmes proportions que les années précédentes s'agissant de sa rémunération fixe", précise l'arrêt. Concernant le licenciement pour insuffisance professionnelle survenu en 2013, moins de quatre ans après l'embauche, la justice a écarté toute discrimination liée au sexe et à la maternité. En revanche, elle a considéré le licenciement comme "nul", Bureau Veritas ayant selon elle lancé une procédure de recrutement pour remplacer la salariée alors que celle-ci était encore en congé maternité, ce que la loi interdit.

Le groupe veut "clore une affaire ancienne". "Il doit être considéré que l'employeur a procédé à des actes de préparation d'un licenciement pendant la période de protection", conclut la cour. Une porte-parole de Bureau Veritas a indiqué mercredi soir que le groupe n'avait pas l'intention de se pourvoir en cassation, invoquant la volonté de "clore une affaire ancienne". Bureau Veritas a souligné que la cour d'appel avait rejeté la plupart des allégations de la plaignante, selon cette porte-parole.

Le groupe veut faire passer la part des femmes dans ses effectifs mondiaux à 30% d'ici 2020, contre 25% actuellement. Ses effectifs doivent passer de 70.000 à 100.000 personnes au cours de cette même période, a-t-elle également précisé.